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Molière, Le Malade imaginaire, 1673, extrait de l’acte I, scène 5

Commentaire de texte : Molière, Le Malade imaginaire, 1673, extrait de l’acte I, scène 5. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Mars 2024  •  Commentaire de texte  •  1 665 Mots (7 Pages)  •  32 Vues

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INTRODUCTION

Molière, auteur classique, a exploité les diverses ressources du comique — verbal, gestuel, de situation — et pratiqué tous les genres de comédie, de la farce la plus grossière à la psychologie la plus élaborée : il entendait corriger les mœurs par le rire et prônait la juste mesure. Le Malade Imaginaire, comédie-ballet créée en 1673, met en scène Argan, un noble hypocondriaque et tyrannique qu’exploitent des médecins charlatans, qui veut forcer sa fille Angélique à se marier avec un jeune médecin pour son intérêt personnel.

La scène 5 de l’acte I se construit autour d’un quiproquo et déclenche toute l’intrigue de la pièce. En effet, Argan annonce le projet de mariage à sa fille Angélique : il souhaite la marier au jeune médecin Thomas Diafoirus alors qu’elle croyait que c’est Cléante, l’homme qu’elle aime véritablement, qui lui était destiné. Dans l’extrait étudié, Toinette la servante s’oppose au dessein absurde de son maître dans un dialogue au rythme effréné qui marque la confrontation comique entre les personnages.

PRESENTATION DE LA STRUCTURE DU TEXTE, DES MOUVEMENTS

Le texte se divise en trois mouvements. D’abord nous étudierons le premier mouvement qui va de « Une petite larme ou deux » à « vous êtes bon naturellement » et qui s’intitule « ». Ensuite, de « Je ne suis point bon » à « le redresser » constitue le deuxième mouvement qui s’intitule « ». Enfin, le dernier mouvement de « Ah ! insolente » à « Voilà pour me faire mourir ».

PROBLEMATIQUE

🡪 Comment ce conflit farcesque entre les personnages est-il révélateur de la folie du personnage ?

TOINETTE - Une petite larme ou deux, des bras jetés tendrement au cou, un « mon petit papa mignon », prononcé tendrement  sera assez pour vous toucher.

ARGAN –  Tout cela ne fera rien.

TOINETTE –  Oui, oui.

ARGAN –  Je vous dis que je n'en démordrai point.

TOINETTE –  Bagatelles[1].

ARGAN –  Il ne faut point dire « bagatelles ».

TOINETTE –  Mon Dieu ! Je vous connais, vous êtes bon naturellement.

Argan face à Toinette : les prémisses d’un affrontement comique

 Argan et Toinette s’affrontent au sujet du projet de mariage imposé à Angélique. L’alternance de phrases négatives d’Argan et de phrases déclaratives de Toinette marque le début d’un affrontement. L’échange vif également souligné par les stychomities. Le projet de mariage est certes controversé, mais Argan affirme son statut de maître. En effet, les phrases négatives montrent qu’Argan veut maintenir absolument son statut de maître sur Toinette.

 Toinette va montrer son désaccord progressivement, mais d’abord de manière calme et comique : elle exprime le mépris envers son maître en le tournant en ridicule. Elle commence par le persuader de renoncer à sa décision en convoquant sa fibre paternelle avec un vocabulaire enfantin comme en témoigne les adjectifs qualificatifs épithètes dans le groupe nominal « mon petit papa mignon ».

La répétition de « tendresse » ou l’adverbe « tendrement » ou « petite » « petit » qui insiste sur son rôle de père protecteur et efface l’image autoritaire d’Argan, il y a une destitution qui se dessine progressivement.

 La sagesse de Toinette met en valeur l’alinéation / la folie d’Argan car il n’a aucun argument valable. Il reprend seulement les phrases de Toinette pour les nier : « démordrai point. Bagatelles. Il ne faut point dire bagatte ». Il y a un comique de répétition et de caractère : Le personnage veut juste affirmer son statut de maître de manière excessive ce qui révèle sa folie.

 Toinette est plus sensée que son maître : elle est révoltée par ce dessein absurde et essaye de raisonner son maître à travers un vocabulaire mélioratif et de véritables arguments « bon ».

Synthèse : Le projet de mariage controversé donne lieu à un début d’affrontement comique entre les deux personnages. Le dialogue ne progresse pas puisqu’Argan n’a pas d’arguments valables. Toinette va rapidement le destituer de son rôle.

ARGAN, avec emportement –  Je ne suis point bon et je suis méchant quand je veux.

TOINETTE –  Doucement, Monsieur vous ne songez pas que vous êtes malade.

ARGAN –  Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.

TOINETTE –  Et moi, je lui défends absolument d'en faire rien.

ARGAN –  Où est-ce donc que nous sommes ? Et quelle audace est-ce là à une coquine de servante de parler de la sorte devant son maître ?

TOINETTE –  Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.

