Le monstre dans l'oeuvre de Théophile Gautier
Commentaire de texte : Le monstre dans l'oeuvre de Théophile Gautier. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar omerta47 • 30 Octobre 2025 • Commentaire de texte • 2 049 Mots (9 Pages) • 16 Vues
Maxhuni Elvis Français Dissertation
Dissertation
« [le monstre] est fascinant et repoussant tout à la fois. »
Au cours du XIXème siècle, de nombreux styles littéraires se développent. Théophile Gautier est un romantique suivant les pas de Victor Hugo. Or, dès l’année 1833, il décide de s’éloigner du romantisme car il se méfie de leurs « rêveries sentimentales ». Dès lors, il s’intéresse au courant fantastique. Gautier est un poète hanté par la volupté et la mort. Il publie plusieurs œuvres entre 1831 et 1856 dont La Morte amoureuse, Le Chevalier double et Jettatura. C’est sur ces trois œuvres que nous nous appuierons afin de répondre au sujet posé.
Ainsi, Jean Burgos (spécialiste de poétique) affirme « [le monstre] est fascinant et repoussant tout à la fois. » par ces mots, ce professeur émérite des universités met en évidence que l’individu est anormal, suscite une attirance, une soumission irrésistible mais il est repoussant et dégoutant à la fois. Dès lors, il s’agit de montrer que la personne aux traits anormaux est attirante et repoussante tout à la fois.
Afin de répondre à cette question, nous nous pencherons sur l’identité du monstre, puis nous analyserons en quoi ce dernier émet un désir irrésistible et enfin nous déterminerons si le monstre est repoussant.
Pour commencer, nous déterminerons qui sont les monstres et pourquoi.
Nous pouvons premièrement constater que certains personnages sont anormaux du fait de leur double-face. En effet, dans La Morte amoureuse, Clarimonde est décrite par Romuald comme un ange et un démon en même temps. Lorsqu’il s’apprête à devenir prêtre, il aperçoit Clarimonde dans le fond et dit « La charmante créature se détachait sur ce fond d’ombre comme une révélation angélique » mais il admet être conscient de la présence du diable (p.127). Il dit également « Cette femme était un ange ou un démon, et peut-être tous les deux ». Cela montre l’image anormale et incohérente de Clarimonde qui est un ange révélé aux yeux de Romuald. Or, cette révélation est diabolique. En conséquence, Clarimonde reflète cette image à deux faces en étant un ange et un démon à la fois. De la même façon, l’étranger dans Le Chevalier double est décrit par Edwige comme un ange déchu. Lorsque ce dernier rend visite à Edwige avant la naissance de son fils Oluf, elle dit « L’étranger était beau comme un ange, mais comme un ange tombé ». Edwige a l’impression de voir un ange mais nous comprenons que le visiteur est un banni du paradis en raison de sa désobéissance envers Dieu, autrement dit un démon. De plus, ce visiteur est également le responsable de l’étoile verte et rouge que possède Oluf. Ces deux étoiles ont chacune un ascendant : l’une promet une vie très heureuse, l’autre une vie très malheureuse. Ainsi, le monstre qui visite Edwige reflète lui aussi, tout comme Clarimonde, cette double-face d’ange et de démon.
Outre cet aspect, nous retrouvons également chez le monstre une perversité, une méchanceté qui suscite la peur et l’effroi. Revenons sur Le Chevalier double qui reflète lui aussi cette face monstrueuse. Toujours au moment où Edwige reçoit le visiteur, elle le décrit physiquement en disant « ce regard et ce sourire vous glaçaient de terreur et vous inspiraient l’effroi qu’on éprouve en se penchant sur un abîme. » En le décrivant de la sorte, Edwige affirme être effrayée par le monstre. En le regardant, elle a l’impression de voir l’enfer à travers son regard, ce qui la terrorise. Il en est de même pour Paul d’Aspremont dans Jettatura qui est décrit comme un homme très désagréable et méchant lors d’un repas entre plusieurs napolitains. En effet, une des servantes dit ne jamais avoir vu de voyageur « plus sauvage, plus désagréable et plus dédaigneux ». Cela ramène Paul à quelqu’un de très méchant et arrogant, ce qui fait de lui un monstre.
C’est pourquoi nos trois monstres sont Paul d’Aspremont, Clarimonde et le visiteur car ils sont anormaux, méchants et ils suscitent l’effroi.
Ces trois monstres ont quelque chose en commun : ils fascinent grâce à leur regard et soumettent la victime, au point où elles ne peuvent pas désobéir à leurs envies.
Pour cela, le monstre utilise son regard et sa beauté physique afin d’attirer. Il ne fait aucuns doutes qu’Alicia, noble anglaise fréquentée par Paul, est forte attirée par ce dernier. Il est vrai que lorsque Paul commence à croire qu’il est jettatore et qu’il rend visite à miss Ward, il n’ose pas la regarder afin de ne pas lui jeter ce sort maléfique qui la rend tant malade. Triste de voir que son futur mari ne la regarde plus, elle l’implore en disant « Plongez vos regards dans les miens, je le veux ; n’essayez pas de baisser la paupière, ne vous détournez pas, [...]. Fixez sur moi cet œil que vous croyez si terrible et qui m’est si doux, car j’y vois votre amour ». Cela montre à quel point Alicia est fascinée par le regard de Paul. De la même manière, Romuald est envouté en regardant Clarimonde, ce qui provoque en lui un fort désir de la voir. Lorsqu’il est sur le point de devenir prêtre, il la voit et il décrit chaque aspect de son physique, notamment ses yeux qu’il qualifie d’un « éclair qui décidaient de la destinée d’un homme » et il dit également « À mesure que je la regardais, je sentais s’ouvrir dans moi des portes qui jusqu’alors avaient été fermées ». Cela témoigne du pouvoir que possède le regard de Clarimonde sur Romuald qui est complètement envouté et sollicité par ce regard. Par conséquent, Paul d’Aspremont et Clarimonde attirent de façon extrême Alicia et Romuald.
En plus de ce regard, les victimes sont soumises à une influence à laquelle elles ne peuvent pas résister. En effet, Romuald se rend compte qu’il est victime du diable et qu’il mène une double vie très malsaine. Or, il ne résiste pas et avoue que « cet amour […] s’était indestructiblement enraciné ; je ne songeai même pas à essayer de l’arracher, tant que je sentais que c’était là chose impossible […] je ne vivais plus de moi mais dans elle par elle ». Nous comprenons donc que Romuald n’arrive pas à désobéir à cet amour, encore pire, il ne songe même pas à se battre tant ce désir lui semble impossible à éviter. Cela prouve qu’il est victime d’une influence à laquelle il ne peut pas désobéir : l’amour. Il en est de même pour Alicia, victime du mauvais œil de Paul. En effet, lorsque Paul pose son regard sur Alicia, cette dernière tombe fort malade et retrouve sa santé uniquement lorsque Paul est absent. Ce mauvais œil est si puissant que même en ayant les yeux bandés, Paul réussi à tuer le comte Altivilla dans un duel qu’il désirait perdre. Malgré le fait qu’il se soit rendu aveugle afin de ne pas rendre Alicia malade, elle meurt et nous comprenons clairement que la jettature de Paul est la cause de la mort de sa compagne. Il ne fait aucun doute que Paul possède une influence à laquelle miss Ward n’a pas pu échapper.
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