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L’État d’Érythrée : Pourquoi son régime politique mérite-t-il cette appellation de « dictature » et comment cette dictature a été instaurée ?

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Par   •  4 Avril 2023  •  Compte rendu  •  2 103 Mots (9 Pages)  •  136 Vues

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 L’État d’ Érythrée

Tout d’abord situons l’Érythrée : L’Érythrée est un pays du nord-est de l’Afrique. L’Érythrée a pour voisins Djibouti au sud, l’Éthiopie à l’ouest, le Soudan au nord, et bordée à l’est par la Mer Rouge

°A présent, parlons de ce pays mystérieux, pourquoi donc son régime politique mérite cette appellation de « dictature » et comment cette dictature a été instaurée  ?

En effet l’Érythrée est dite être une dictature, rappelons d’abord ce qu’est une dictature :

→ Une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limitent.

A la tête du pays depuis l’indépendance en 1993, le Président Issayas Aferworki du Front Populaire pour la Démocratie et la Justice (parti unique issu en 1994 du Front populaire de Libération de l’Érythrée qui mena la lutte pour l’indépendance) concentre tous les pouvoirs. Le processus de démocratisation engagé en 1997 avec l’adoption d’une constitution est au point mort. Si l’Érythrée a, en effet, remporté son indépendance, elle n’a pas tenu ses promesses concernant le processus de démocratisation et la mise en œuvre d’une Constitution, bien au contraire. Après plus de trente ans de guerre avec leurs voisins éthiopiens, les érythréens se voient désormais lutter en silence contre leur propre gouvernement. Du fait de la création de camps de déportation, des tortures infligées aux opposants au régime d’Asmara, de l’obligation de l’enrôlement dans l’armée, de la censure médiatique et culturelle, il est possible de penser que l’Érythrée, pays marqué par les conflits, se voit aujourd’hui basculer dans une dictature sans précédent !

Le régime érythréen a supprimé la plupart des libertés et la situation des droits de l’homme y est très préoccupante : interdiction des partis politiques ; absence d’indépendance de la justice ; des prisonniers politiques toujours plus nombreux ; liberté de la presse et liberté syndicale inexistantes ; liberté de religion fortement encadrée ; arrestations et détentions arbitraires. 

Depuis la guerre contre l’Éthiopie entre mai 1998 et juin 2000, le service national est à durée illimitée. Il peut se dérouler au sein des forces armées érythréennes mais également dans toutes les administrations civiles.

Il existe 314 camps de détention dans le pays. Des centres de tri à la sortie des villes, des containers métalliques de cargos en plein désert, des camps de haute sécurité pour les politiques, comme celui d'Eiraeiro, à 50 kilomètres d'Asmara. Cellules, isolement, pas de visites, interrogatoires et torture à mort. Les camps militaires sont installés au milieu du désert, comme à l'époque de la lutte armée contre l'Ethiopie. Les militaires, enrôlés de force, vivent dans des conditions précaires, sont démotivés, facilement corruptibles par les passeurs. Ils s'entraînent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Il y a beaucoup de tortures que les agents de l'Etat font subir aux conscrits.

Ex : des personnes pendues par les bras à des arbres, d'autres, par terre, dénudées et contorsionnées à l'aide de cordes. Deux colonnes de militaires, l'uniforme avachi, encadrent une route poussiéreuse. Le témoigne dun érythréein affirme : «Ils enrôlent maintenant des hommes de 50, 60 ans, des enfants, des femmes» et on y pratique la technique de l'hélicoptère : le prisonnier, suspendu pieds et mains au plafond, tourne, les autres frappent : "Avoue !"

Ce pays dont le nombre d’habitants ne repose que sur des estimations ( entre 3 et 7 millions d’habitants ) est devenu un immense camp de travail forcé.

Le quotidien de l’Érythrée est fait de rafles, de torture, d'effroi, de milliers de situations terrorisantes : par exemple si un Érythréen est confronté à un chef de service, s'il n'a pas tous ses papiers en règle, si un membre de sa famille a pensé à fuir ou si un cousin a été vu aux Etats-Unis dans une manifestation, le système répressif et oppressif, très élaboré, lui rend la vie infernale. Mais alors pourquoi cette dictature pourtant cruelle n’est-elle pas autant médiatisé  que la Corée du Nord ? Pourquoi parlons-nous de dictature "inconnue" ? Tout simplement parce qu'il n'y a pas d'enjeux  autour de ce pays, pas de pétrole, pas de têtes nucléaires !

° Mais qui est réellement la grande figure politique qui domine le pays ?

En 1965, Issayas Afeworki commence des études d’ingénieur à l’université Haïlé-Sélassié d’Addis-Abeba. L’Érythrée ayant été annexée trois ans plus tôt par son voisin éthiopien, il décide rapidement de rejoindre les maquisards du Front de libération de l’Érythrée (FLE).

En 1967, le FLE l’envoie en Chine pour qu’il puisse y parfaire son apprentissage révolutionnaire. Il en revient séduit par l’idéologie maoïste et déterminé à poursuivre la lutte contre l’occupant éthiopien. Élevé au rang de commissaire politique, il fonde le Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), avec lequel il libérera Asmara en 1991.

Il a donc pris la tête du pays, après l'avoir mené à l'indépendance en 1993. Légende de la lutte armée du Front populaire de libération de l’Érythrée (FPLE), Issayas est comme nous l’avons vu précédemment un fervent maoïste (autrement dit un prochinois ) formé en Chine, c’est un leader des hauts plateaux, issu d'une classe populaire, un chef militaire, un survivant en guerre.

Mais en 2001, la figure populaire s'est transformée en tyran, il a fermé les frontières du pays, interdit les entreprises non étatiques, les médias et éliminé ses opposants.

C’est une personnalité très particulière. Son régime n'a pas l'extravagance de celui du Coréen Kim Jong-un, ni la corruption légendaire de celui d'Amin Dada en Ouganda.

Il assume ouvertement sa brutalité face aux instances internationales, se pose comme invincible, obsédé par la survie, considère que l’Érythrée est sa propriété, sa vie, sa chose.

D'où le surnom de «Corée du Nord de l'Afrique» souvent attribué à ce pays de l'Est africain.

Seule différence avec le régime nord-coréen, Issayas n'entretient pas de culte de la personnalité. Il a construit son autoritarisme sur la suprématie de l'identité érythréenne, sa force militaire populaire qui a vaincu l’Éthiopie en 1991. Aujourd'hui, l’Érythrée a basculé dans le camp des États voyous. Le dernier rapport du conseil des droits de l'homme des Nations unies, publié le 8 juin, dénonce «des violations des droits de l'homme systématiques et étendues», perpétrées par le pouvoir politique, et peut-être des crimes contre l'humanité.

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