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Bel-Ami, Maupassant (partie I, chapitre 2)

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Par   •  29 Avril 2023  •  Commentaire de texte  •  2 500 Mots (10 Pages)  •  1 082 Vues

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Proposition de commentaire linéaire LA 1

Bel-Ami, Maupassant (partie I, chapitre 2)

Introduction 

        [Amorce] Avant Maupassant, auteur réaliste du XIXème siècle, des auteurs ont déjà mis en scène des héros qui n’incarnent pas des valeurs exemplaires : au XVIIIème siècle, par exemple, Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos présente des protagonistes en proie à leurs vices. Cependant, la vertu est toujours sauve en quelque sorte puisque les personnages « malfaisants » sont punis pour leurs crimes. [Présentation de l’œuvre] Bel-Ami, à l’inverse, présente un héros narcissique, égoïste, ambitieux et arriviste, qui triomphe finalement. Avec ironie, Maupassant raconte la réussite d’un Bel-Ami aux antipodes des héros traditionnels qui incarnent des valeurs exemplaires. Ce récit propose une peinture à la fois réaliste et satirique du monde de journalisme, de ses accointances avec la politique et la finance. [Présentation de l’extrait] L’extrait étudié est tiré du début du chapitre 2. Dans le premier chapitre, Georges Duroy a rencontré par hasard un ancien ami du régiment, Charles Forestier, qui se propose de l’aider à monter dans la société et à sortir de sa situation financière précaire. Le début du chapitre 2 correspond à l’arrivée du héros chez Forestier pour un dîner. Cette étape va constituer une véritable entrée dans le monde pour Georges Duroy et un rite initiatique de passage. [Problématique] En quoi cet extrait peut-il être vu comme symbolique dans l’ascension du personnage ? / En quoi cette scène symbolique de montée des escaliers est-elle révélatrice de certains traits de la personnalité de Georges Duroy ? / En quoi cet épisode est-il révélateur de la nature même du personnage ? [Annonce du plan] L’étude se fera au fil du texte, en analysant la découverte du double, puis la pantomime à laquelle se livre le personnage et enfin la confiance qui le gagne dans la dernière partie.

I/ La découverte du double (l.1 à 12)

  • La première phrase suggère l’angoisse du dîner à venir, « le cœur battant », « anxieux », « harcelé (…) par la crainte » (l.1-2) → le lexique met en évidence la crainte mais également des manifestations physiques de cette crainte.
  • Le premier verbe « montait » l.1, à l’imparfait duratif, associé à l’adverbe « lentement », renforce l’impression d’angoisse qui semble habiter le personnage.
  • Cette première partie de proposition « Il montait lentement les marches » l.1, avec l’allitération en [m], s’oppose à la fin de l’extrait « Il avait envie de courir, de sauter en gravissant le dernier étage » l.26.
  • La suite de la première phrase, « « crainte d’être ridicule » l.2, associée à la fin de la ligne 9 « s’affolait à l’idée d’être grotesque », révèlent les raisons de l’angoisse ressentie et le motif de celle-ci. → Décalage entre l’angoisse ressentie et les raisons de l’angoisse.
  • La deuxième proposition de la première phrase débute par un adverbe « soudain » l.2 qui évoque un choc brutal et marque une évolution dans les sentiments du personnage. La stupéfaction se substitue à l’angoisse.
  • La suite de la proposition, « il aperçut en face de lui un monsieur en grande toilette qui le regardait ». (l.2-3) présuppose la présence d’une autre personne avec l’utilisation du déterminant indéfini « un ». Cette impression est confirmée dans la deuxième phrase du texte par l’utilisation du pronom personnel de 3ème personne au pluriel « ils » l.3, renforcé par une expression évoquant une double présence « l’un de l’autre » l.3. → Il y a un mystère autour de l’identité de la personne.
  • La stupéfaction est marquée d’abord par l’adjectif « stupéfait » l.4 puis par un lexique évoquant encore une fois une réaction physique à l’étonnement : « « un mouvement en arrière » l.4
  • Enfin, l’identité est dévoilée un peu plus loin, « « c’était lui-même » (l.4), dans une proposition brève introduite par un présentatif « c’était ». Cette annonce est mise en valeur par une pause qui la précède et qui est marquée typographiquement par les deux points. → elle provoque un effet de chute qui crée la surprise.
  • La révélation de l’identité du personnage dans le miroir invite à relire la fin de la première phrase : « un monsieur en grande toilette qui le regardait ». En effet, cette distanciation peut être vue comme une forme de naïveté : le miroir révèle un autre que soi : opposition entre deux conditions, ce qu’est réellement Duroy (condition modeste) et ce qu’il renvoie (l’apparence).
  • Le lexique contribue à mettre en évidence une opposition entre ses origines sociales et le milieu où il se trouve. En effet, « Une haute glace en pied qui formait sur le palier du premier une longue perspective de galerie » l.4-6 s’oppose à  « N’ayant chez lui que son petit miroir à barbe » l.7 → Le petit miroir à barbe renvoie à la misère dans laquelle il vit et la haute glace au luxe dans lequel il entre.
  • Dans la dernière phrase du premier paragraphe « Un élan de joie le fit tressaillir » (l.5-6), la stupéfaction cède la place à la joie. → Cette réaction enfantine  révèle aussi les années de « misère » et de privation antérieures. Cette joie soudaine est due à l’opposition entre l’effet attendu (un aspect ridicule) et l’effet réel inespéré (« il se jugea mieux qu’il n’aurait cru » l.6). Il aime son apparence.
  • Le deuxième paragraphe débute par une négation restrictive, « N’ayant chez lui que… » l.7, complétée plus loin par une autre tournure négative, « n’avait pu » l.7 : Ces constructions sous-entendent une vision péjorative de son milieu d’origine.
  • Dans cette première partie, nous pouvons observer une récurrence des verbes pronominaux : « se jugea » l.6, « se contempler » l.8, « s’exagérait » l.9, « s’affolait » l.9 « ne s’était même pas reconnu » l.10-11, « s’était pris pour » l.11 → Ces verbes sont révélateurs du narcissisme du personnage. De même, le champ lexical de la vue, du regard, « aperçut », « regardait », reflété », « s’apercevant » insiste sur l’importance des apparences. La proposition de la ligne 9, « « s’affolait à l’idée d’être grotesque », montre que le regard que l’on pourrait porter sur lui est au cœur de ses préoccupations.
  • Le lexique du travestissement ligne 11, « « il s’était pris pour un autre, pour un homme du monde » confirme sa situation précaire.
  • La conjonction de coordination « mais » qui introduit le troisième paragraphe insiste sur le soulagement suite à sa découverte de lui-même. On peut relever un lexique laudatif à la fin de cette première partie, « fort bien, fort chic » (l.11) qui révèle la satisfaction du personnage.

