Montrez que dans L’événement d’Annie Ernaux, la narratrice est présentée comme une battante
Dissertation : Montrez que dans L’événement d’Annie Ernaux, la narratrice est présentée comme une battante. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar DLMK17 • 7 Décembre 2025 • Dissertation • 945 Mots (4 Pages) • 1 345 Vues
Annie Ernaux, écrivaine récompensée du prix Nobel de littérature en 2022, livre dans son récit autobiographique L’Événement un regard introspectif et personnel sur la condition des femmes souhaitant avorter clandestinement dans les années 1960, cette pratique étant alors interdite par la loi. Issu du courant littéraire postmoderne, ce texte présente la narratrice de l’œuvre comme une battante. L’étude complète du récit permet d’observer la détermination de l’autrice à gravir l’échelle sociale, qui n’hésite pas non plus à mettre en péril sa santé et qui enfin refuse la fatalité de s’abattre sur elle.
À travers le récit de L’Événement, Annie Ernaux démontre sa détermination à gravir l’échelle sociale. Elle à la volonté de s’émanciper de son milieu populaire. Issue d’une famille modeste, elle décide de quitter cet environnement : « Première à faire des études supérieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais échappé à l’usine et au comptoir. » (p. 31) Son désir de s’extraire du milieu ouvrier est appuyé par l’emploi du verbe « échapper », qui souligne l’envie de vouloir s’enfuir d’un futur qu’elle ne désire pas et d’accéder à un milieu social plus élevé en allant étudier à l’université. Cependant, elle est terrorisée à l’idée de devoir abandonner ses études. Elle est abattue par sa perte de concentration : « Tantôt j’espérais être de nouveau capable de réfléchir […] tantôt il me semblait que l’acquis intellectuel était en moi une construction factice qui s’était écroulée définitivement. D’une certaine façon, mon incapacité à rédiger mon mémoire était plus effrayante que ma nécessité d’avorter. Elle était le signe indubitable de ma déchéance invisible. […] J’avais cessé d’être "intelectuelle". Je ne sais si ce sentiment est répandu. Il cause une souffrance indicible. » (p. 50) La crainte de tout perdre suite à cette grossesse non désirée est appuyée par l’emploi du champ lexical de la détresse qui amplifie le désespoir de ne plus être en mesure de continuer dans la voie qu’elle a choisi. Ainsi, la narratrice exprime sa volonté puissante d’évoluer socialement.
De plus, elle n’hésite pas à mettre en péril sa santé. Elle tente de trouver des solutions pour pratiquer seule son avortement. Résolue à se débrouiller, elle se procure un matériel de fortune chez ses parents : « Un lundi, je suis revenue de chez eux avec une paire d’aiguilles à tricoter que j’avais achetées, un été, pour me faire une veste, restée inachevée. De grandes aiguilles, bleu électrique. Je n’avais pas de solution. J’avais décidé d’agir seule. » (p.57) Cette solution extrême de pratiquer seul un acte inconnu et dangereux est représentatif du courage nécessaire à cette époque pour les femmes souhaitant à tout pris interrompre une grossesse en cours. De surcroit, les risques de l’avortement ne la découragent pas. Elle écoute L.B. lui détailler le processus qu’utilise Mme P.-R. pour pratiquer l’intervention : « Une femme sérieuse et propre, qui faisait bouillir ses instruments. Tous les microbes, cependant, n’étaient pas détruits par l’ébullition et L.B. avait attrapé une septicémie. Cela ne m’arriverait pas si je me faisais prescrire des antibiotiques aussitôt après […]. Tout paraissait
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