Une scène d’affrontement comique

 Dans ce mouvement, les deux personnages s’affrontent de manière comique : Toinette s’érige contre son maître pour faire faillir ce projet de mariage absurde.

 La sagesse de Toinette marque la folie d’Argan. C’est un personnage colérique, excessif et fou qui n’a qu’un seul dessein : servir ses propres intérêts. Ainsi, Toinette arrive à mettre facilement Argan en colère comme le montre la didascalie « avec emportement ». Le comique de caractère montre son excessivité que Toinette essaye de corriger. 

Ses arguments sont révélatrices de sa folie, de sa naîveté qui va jusqu’à la bêtise comme nous pouvons le voir à travers le parallélisme : « Je ne suis point bon et je suis méchant quand je veux. ». L’idée exprimée dans la litote est répétée juste après. De plus, la répétition du « je » montre sa volonté d’assoeoir son pouvoir au détriment de la raison et tend à le rendre ridicule.

 Toinette s’affronte à son maître et tourne en ridicule ses défauts excessifs notamment sa maladie imaginaire comme l’indique l’antiphrase suivante : « vous ne songez pas que vous êtes malade. ». L’ironie participe à la comédie et permet de corriger les défauts par le rire.  

2) Toinette : la destitution de la figure paternelle  

 Argan veut affirmer encore une fois de manière excessive l’autorité dans sa demeure face à Toinette et Angélique. La répétition de sa thèse avec le pronom « je » et les verbes de parole injonctifs en témoignent.

 Toinette s’oppose radicalement à Argan, réfute sa thèse de manière explicite. Apparaît alors la première phrase négative explicite : « Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien ». Ainsi, Toinette affronte son maître et commence à incarner un rôle qui n’est pas le sien. La hierarchie, le rapport de force semble s’inverser. L’antithèse « Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser. » marque la supériorité par sa sagesse. Toinette outrepasse ses droits ce qui crée du comique de situation, mais cette opposition maître/valet marquée par l’antithèse montre l’absurdité du comportement d’Argan.  

Synthèse : Toinette devient le maître de la situation, domine tandis qu’Argan s’infériorise par son comportement et ses remarques grotesques et ridicules ce qui prépare le renversement de situation.

ARGAN court après Toinette. –  Ah ! Insolente, il faut que je t'assomme.

TOINETTE se sauve de lui  Il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.

ARGAN, en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main. – Viens, viens, que je t'apprenne à parler.

TOINETTE, courant, et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas. –  Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.

ARGAN –  Chienne !

TOINETTE – Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.

ARGAN –  Pendarde ![2]

TOINETTE – Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus.

ARGAN –  Carogne ![3]

TOINETTE –  Et elle m’obéira plutôt qu’à vous.

ARGAN –  Angélique, tu ne veux pas m'arrêter cette coquine-là ?

ANGELIQUE –  Eh ! Mon père, ne vous faites point malade.

ARGAN –  Si tu ne me l'arrêtes, je te donnerai ma malédiction.

TOINETTE –  Et moi, je la déshériterai si elle vous obéit.

ARGAN se jette dans sa chaise, étant las de courir après elle. –  Ah !  je n'en puis plus. Voilà pour me faire mourir.

Toinette de suivante à maîtresse raisonnable : un retournement de situation farcesque.

 Le comique de geste montre l’alinéation d’Argan qui a été détronisé, destitué de son rôle de maître. En effet, les didascalies montre que le personnage veut la frapper à l’aide d’un bâton. Cette bastonnade relève d’un spectacle divertissant, du genre de la farce mais vise également à prévenir des comportements excessifs humains.

 Toinette incarne à présent la figure de maître et parle en personne censée. Elle use du vocabulaire du devoir : « devoir », « déshonnrer », « je dois ».

 Argan est tributaire de la sagesse de Toinette et n’arrive plus à s’y affronter. Par conséquent, il use de la violence verbale qui se double d’une violence physique. Ainsi ; à bout d’arguments, il va utiliser un vocabulaire grossier, notamment des insultes qui participe au comique de mot et de répétition : « chienne », « pendarde », « carogne ». (gradation ascendante qui montre l’excès de colère). Cela relève de la farce : cette situation est triviale.

La défaite d’Argan

Toinette use de l’ironie pour une dernière fois qui montre la défaite d’Argan : « et moi je la déshériterai ». Le verbe « désheriter » qui relève du lexique de la famille que seul Argan pourrait employer montre qu’elle s’oppose avec humour aux projets paternels d’Argan. De plus, à la fin le portrait physique montre clairement sa soumission, son abidcation comme le souligne la didascalie et l’hyperbole. Argan est vaincu à la fin de cet extrait.  

Synthèse

Dans ce dernier mouvement, l’inversion des rôles entre les personnages pousse le comique à l’extrême à travers des réactions excessives. Cet inversion des rôles farcesques à pour but de montrer la supériorité de Toinette sur son maître, le fou Argan par sa sagesse.

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