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Comment l’influence janséniste se traduit-elle dans La Princesse de Clèves ?

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Par   •  15 Avril 2023  •  Fiche de lecture  •  1 785 Mots (8 Pages)  •  178 Vues

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INTRODUCTION :

Le roman La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette doit son succès inébranlable à la description de la passion impossible et à l’analyse des tourments de l’amour. Cette vision pessimiste des sentiments de la part de Mme de La Fayette s’explique par sa proximité avec le courant janséniste. En effet, lors de la rédaction du roman La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette côtoyait souvent son très bon ami, le duc La Rochefoucauld, auteur des Réflexions ou sentences et maximes morales, avec qui elle discutait de littérature mais également d’idées et de sujets liés au jansénisme. La Rochefoucauld serait alors coauteur de La Princesse de Clèves. Donc son influence sur l'œuvre, sous-entendu celle du jansénisme, n’est donc pas illogique.

Comment l’influence janséniste se traduit-elle dans La Princesse de Clèves ?

Nous verrons d’abord dans un premier temps l’histoire du jansénisme, puis nous analyserons la manière dont l’auteure peint le jansénisme dans l'œuvre, et enfin nous terminerons avec l’étude de l'impact de ce mouvement sur le but moral de l'œuvre.

LE JANSÉNISME, UN COURANT MAJEUR AU XVII SIÈCLE

Du nom de son théoricien, le Hollandais Cornelius Jansen, le jansénisme est une doctrine catholique, de Saint Augustin, sévère, marquée par une forte conscience du péché et une exigence de focalisation de l'être humain sur son salut religieux, au détriment des passions et des divertissements.

Né dans un contexte de réformes catholiques en 1640, après la publication d’Augustinus par Jansen, le jansénisme était au départ un mouvement exclusivement religieux, puis petit à

petit, prit de l’ampleur et toucha le politique et le social. Car en effet, ses idéaux se propagent parmi la société mondaine française et cela contrarie le roi Louis XIV qui propose des valeurs opposées. Le jansénisme est donc perçu comme une menace par la monarchie.

Par ailleurs, ce mouvement est en concurrence violente avec le jésuitisme, une doctrine plus souple qui prône au contraire le libre arbitre de l'homme, c’est-à-dire qu’ils sont responsablesdeleursalutàtraversleursmérites etlerachatdespéchésduvivantdetout être humain. En 1642 puis à nouveau en 1653, cinq propositions extraites des écrits de Jansénius sont condamnées par le pape. Les jansénistes affirment alors vigoureusement que ces écrits ne faisaient pas parti des traités et lance la controverse contre les jésuites. Les débats orageux dont les Provinciales (1656-1657) font écho, font connaître à un plus large public le contenu du « Jansénisme », cette hérésie condamnée par Rome. Les jésuites, soutenus par le pape et le roi (pour des stratégies diplomatiques), finissent par l'emporter : Louis XIV ordonne en 1710 la démolition du siège du jansénisme, l'abbaye de Port-Royal. Jusqu’à la date de sa destruction, ce lieu ne cessa de rassembler des hommes de lettres comme Racine ou encore Madame de La Fayette, qui y allait souvent.

Selon les jansénistes, l'homme est responsable du péché originel et n'a que peu de chances de rédemption. L’homme reçoit ou non la grâce par Dieu, c’est-à-dire qu’il appartient à Dieu de choisir les hommes qui méritent sa grâce. Ceux qui sont donc les élus de Dieu, sont prédestinés à recevoir la grâce et obtiennent le salut. Le salut de l’homme n’est donc, par conséquent, pas déterminé en fonction de ses actions et de ses efforts effectuées durant sa vie. Le jansénisme donne lieu à la prédestination et exclut le libre arbitre de l’homme. Ainsi, pour être sûr d'obtenir le salut ou de ne pas le perdre, l'humain doit mener une vie irréprochable et se tenir à l'écart d'une société pécheresse et superficielle (dans l'œuvre: la Cour).

LE JANSÉNISME DANS L’OEUVRE

Très vite, dans sa lecture, le lecteur remarque une vision pessimiste de la passion. En effet, Madame de La Fayette dénonce les ravages d’une passion dont les douceurs apparentes cachent la faiblesse de l’homme, son inconstance, sa cruauté. La vision du monde véhiculée par le roman participe à l’univers noir du jansénisme. Le stoïcisme est préférable pour laisser place à la vertu et au devoir, deux valeurs fondamentales du jansénisme. C’est la raison pour laquelle l’éducation de La Princesse de Clèves est axée essentiellement sur ces principes.

Mais les trois grands thèmes pertinents que nous pouvons tirer de l'œuvre qui font écho au jansénisme sont la faiblesse de l’homme, la prédestination et le jeu du paraître.

Tout d'abord, la faiblesse de l’homme, notamment de ses sentiments, est visible dans l’incapacité continuelle de Madame de Clèves à exprimer correctement ses problèmes et à les affronter. Elle ne se rend pas compte de son amour puis nie ses sentiments. Enfin elle tente de les dissimuler mais malgré ses efforts, elle avoue finalement au duc de Nemours qu’elle l’aime.

Par ailleurs, des passages nous révèlent qu’elle n’est plus maîtresse de sa passion. Elle est emportée par la jalousie à plusieurs reprises et se sent même trahie et trompée.

D’autres personnages sont également victimes de cette faiblesse sentimentale: le duc de Nemours qui ne peut s’empêcher de partager l’aveu avec le vidame de Chartres ou bien de voler le portrait de celle qu’il aime, un acte irréfléchi et incontrôlé.

Puis, le sujet de la prédestination est abordé dans l’exclamation de la Princesse de Clèves lors de sa dernière rencontre avec Monsieur de Nemours: « Pourquoi faut-il, s'écria-t-elle,

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