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Dans quelle mesure la culpabilité/responsabilité du meurtre de Santiago Nasar est-elle partagée par l’ensemble des personnages du récit ?

Analyse sectorielle : Dans quelle mesure la culpabilité/responsabilité du meurtre de Santiago Nasar est-elle partagée par l’ensemble des personnages du récit ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Novembre 2023  •  Analyse sectorielle  •  1 676 Mots (7 Pages)  •  77 Vues

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Code du candidat : hmw306

Dans quelle mesure la culpabilité/responsabilité du meurtre de Santiago Nasar est-elle partagée par l’ensemble des personnages du récit ?

Nombre de mots : 1485

Code du candidat : hmw306

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Chronique d’une mort annoncée1 est l’œuvre de Gabriel García Márquez, un écrivain colombien né en 1927 et décédé en 2014. Connu pour ses nouvelles et ses romans, ce dernier obtient le Prix Nobel de littérature en 1982. Cet ouvrage du genre narratif romanesque a été publiée en 1981 et raconte l’assassinat de Santiago Nasar. Les meurtriers de celui-ci ont mis la plupart du village au courant, d’où la notion de vengeance annoncée et culpabilité partagée. Le narrateur, premièrement omniprésent, puis observateur, s’attelle à la reconstitution des faits depuis la fameuse nuit de noce d’Angela Vicario, qui alors que son mari découvre qu’elle n’est plus vierge, accuse Santiago Nasar. S’ensuit donc la mise en place du plan macabre des frères Vicario afin de laver l’honneur familiale. Cette composition répondra à la question « Dans quelle mesure la culpabilité/responsabilité du meurtre de Santiago Nasar est-elle partagée par l’ensemble des personnages du récit ? »

La thématique de l’honneur familial, primordial au 20ème siècle est abordée au travers des thèmes du crime, des racines, et de l’honneur. Or, cet honneur se voit sali lorsqu’Angela admet avoir perdu sa virginité avant le mariage. Nous analyserons les meurtriers, la violence du meurtre et les conséquences de leur culpabilité, puis envisagerons la question de la culpabilité de Santiago Nasar et Angela Vicario. Finalement nous traiterons la notion de responsabilité des citoyens dans l’assassinat.

Dans Chronique d’une mort annoncée, les frères Vicario ont réalisé un meurtre d’une violence extrême, cependant, malgré leur détermination, la culpabilité les poursuit. Nous analyserons donc cet aspect de violence, puis la manière dont ils tentent de prévenir le village de cet acte, et les répercussions mentales et physique qu’à la culpabilité sur eux.

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1 Márquez Gabriel García, and Claude Couffon. Chronique D'une Mort annoncée. Grasset, 2014.

L’utilisation de descriptions de l’état de Santiago Nasar transmet une atmosphère morbide et sanglante au lecteur, avec une violence reflétée par son état:

« La masse entière des intestins affleura avec un bruit d’explosion »2. Cette hyperbole compare la tombée des intestins à une explosion, renforçant l’atrocité en dénonçant le côté primal du crime, accentuant la culpabilité des assassins pour le lecteur.

L’intention de commettre le meurtre afin de laver l’honneur familial des deux jumeaux est très claire dès le départ. En effet, à chaque étape de préparation du meurtre, les frères le font face à un public, tel que cherchant à être arrêtés. Ils annoncent publiquement leur projet, avec le nom de Santiago Nasar ainsi que la date. La citation : « Nous allons tuer Santiago Nasar »3 prouve l’intention des meurtriers de mettre le village entier au courant.

Le parallélisme : « Nous l’avons tué sciemment, dit Pedro Vicario. Mais nous sommes innocents. »4 montre la culpabilité de Pedro et Pablo Vicario. L’emploi du terme « sciemment » prouve une action délibérément commise, où les frères jugent leur meurtre non-punissable, ayant sauvé l’honneur familial. Néanmoins, ils assument et subissent leur responsabilité dans : « Ce jour-là, tout finit par prendre l’odeur de Santiago Nasar. »5 Cette métaphore hyperbolique représente la manière dont la culpabilité hante Pedro et Pablo Vicario. Ce sentiment d’être en tort affecte leurs fonctions vitales. Pablo : « se mit à se tordre sous l’effet d’une diarrhée pestilentielle », alors que son frère Pedro : « Sa douleur à l’aine lui montait jusqu’au cou, il n’urinait plus et éprouvait l’horrible certitude qu’il ne dormirait plus de toute sa vie. »6 Les frères somatisent, leurs propres souffrances attaquant les mêmes organes qu’ils ont transpercés chez leur victime, tel qu’atteints par le destin.

Dans le roman Chronique d’une mort annoncée, Santiago Nasar tient une part de responsabilité dans l’accusation qu’avance Angela. Ce personnage n’incarne point l’innocence, montrant à maintes reprises un comportement déplacé envers la cuisinière Divina Flor, et visitant régulièrement les prostituées. L’auteur laisse planer

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2 Márquez Gabriel García, and Claude Couffon. – 115

3 Márquez Gabriel García, and Claude Couffon. – 54

4 Márquez Gabriel García, and Claude Couffon. – 51

5 Márquez Gabriel García, and Claude Couffon. – 78

6 Márquez Gabriel García, and Claude Couffon. – 80

le doute quant à la nature de Santiago Nasar, métaphoriquement qualifié : « d’épervier du jupon »7. Cette animalisation du danger sexuel soutenue par la métaphore : « Elle n’avait pu éviter une fois de plus les serres carnassières de cet épervier ».8, renforce l’image primitive et prédatrice de cet homme. Deux interprétations en sont possibles, dont un hyperbolisme ou une euphémisation du comportement de Santiago, qui ont toutes deux l’effet d’atténuer l’empathie du lecteur sur le sort réservé à ce dernier. Les

« serres » consolident la notion d’emprise qu’exerce Santiago Nasar sur Divina Flor. De plus, sa détention d’armes au sein de son domicile ajoute un aspect de dangerosité à ce personnage : « Dans son armoire il rangeait une Mannlicher Schoenauer en. 30- 06, un. 300 Holland Magnum, une. 22 Hornet à lunette à grossissement variable et une Winchester à répétition. »9 Cet extrait suggère une nature agressive par la détention d’une telle quantité d’armes.

Cependant, Angela Vicario joue elle aussi un rôle majeur dans cet assassinat. Face au juge, elle déclare : « Celui qui l’a fait. »10 lorsqu’il lui est demandé qui est Santiago Nasar. Cette phrase courte donne un rythme cinglant et montre sa certitude quant à l’auteur des actes, malgré l’aspect évasif de l’accusation. Cette manière arbitraire de désigner un coupable montre la volonté d’Angela de se dédouaner et se faire oublier. Effectivement, son image s’est vue salie dans le village, ayant perdu sa virginité non à son mari mais un homme sans liaison sérieuse. Angela Vicario a donc une grande part de culpabilité, ayant désigné un coupable possiblement innocent afin de protéger sa propre personne. Le prénom de la mère d’Angela, Purísima Vicario, symbole de virginité accentue l’ironie puisque sa fille l’a perdue hors-mariage. De cette manière, une critique de l’institution religieuse est faite par l’importance hyperbolique donnée aux règles ecclésiastiques, le côté sacré de la virginité remis en question par le crime assumé.

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