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Léopold Sédar Senghor, Lettres d’hivernage, « Tu parles » (1972)

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Par   •  2 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  1 568 Mots (7 Pages)  •  2 951 Vues

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Commentaire de texte

Léopold Sédar Senghor, Lettres d’hivernage, « Tu parles » (1972)

        Dans les années 1930, un groupe d’artistes Afro-américains réaffirment leurs valeurs et leur fierté. Ils prônent l’égalité par rapport au blanc, tant du point de vue juridique mais aussi intellectuel. À travers leurs œuvres, ces artistes vont détruire les préjugés qu’ils subissent, et mettre au premier plan l’histoire Africaine. C’est dans ce contexte là que le mouvement littéraire de la négritude émerge. Ses principaux créateurs sont des écrivains africains et antillais francophones, dont le chef de file est Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal en 1960. En 1972, Léopold Sédar Senghor publie un recueil de poèmes intitulé Lettres d’hivernage, qu’il dédie à sa femme Colette.

        L’extrait étudié est un poème nommé « Tu Parles », faisant partie de ce recueil. L’auteur y décrit sa femme à travers les années.

        On peut donc se demander en quoi Senghor propose-t-il une vision optimiste du temps qui passe, par le biais de l’exemple de sa femme ?

        Pour ce faire, nous étudierons dans un premier temps la description que fait l’auteur de sa femme Colette sous deux portraits différents, puis nous analyserons la morale que veut transmettre Léopold Sédar Senghor.

        Tout d’abord, l’auteur va faire une description de Colette, sa femme, qu’il nomme à deux reprises « Femme ambiguë » (v11) et « ma Dame » (v14). Il va également l’évoquer par le pronom personnel « tu » (v1). Le portrait de Colette est un portrait physique. On peut noter la forte présence du champ lexical de l’anatomie tout au long du poème « mains » (v2, v9 et v16), « cou » (v2 et v15), « cils » (v3), « yeux » (v3, v5, v8 et v9), « rides » (v7), « sourire » (v8), « bouche » (v8), « corps » (v9 et v15), « visage » (v13), « joues » (v14) et « peau » (v15). De plus, tous ces éléments du corps humain sont précédés par les adjectifs possessifs « ton » (v2, v8, v9 ; v13 ; v14 et v15), « ta » (v8 et v15) et « tes » (v2, v3, v5, v7, v8, v9 et v14). Ceci montre bien que c’est le corps de Colette que Léopold Sédar Senghor décrit.

        L’écrivain accompagne ces membres du corps de Colette par des adjectifs et des précisions. On peut noter deux parties distinctes dans ce poème. Premièrement, du vers 1 au vers 11. On remarque le champ lexical de la nature qui accompagne la description « pétales » (v2), « laurier » (v2), « gazon » (v4), « fleurs » (v8), « jardin » (v10). On souligne également la présence d’indices visuels tels que les couleurs « blanche » (v1), « rose » (v2), « or mat » (v3), « or vert » (v4) et « rose » (v7). Ces couleurs sont vives et typiques de ce que l’on peut trouver dans la nature. On note également une hyperbole du cou de Colette « ton cou le seul pli de la grâce » (v2). On en déduit donc que c’est une description positive que fait le poète de sa femme dans un premier temps, car du vers 12 au vers 22, la description est beaucoup plus sombre. En effet, tout comme les deux premières strophes, des couleurs sont présentes. Cependant, ce sont ici des couleurs fades « diaphanes » (v16), « blanches » (v19) et « transparentes » (v20). Également, les détails accompagnant la description physique de Colette sont cette fois-ci péjoratifs « plus creuses » (v14), « plus distant » (v14), « sous les fatigues » (v15), « minces » (v16). On comprend donc que c’est une description péjorative que fais ici l’écrivain sur le corps de sa femme. Léopold Sédar Senghor décrit Colette sous deux aspects : l’un mélioratif, l’autre péjoratif.

        Par analogie à ces éléments descriptifs, on peut mentionner les marqueurs temporels, qui eux aussi sont divisés par ces deux mêmes parties. Dans la première partie, correspondant à la description méliorative, la scène se déroule durant le lever de Soleil « Soleil sur la rosée » (v4), « matin » (v4), « aurore » (v5). De plus, on est en automne « Septembre » (v8), « Novembre » (v5). La démarcation avec la deuxième partie est ici bien visible « Mais au cœur de la saison froide » (v12). On est cette fois-ci en « hiver » (v15), et de « nuit » (v17, 19 et 21). On a donc un paysage contrasté entre le début du poème, où l’on est en automne et le matin, et la fin du poème, où l’on est hiver et la nuit. Les membres du corps de Colette sont associés à ces marqueurs temporels : « Tes yeux en Novembre » (v5), « Ton sourire de Septembre » (v8), « comme les champs l’hiver, ta peau ton cou ton corps » (v15). Certains éléments sont présents dans les deux parties telle que la mer « la mer d’aurore » (v5) et « la nuit marine » (v21). La mer est donc comparée à Colette puisqu’elle aussi est présente durant ces deux saisons. On peut donc en déduire que ces deux saisons représentent deux étapes distinctes de la vie de Colette. La première marque sa jeunesse, quand elle était belle et pleine d’énergie. La deuxième marque son déclin, lorsqu’elle vieillit, ce qui justifie « les courbes de son visage » (v13), ses « joues plus creuses » (v14) et son « corps sous les fatigues » (v15). Ce contraste est observable également au vers 7 avec l’oxymore « jeunes rides » (v7).

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