Manon Lescaut - dissertation : l'œuvre est-elle morale ?

Correction dissertation sur Manon Lescaut de l'Abbé Prévost

Sujet :

Dans l'Avis de l'auteur des Mémoires d'un homme de qualité, il est affirmé que « L'ouvrage entier est un traité de morale, réduit agréablement en exercice. » Êtes-vous d'accord avec cette assertion ?

Rappel méthode :

En introduction, il faut rappeler la citation et la contextualiser : rappeler que ML est le 7e tome des Mémoires d'un homme de qualité, que son auteur est prétendument Renoncour. On pouvait aussi préciser que les préfaces de roman au XVIIIe siècle étaient un passage obligé pour justifier la lecture de ce genre décrié. On pouvait également rappeler que plaire et instruire sont le but du mouvement du siècle précédent : le classicisme.

Ensuite, il fallait reformuler la problématique. Exemple : peut-on affirmer que ML est un ouvrage principalement moral, dont la forme plaisante ne servirait qu'à instruire ?

Proposition de plan :

I. Une œuvre prétendument morale

A. C'est que l'auteur prétend dans sa préface. De fait, version modifiée vers la fin de sa vie, lorsqu'il s'assagit. Exemple : de l'ajout du prince italien qui présente Manon comme un personnage aimant vraiment DG.

B. La voix de la moralité se fait entendre par la présence récurrente de personnages moraux, comme Tiberge et le père de DG, qui sont des figures honorables. Exemples possibles : toutes les fois où Tiberge fait preuve de loyauté, de générosité, de pardon + discussions morales Tiberge / DG. Cette présence positive permet de proposer un contrepoint à la vie de DG : Tiberge est ce que DG aurait été s'il n'avait rencontré Manon.

C. Les amants sont régulièrement punis : le malheur suit toujours le bonheur + fin tragique de Manon comme ultime punition de sa vie de débauchée. Aucun espoir pour DG à la fin – vs Julie dans La Nouvelle Héloïse de Rousseau qui meurt en espérant pouvoir retrouver l'homme qu'elle aime au paradis, après avoir mené une vie vertueuse. Une telle consolation est interdite à des amants ayant vécu dans le péché. Ce sont donc des exemples à ne pas suivre – comme indiqué dans la préface.

→ L'auteur prétend son œuvre morale et effectivement un vernis de moralité est décelable. Cependant, cela semble n'être bien qu'un vernis : superficiel.

II. Une œuvre à la moralité douteuse

A. L'auteur prétend que ML est une œuvre morale mais c'était un passage obligé dans les préfaces du roman du XVIIIe siècle – cf Préfaces des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Cela n'est pas sincère. La preuve : l'auteur produit les mêmes erreurs que DG juste après avoir écrit son livre : liaison avec l'aventurière Lenjki. Il met d'ailleurs également l'accent sur le plaisir de lire...

B. Les lecteurs ne s'y sont pas trompés. Roman condamné. Citation de Montesquieu qui juge les personnages « fripon » et « catin ». Ce qui excuse le livre, c'est la peinture vraie des passions (nous y reviendrons) qui semble servir d'excuse à une amoralité évidente : Manon est une courtisane qui trompe DG, DG triche et commet un meurtre, les deux sont des voleurs et menteurs...

...