Musset, On ne badine pas avec l'amour
Fiche de lecture : Musset, On ne badine pas avec l'amour. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar NathanPub ThierryPub • 12 Juin 2025 • Fiche de lecture • 3 436 Mots (14 Pages) • 30 Vues
Accroche :
- « Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur », déclarait la Muse au Poète, dans le poème « La nuit de mai » issu des Poésies nouvelles d’Alfred Musset. L’auteur réaffirme ici un principe donc il a fait l’expérience :
Contexte :
• Entre 1833 et 1835, il vit une passion tumultueuse avec Georges Sand, qui alterne entre épisodes orageux et passionnés. Il s’inspire de cette relation pour écrire On ne badine pas avec l’amour en 1834. Ce même principe semble aussi s’appliquer aux deux personnages de la pièce, Camille et Perdican. Alors que leurs retrouvailles étaient censées aboutir à un mariage heureux, [GLISSEMENT VERS LA PROBLEMATIQUE]
Notions :
- Un drame romantique comme défini dans la Préface de Cromwell :
→ Un spectacle dans un fauteuil (1832) : depuis son échec avec La Nuit Vénitienne, Musset revendique un théâtre injouable, qui ne pourrait être pas représenté mais serait fait pour lire. Musset donc l'un des premiers à poser l'idée d'un théâtre qui serait indépendant du spectacle. Le théâtre peut donc alors s’affranchir des contraintes matérielles pour aller créer une réflexion profonde libérée sur la nature humaine, et dépasser la simple imitation.
→ Musset brise les règles classiques : fait se dérouler sa pièce sur trois jours plutôt qu’un, un par acte, les lieux sont multiples et indéterminés (« une place devant un château », « le salon du baron », « une fontaine dans un bois », « un oratoire »). Il mélange les extérieurs et les intérieurs. Néanmoins, Le caractère vague des lieux confère une force universelle, atemporelle tranche avec la « couleur locale » préconisée dans le drame romantique : la pièce de Musset est un espace symbolique de confrontation entre deux idéaux, c’est pourquoi elle se doit d’être universelle.
Il mélange cependant les genres et les registres : si la pièce s’annonce comme une comédie au départ, et s’apparente à un simple marivaudage, elle aboutit bientôt à une fin tragique. Le mélange des genres permet alors de faire ressortir la nature humaine dans toute sa variété.
Musset respecte au sens strict la règle de bienséance en ne faisant pas mourir Rosette sur scène, mais les tirades de Perdican, très anticléricales à l’acte II scène 5 sont pour les mœurs de l’époque très choquantes et polémiques.
Musset n’imite pas les Anciens par la reprise d’un mythe ou d’une légende. Pourtant, il s'inscrit directement dans la lignée du théâtre grec avec l'utilisation d'un choeur qui a les mêmes fonctions que dans l'Antiquité : présenter, commenter, résumer. Comme pour la règle des trois unités, on retrouve là aussi l'ambigüité de Musset face au drame romantique lui-même. Le but est donc de représenter un « vrai » plutôt qu’un « beau », qui a trait au sentiment humain, universel.
→ Les personnages de Perdican et Camille sont tous deux des personnages romantiques : ils sont caractérisés par le désir d’idéaux différents : Camille désire un idéal religieux qui lui apportera la tranquillité de l’âme, sans douleur, tandis que Perdican recherche un amour éphémère mais passionné, presque enfantin. Tous deux sont à la recherche d’idéaux inaccessibles : la foi seule ne peut être choisie pour chasser la douleur, et son éducation au couvent a déformé sa vision du monde. Perdican ne pourra pas atteindre son idéal car il est désormais adulte. Les héros sont donc tiraillés entre le désir d’un idéal et leur rapport la réalité. Cet idéal est corrompu par leur corps, avec le refus de la souffrance ou de considérer que l'on a vieilli ; il est aussi corrompu par leurs défauts : jalousies, mensonges, actes irréfléchis et brutaux. La nature humaine apparaît alors dans toute sa passion, ce qui échappe à la raison : les deux personnages vivent dans une sorte de déni vis à vis de la réalité et s’enferment dans un aveuglement qui mènera à la douleur et à la mort. Le sublime apparaît donc par contraste avec la douleur. L’écrasement de l’homme apparaît ainsi comme le cœur de la pièce : en ce sens, il faut sûrement voir en le retour à la foi de Perdican lors du dénouement à une dernière tentative d’échapper à celui-ci. Camille s’inscrit dans la première génération de romantiques, avides de bonheur mais déçus par le réel, et ressemble à la sœur de René, dans Les Natchez de Chateaubriand qui choisit le couvent pour échapper aux tourments de la vie.
→ Les personnages de Blazius, Bridaine et Dame Pluche s’inscrivent dans la théorie romantique des grotesques, inspirée de Shakespeare. Les personnages de Blazius et Bridaine sont grossièrement comiques, se basant sur des défauts très proches du théâtre de rue : ivrognes, gourmands, égoïstes. Dame Pluche est sèche, maigre, et constitue l’archétype de la vieille femme. Ces personnages fantoches font ressortir par contraste la profondeur des sentiments des personnages principaux : le grotesque se mélange au sublime, et permet d’imiter le réel. Le drame permet d’harmoniser les contraires, comme il se croisent dans
→ Musset fait référence aux auteurs appréciés par les romantiques : référence à Lady Macbeth voyant du sang sur ces mains dans la scène finale, à Calderòn, auteur espagnol du XVIIe siècle apprécié par eux, quand Perdican déclare « la vie est elle-même un si pénible rêve » (référence La vie est un songe)
- L’orgueil
→ L’orgueil se manifeste d’abord chez la femme par la coquetterie, comme chez Marivaux. Camille est consciente de sa beauté et se place dans la posture de la belle dame sans merci qui soumet son chevalier à des épreuves. Elle joue ainsi l’indifférente lorsque que Perdican porte son intérêt sur Rosette.
→ L’orgueil se manifeste aussi par le mensonge et la manipulation : pour se venger de l’autre, les personnages n’hésitent pas à utiliser les autres personnages comme des outils de vengeance et s’opposent dans une lutte destructrice entre deux egos. Chacun a une opinion très avantageuse de sa propre valeur et ne se remet jamais en question. Ainsi, Perdican commence à inviter Rosette au château à l’acte I scène 4 et adopte alors la posture du libertin en réaction à sa blessure d’orgueil, alors qu’il ne ressent rien.
→ L’orgueil passe aussi par un amour propre sans limite : sans lui, Camille et Perdican ne seraient
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