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Dans Les Fausses Confidences de Marivaux, le stratagème théâtral n'est-il qu'un ressort comique ?

Dissertation : Dans Les Fausses Confidences de Marivaux, le stratagème théâtral n'est-il qu'un ressort comique ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Juin 2023  •  Dissertation  •  3 158 Mots (13 Pages)  •  178 Vues

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DISSERTATION

Dans Les Fausses Confidences de Marivaux, le stratagème théâtral n'est-il qu'un ressort comique ?

       Le terme « stratagème » est issu du grec et signifie « la ruse de guerre ». Dans cette perspective, le stratagème devient une ruse permettant à un stratège de parvenir à ses fins. Dans les fausses confidences, Dorante, un bourgeois sans fortune est épris d’Araminte, une haute bourgeoise fortunée. Un amour, qui à première vue, paraît impossible. Dubois, l’ancien valet de Dorante, à présent celui d’Araminte, le fait engager chez elle. Il va alors pouvoir suivre à la lettre, le plan du stratège Dubois dans le but de révéler ses sentiments et d’unir les deux personnages.

      Mais dans les fausses confidences de Marivaux, le stratagème théâtral n’est-il qu’un ressort comique ?

      Nous pouvons donc nous demander quels sont les rôles des stratagèmes dans la pièce de Marivaux. La limite du sujet nous invite à développer puis à surpasser la thèse du rôle simplement comique. Le terme « ressort » invite à développer quelle action a le stratagème au cœur de l’intrigue. Nous finirons par voir ce que le stratagème théâtral apporte au théâtre.

      Le stratagème est un moyen de faire rire les spectateurs. Il permet une complicité entre eux et Dubois mais entraîne également des quiproquos tout en soulignant le caractère ridicule des personnages.

           L’Utilisation de la double énonciation instaure une complicité entre les personnages, auteur et public amusé. L’auteur montre à son spectateur combien et comment les personnages peuvent être joués. Dans la scène 14 de l’acte 1, Dubois livre une fausse confidence a Araminte en décrivant de manière absurde son ancien maître. Le double portrait dépeint est en effet contradictoire, il mêle un éloge hyperbolique et un blâme hyperbolique. En effet, il dit « il n’y a pas de plus brave homme dans toute la terre » ou « il a plus d’honneur à lui tout seul que 50 honnêtes gens ensemble », puis il enchaîne de manière subtile une description péjorative, « timbré comme cent », « il y a 6 mois qu’il est tombé fou ». En effet, Dubois le présente comme un être empli de folie, extravaguant d’amour déraisonné. En récitant les preuves, montées de toutes pièces, de cette folie amoureuse née des mois plutôt, il suggère faussement le renvoi de Dorante. Le spectateur comprend alors que Dubois cherche à déstabiliser Araminte. Le spectateur peut alors jouir, tout comme Dubois, de voir Araminte confuse cherchant à excuser Dorante. Les propos grandiloquents et le stratagème de Dubois subtil, identique au travail de Marivaux, provoquent le rire du spectateur.

Nous pouvons songer à la pièce Hamlet de Shakespeare. Le public est complice des stratagèmes de Hamlet, qui cherche à se venger de la mort de son père. Le premier consiste à se faire passer pour fou, le deuxième de mettre en scène une pièce qui reprend le meurtre du roi afin de déstabiliser son oncle. Tous deux vont susciter la satisfaction enjouée de Hamlet et du public, face à leur efficacité totale.

            Le stratagème cumule les situations et malentendus comiques : des quiproquos.

Mr Remy ne connaît pas les raisons sentimentales de son neveu Dorante, quant à son arrivée dans la demeure d’Araminte. Celui-ci, bienveillant, et dans le but d’aider son neveu, va comploter pour le marier à Marton. Il ment alors à Marton en inventant des sentiments amoureux de Dorante, ce qui éveille chez elle, un important intérêt et finit alors par l’aimer. La réaction de Dorante qui n’est autre que le refus de se marier avec Marton, est en effet le résultat d’un grand quiproquo. Un quiproquo amusant puisque, en croyant le mensonge, c’est Dorante qui espérait se marier à elle. Le spectateur, lui conscient du quiproquo savoure sa finalité avec la réaction de Marton lorsqu’elle se rend compte qu’elle n’ait pas la femme aimée par Dorante. C’est dans l’acte 2 et la scène 9, qu’arrive un portrait. Dans l’histoire du portrait en France, Marquet Vasselot explique que le portrait est difficilement dissociable de l’amour. En effet, le spectateur, ainsi que les personnages savent qu’il s’agit d’un portrait exprimant les intentions de Dorante. Les spectateurs, sachant déjà qu’il ne s’agit pas de celui de Marton mais celui d’Araminte, attendent impatiemment la réaction de Marton. Celle-ci si sûre d’elle :

« Marton : eh bien madame voilà bien du bruit ! c’est mon portrait » (…), « un très aimable homme qui m’aime, qui a de la délicatesse (…) ».

Assurance et fierté qui chutent toutes deux, de manière soudaine suscitent alors un sentiment d’empathie chez le spectateur mais aussi de rire. Les stratagèmes superposés de Dubois et Remy sont l’œuvre d’un dramaturge qui fait croiser puis rejoindre ses péripéties afin de créer des situations comiques. Nous pouvons aussi se référer, au Tartuffe de Molière, et plus précisément à la scène 5 de l’acte 4. La situation est initialement comique avec Orgon, le mari, caché sous la table, qui écoute Tartuffe faisant des avances à sa femme Elmire. La double énonciation, par laquelle Elmire feint de parler à Tartuffe mais s’adresse en fait à son mari, suscite des malentendus, sources de plaisir pour le public qui savoure l’incompréhension de Tartuffe.

          Le stratagème permet de dévoiler au grand jour, les caractères ridicules des personnages pris par la ruse. Les accessoires utilisés comme le portrait mais aussi la lettre sont de réels instruments au service des stratagèmes des personnages. En effet, d’après la langue théâtrale, Alfred Bouchard rappelle l’importance des accessoires au théâtre. Ici, ils permettent peu à peu de révéler au grand jour, les sentiments de Dorante et à un public qui s’agrandit. La lettre écrite par Dorante sous l’ordre de Dubois, doit être interceptée par Marton, qui jalouse, souhaitera la lire devant tout le monde. Cette lecture par monsieur le comte éveillera, notamment, la personnalité de Mme Argante. Celle-ci ne cesse d’interrompre la lecture, en réagissant de manière aigrie et méprisante. Elle se moque pleinement des propos entichés de Dorante, est alors dépeint le portrait d’une mère égoïste qui n’a que faire d’honnêtes sentiments à l’égard de sa fille, qui préférerait la voir épouser un homme riche.

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