Arlequin (personnage d'une pièce de théâtre de Molière)
Fiche de lecture : Arlequin (personnage d'une pièce de théâtre de Molière). Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar jeanmidu52 • 30 Mars 2014 • Fiche de lecture • 1 536 Mots (7 Pages) • 920 Vues
Scène IV
ARLEQUIN, TRIVELIN.
Arlequin regarde Trivelin et tout l’appartement avec étonnement.
TRIVELIN
Eh bien ! seigneur Arlequin, comment vous trouvez-vous ici ? (Arlequin ne dit mot.) N’est-il pas vrai que voilà une belle maison.
ARLEQUIN
Que diantre ! qu’est-ce que cette maison-là et moi avons affaire ensemble ? Qu’est-ce que c’est que vous ? Que me voulez-vous ? Où allons-nous ?
TRIVELIN
Je suis un honnête homme, à présent votre domestique ; je ne veux que vous servir, et nous n’allons pas plus loin.
ARLEQUIN
Honnête homme ou fripon, je n’ai que faire de vous ; je vous donne votre congé, et je m’en retourne.
TRIVELIN, l’arrêtant.
Doucement !
ARLEQUIN
Parlez donc ; hé, vous êtes bien impertinent d’arrêter votre maître !
TRIVELIN
C’est un plus grand maître que vous qui vous a fait le mien.
ARLEQUIN
Qui est donc cet original-là, qui me donne des valets malgré moi ?
TRIVELIN
Quand vous le connaîtrez, vous parlerez autrement. Expliquons-nous à présent.
ARLEQUIN
Est-ce que nous avons quelque chose à nous dire ?
TRIVELIN
Oui, sur Silvia.
ARLEQUIN, charmé, et vivement.
Ah ! Silvia ! hélas, je vous demande pardon ; voyez ce que c’est, je ne savais pas que j’avais à vous parler.
TRIVELIN
Vous l’avez perdue depuis deux jours ?
ARLEQUIN
Oui, des voleurs me l’ont dérobée.
TRIVELIN
Ce ne sont pas des voleurs.
ARLEQUIN
Enfin, si ce ne sont pas des voleurs, ce sont toujours des fripons.
TRIVELIN
Je sais où elle est.
ARLEQUIN, charmé, et le caressant.
Vous savez où elle est, mon ami, mon valet, mon maître, mon tout ce qu’il vous plaira ? Que je suis fâché de n’être pas riche, je vous donnerais tous mes revenus pour gages. Dites, l’honnête homme, de quel côté faut-il tourner ? Est-ce à droite, à gauche, ou tout devant moi ?
TRIVELIN
Vous la verrez ici.
ARLEQUIN, charmé et d’un air doux.
Mais quand j’y songe, il faut que vous soyez bien bon, bien obligeant pour m’amener ici comme vous faites ? Ô Silvia ! chère enfant de mon âme, ma mie, je pleure de joie !
TRIVELIN, à part les premiers mots.
De la façon dont ce drôle-là prélude, il ne nous promet rien de bon. Écoutez, j’ai bien autre chose à vous dire.
ARLEQUIN, le pressant.
Allons d’abord voir Silvia, prenez pitié de mon impatience.
TRIVELIN
Je vous dis que vous la verrez : mais il faut que je vous entretienne auparavant. Vous souvenez- vous d’un certain cavalier qui a rendu cinq ou six visites à Silvia, et que vous avez vu avec elle ?
ARLEQUIN, triste.
Oui, il avait la mine d’un hypocrite.
TRIVELIN
Cet homme-là a trouvé votre maîtresse fort aimable.
ARLEQUIN
Pardi, il n’a rien trouvé de nouveau.
TRIVELIN
Il en a fait au Prince un récit qui l’a enchanté.
ARLEQUIN
Le babillard !
TRIVELIN
Le Prince a voulu la voir, et a donné l’ordre qu’on l’amenât ici.
ARLEQUIN
Mais il me la rendra, comme cela est juste ?
TRIVELIN
Hum ! il y a une petite difficulté ; il en est devenu amoureux et souhaiterait d’en être aimé à son tour.
ARLEQUIN
Son tour ne peut pas venir ; c’est moi qu’elle aime.
TRIVELIN
Vous n’allez point au fait ; écoutez jusqu’au bout.
ARLEQUIN, haussant le ton.
Mais le voilà, le bout. Est-ce que l’on veut me chicaner mon bon droit ?
TRIVELIN
Vous savez que le Prince doit se choisir une femme dans ses États ?
ARLEQUIN
Je ne sais point cela : cela m’est inutile.
TRIVELIN
Je vous l’apprends.
ARLEQUIN, brusquement.
Je ne me soucie pas de nouvelles.
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