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Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

Dissertation : Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mai 2023  •  Dissertation  •  3 057 Mots (13 Pages)  •  354 Vues

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Dissertation Cyrano de Bergerac

Cyrano de Bergerac, écrit par Edmond Rostand en 1897 est l'une des pièces les plus populaires du théâtre français. Dès sa sortie, elle fut un énorme succès parmi le public, même les critiques sont très controversées ; elles se déchainent soit pour encenser l’œuvre, comme celles de Jules Lemaitre et Henry Fouquier, soit pour la dénigrer, tel que celle de René Doumic. Cependant, que la critique soit positive ou négative, elles soulignent toutes un élément ; la profusion de personnages et de références littéraires. Jules Lemaitre va jusqu’à qualifier le premier acte de « joli tumulte de comédiens et de poètes, de « précieux » et de « burlesques », de bourgeois, d’ivrognes, et de tire-laine, et de la gentilhommerie et de la bohème littéraire du temps de Louis XIII ». Il dit aussi que « Cyrano de bergerac, loin d’être un renouvellement, est plutôt une récapitulation » et cite de nombreuses œuvres dont Rostand s’est « harmonieusement ressouvenu » pour les inclure à sa pièce, tel que la Florise de Banville. Des années plus tard, Eric Ruff synthétise bien ces idées en caractérisant la pièce de « fourre-tout extraordinaire, une boite de pandore théâtrale ». Par l’usage du mot fourre-tout, il met en évidence la sensation de désordre et d’absence de cohérence de la pièce. Cependant, l’association de ce terme à l’adjectif à connotation méliorative « extraordinaire », nous fait demander si l’expression fourre-tout est vraiment péjorative ou si elle montre juste la diversité et la profusion d'éléments reliés ensemble par l’aspect théâtrale de la pièce. Pour aborder ses enjeux, nous travaillerons en deux temps ; tout d’abord, nous verrons que Cyrano de Bergerac, par son florilège de personnages et d’intertextes, est bien un fourre-tout, puis nous observerons dans une seconde partie que la pièce n’est pas pour autant désordonnée, car la cohérence est donnée par le coté théâtrale et dramatique de la pièce.

Nous pouvons remarquer que la sensation de fourre-tout de la pièce est donnée par un foisonnement d’éléments qui ne semblent pas toujours reliés entre eux.

Tout d’abord, nous pouvons apercevoir facilement l’abondance d’individus avant même que l’acte 1 ne commence ; dans la liste des personnages. En effet, en plus des 44 personnages énumérés, ce qui peut déjà paraitre beaucoup, nous pouvons également compter à la fin de cette liste 21 groupes de personnages innombrables tels que la foule ou les bourgeois. L’usage de l’expression « ect. » à la fin de cette liste renforce encore plus ce sentiment d’envahissement des personnages, car elle montre qu’ils sont toujours plus, à tel point qu’il est impossible de tous les citer. La première scène de l’acte I continue cette idée de profusion de protagonistes ; nous voyons arriver en scène petit à petit les « CAVALIERS, BOURGEOIS, LAQUAIS, PAGES, TIRE-LAINE, LE PORTIER, etc., puis LES MARQUIS, CUIGY, BRISAILLE, LA DISTRIBUTRICE, LES VIOLONS, etc. ». Non seulement une partie de ces personnages est innombrable, mais ils ne semblent également pas avoir de liens entre eux. En effet, la pièce apporte une représentation de toutes les classes sociales du 17ème siècle, c’est-à-dire la paysannerie, la bourgeoisie et l’aristrocatie. La représentation et la diversité des professions est donc d’autant plus importante, comme nous pouvons l’apercevoir dans cette scène. De plus, nous pouvons remarquer que la profusion de personnages sans liens apparents peut également entraîner la profusion d’actions qui elles non plus ne semblent pas cohérentes. C’est ce que nous retrouvons dans cette première scène où se trouvent à la suite les répliques « Touche ! », « Trèfle ! », « Un baiser ! », « On voit ! ... », « Pas de danger ! », « Lorsqu’on vient en avance on est bien pour manger » et enfin « Plaçons nous là mon fils », ce qui donne un sentiment de désordre, d’incohérence ainsi que de cacophonie, qui laisse le lecteur complètement perdu.

Ensuite, la configuration de la pièce peut être difficile à suivre et à mettre en scène, ce qui renforce cette idée de désordre. En effet, les unités de temps et de lieux qu’on retrouve dans le théâtre ne sont pas respectées. Pour commencer, d'un point de vue temporel, cette pièce se déroule en deux parties distinctes. La première partie, constituée des quatre premiers actes, s'étend entre le 3 juin et le 9 aout 1640, laps de temps durant lequel se déroula le siège d'Arras à laquelle participe Cyrano de Bergerac. La seconde partie a lieu « 15 ans après le siège d'Arras, en 1655 » dans un cinquième acte digne d'une tragédie grecque et dans lequel Cyrano meurt sous les yeux malheureux de Ragueneau, Le Bret et Roxane. Certains lecteurs peuvent donc être décontenancés face à cette ellipse importante. Ensuite, chaque acte se trouve dans un lieu différent ; le premier à l’Hôtel de Bourgogne, le second dans la boutique de Raqueneau, le troisième dans une petite place de l’ancien Marais, le quatrième dans un poste du siège d’Arras et le cinquième dans le parc d’un couvent. Là encore, nous pouvons remarquer que les endroits sont très diversifiés et dégagent tous une atmosphère différente, ce qui peut être perturbant pour le lecteur. Il est donc très difficile de les imaginer dans une même pièce, sans que cette pièce perde toute cohérence. Enfin, les 3 actes traditionnels sont remplacés par 5 actes, ce qui n’est pas conforme aux normes du théâtre.

Pour finir, la pièce est dotée de nombreux intertextes, qui peuvent paraître comme disposés aléatoirement. L’exemple le plus évident est la scène du balcon entre Roxanne et Christian/Cyrano, qui nous rappelle celle de la très célèbre pièce de Shakespeare : Roméo et Juliette. En effet, durant ces deux scènes, les deux protagonistes principaux font leurs déclarations d’amour à la femme qu’ils aiment, dans la sécurité et l’intimité de la nuit. Les discours sont similaires ; les deux hommes annoncent leur amour pour leurs biens aimées (« CYRANO : Je vous aime, j’étouffe, Je t’aime, j’en suis fou », « ROMEO : C’est les ailes légères de l’amour m’ont fait franchir ces murs, Car les remparts de pierre n’arrêtent pas l’amour. »), tandis que de leurs côtés, les deux femmes leurs demandent de prouver cet amour ; Roxanne réclame des mots et un baiser, tandis que Juliette souhaite qu’ils se marient. De plus, chacun d’une manière différente, les deux personnages principaux changent d’identité dans l’espoir de plaire à celles qu’ils

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