Transition : Dès le début du texte, le point de vue est interne et permet de vivre cette expérience de « reconnaissance » à travers le ressenti du personnage, de suivre les étapes de cette rencontre : l’angoisse en montant les marches, la vision de l’autre l’homme face à lui, et la satisfaction. Le miroir révèle un autre que soi et devient un adjuvant pour le personnage : il l’aide à composer le rôle qu’il va jouer en société.

II/ La pantomime (l. 13 à 21)

  • Le paragraphe 4 commence par la conjonction de coordination « et », suivie de l’adverbe « maintenant » qui marquent une progression dans le récit. Il a pris conscience de sa nouvelle apparence et va répéter son rôle comme le ferait un acteur.
  • On retrouve un verbe pronominal dès la ligne 13, « en se regardant avec soin », associé au lexique du regard. → Son narcissisme se révèle une nouvelle fois : ainsi l’objet symbolique qu’est le miroir permet de comprendre la personnalité du héros, soucieux non pas d’être mais de paraître.
  • La suite de la phrase se poursuit avec l’adverbe modalisateur « vraiment » et un lexique laudatif, « l’ensemble était satisfaisant » l.14. Cela vient confirmer son amour-propre, sa propension à l’auto satisfaction.
  • Le connecteur logique « alors » marque ici la conséquence : satisfait de lui-même, il «  il s’étudia comme font les acteurs pour apprendre leurs rôles » l. 14 -15. On retrouve dans cette proposition le lexique du théâtre avec les termes « acteurs », « apprendre » et « rôle », associé avec une comparaison introduite par « comme » et une nouvelle fois, l’emploi d’un verbe pronominal. → Il adopte l’attitude d’un comédien, Sa nouvelle apparence lui donne envie de jouer un autre personnage.
  • L’accumulation des actions dans la phrase suivante confirme cette idée : « Il se sourit, se tendit la main, fit des gestes, exprima des sentiments… » l.15-16 → Il est tel un comédien qui répète un rôle ; il se livre à une pantomime un peu ridicule.
  • De même, l’accumulation des sentiments « L’étonnement, le plaisir, l’approbation » l.16 ainsi que le verbe « chercha » qui évoque le travail du comédien montre qu’il cherche le ton juste, comme pourrait le faire un acteur, qu’il s’entraîne à différentes attitudes.
  • Le complément de but qui suit, « (…) pour se montrer galant auprès des dames » l.17 indique les raisons de ce jeu d’acteur et les intentions profondes du personnage. De même dans la suite de la phrase, les notations  « des dames » / « qu’on les admire » / « qu’on les désire » l.17-18 avec notamment le déterminant indéfini « des » et le pronom généralisant « on » dévoile qu’il a un but précis, un rêve d’ascension sociale et compte tirer parti de ses attraits physiques pour y parvenir

Soucieux avant tout du paraître Duroy s’observe et bientôt découvre qu’il peut plaire et séduire.

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