Synthèse de documents sur la religion

Sujet : « La Religion »

Durée : 3h00

Corpus

Document 1 : Extrait de Max Weber, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905

Document 2 : Extrait de Sigmund Freud, L’Avenir d’une illusion, 1927

Document 3 : Extrait de Karen Armstrong, Histoire de Dieu : Une histoire de 4000 ans de recherche dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, 1993

Document 4 : Photographie d’une cérémonie religieuse interconfessionnelle « Prière pour la Paix » de 1986

Première Partie : Questions (10 points)

Pour chaque question, une réponse développée et argumentée, s’appuyant sur des éléments précis des textes et de l’affiche, est attendue.

Question 1 : Documents 1 et 2
À partir des documents 1 et 2, expliquez comment les conceptions de la religion diffèrent chez Max Weber et Sigmund Freud.

Question 2 : Documents 2 et 3
En quoi les analyses de Freud et Armstrong sur le rôle de la religion pour l’individu et la société se complètent-elles ?

Question 3 : Documents 1, 3 et 4
Les documents 1, 3 et 4 montrent-ils que la religion peut être un moteur de cohésion sociale ? Développez votre réponse en vous appuyant sur des exemples des documents.

Deuxième Partie : Essai (10 points)

Vous traiterez, au choix, l’un des deux sujets d’essai suivants :

Sujet 1
La religion est-elle un facteur de division ou de rassemblement dans les sociétés contemporaines ?
Vous traiterez ce sujet de façon personnelle et argumentée en vous appuyant sur vos lectures, sur le travail de l’année, sur le corpus et sur votre culture personnelle.

Sujet 2
La religion répond-elle aux besoins fondamentaux de l’homme moderne ?
Vous développerez votre réponse de manière personnelle et argumentée, en utilisant le corpus, vos lectures et votre culture personnelle.

Corpus : « La Religion »

Document 1 : Extrait de Max Weber, L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1905

« La doctrine calviniste, en affirmant la prédestination, crée chez les fidèles un sentiment de profonde incertitude : chaque individu est, dès sa naissance, destiné au salut ou à la damnation sans pouvoir changer son sort. Cependant, dans leur quête de certitude, les croyants interprètent le succès matériel et la réussite professionnelle comme des signes de l’élection divine. Pour les calvinistes, le travail, loin d’être une simple activité humaine, devient un devoir sacré, une forme d’adoration au service de Dieu. En cultivant la discipline, l’austérité et le travail intense, les individus cherchent à confirmer leur statut d’élus. Cette éthique du travail rigoureuse encourage l’épargne, le réinvestissement, et rejette la consommation ostentatoire, ce qui, paradoxalement, contribue à l’accumulation de capital. En orientant la vie économique vers une rationalisation croissante, le calvinisme a favorisé un modèle de société où le capitalisme prospère grâce à une culture de l’effort et du contrôle de soi. C’est ainsi que, pour Weber, la religion protestante a exercé une influence indirecte mais profonde sur l’émergence du capitalisme moderne, en valorisant une éthique de vie qui s’accorde avec les exigences de cette nouvelle économie. »

Document 2 : Extrait de Sigmund Freud, L’Avenir d’une illusion, 1927

« Pour moi, les doctrines religieuses sont des illusions enracinées dans les désirs les plus profonds de l’humanité. Face aux forces de la nature, qu’il ne maîtrise pas et dont il ne comprend pas le sens, l’homme se tourne vers des entités divines pour trouver un refuge et un semblant de protection. Comme un enfant qui se sent rassuré par la présence d’un parent, l’homme crée Dieu pour combler ce besoin de sécurité et de réconfort. Mais la religion n’est pas seulement une forme d’apaisement psychique : elle a aussi pour fonction de donner un sens à l’inconnu, de justifier les épreuves de l’existence. Cette relation à la divinité est comparable à une névrose infantile que l’individu pourrait surmonter en développant sa rationalité et en acceptant la réalité sans ce soutien illusoire. La science et le progrès intellectuel offrent une voie pour se libérer de cette dépendance, permettant à l’homme de prendre en main son destin sans recourir à des croyances archaïques. Cependant, Freud reconnaît que cette autonomie psychique n’est pas facile à atteindre pour tous : l’homme éprouve un besoin persistant de croire, malgré la possibilité de l’émancipation par la connaissance rationnelle. »

...