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Les tensions sociales dans le royaume de France au XVIIe siècle

Dissertation : Les tensions sociales dans le royaume de France au XVIIe siècle. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2023  •  Dissertation  •  7 222 Mots (29 Pages)  •  274 Vues

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  1. - La France de Louis XIV -

Dissertation – Les tensions sociales dans la France du XVIIe siècle

        « Nous sommes ici en état de guerre sans guerre. » A travers ce constat établi par Guy Patin sur la diffusion de la violence au sein de l’espace civil, il est intéressant d’observer le cadre dans lequel vivent les Français au sein du royaume au XVIIe siècle.

        En Europe, la guerre de Trente Ans (1618-1648) constitue un sommet dans la barbarie. Il est néanmoins intéressant d’observer que la brutalité de cette guerre ne semble pas être la violence la plus extrême du point de vue français. En effet, la France est davantage préoccupée par les crises sociales qui surviennent à l’intérieur de son royaume. Ici, il faut entendre crises sociales dans le sens des soulèvements, des révoltes menés par des groupes sociaux. Néanmoins, il ne faut pas confondre révolte et révolution. Une révolution est un mouvement où la population menée par des leaders le cas échéant cherche à renverser le pouvoir afin d’instaurer un ordre nouveau, une réorganisation de la société et des institutions. Ce n’est pas le cas de la France qui elle fait face aux révoltes, qui sont des oppositions au pouvoir dût à un sentiment d’injustice sur des bases qui ne peuvent être acceptées car trop lourdes pour la population. Une révolte ne cherche en aucun cas à acheminer des idées nouvelles mais de s’opposer à des mesures vécues comme violentes afin de rétablir un ordre ancien vécu comme plus juste. Ces révoltes s’inscrivent tout au long du XVIIe siècle, ce qui lui vaudra en partie le titre de « Grand Siècle ». Le « Grand Siècle » est un siècle d’émotions urbaines et rurales dans ce domaine. En France, les historiens font commencer le XVIIe siècle avec l'assassinat du roi Henri IV en 1610 et le font terminer avec la mort de Louis XIV en 1715. Et durant cette chronologie, on observe un millier de soulèvements populaires et nobiliaires sous les règnes d’Henri IV, Louis XIII, des ministériats de Richelieu et Mazarin et Louis XIV (surtout dans la première moitié du siècle). Au XVIIe siècle, on peut distinguer 7 grandes vagues de révoltes (1602, 1618, 1635-1637, 1638-1645, 1648-1653, 1661-1665, 1675), sans parler des faits plus isolés. Les régions les plus affectées au XVIIe comme au XVIe siècle sont l'Ouest et le Sud-Ouest du royaume. Pendant le règne de Louis XIII (1610-1643), il ne se passe pas une année sans expédition contre des sujets révoltés ou sans la découverte d'un complot, suivi de poursuites judiciaires et parfois aussi de prises d'armes. La minorité du roi, les incertitudes d'une période de régence, le gouvernement des favoris, ne sont pas étrangères à l’intensité des événements ni à leur fréquence. A l’époque même de son prédécesseur, Henri IV a vécu les dernières années dans la hantise du complot. Non pas dans la crainte d'un attentat préparé par ses anciens ennemis du temps de la Ligue mais dans celle de la trahison de ses proches. En 1602, Henri IV fait juger et exécuter le maréchal de Biron, coupable de négociations secrètes avec l’Espagne. Deux ans plus tard, il fait emprisonner Charles de Valois, comte d'Auvergne, et, en 1606, il conduit une armée contre le duc de Bouillon, qui s'est fortifié dans sa principauté de Sedan. A sa mort en 1610, sous le couteau de Ravaillac une enquête conclut qu'il a été la victime d'un fanatique isolé mais une thèse du complot circule. Cette hantise du crime de lèse-majesté et de la trahison durera longtemps encore et ressurgira chez les autres rois du XVIIe siècle, notamment durant le règne personnel de Louis XIII. Elle révèle la fragilité d'un pouvoir absolu en droit, mais menacé dans les faits jusqu'au cœur de son territoire. Il est cependant nécessaire de montrer que cette fragilité prendra fin à partir durant le règne personnel de Louis XIV (1661-1715), qui par esprit de vengeance face aux abus qu’il a subi des Grands du royaume durant sa minorité, rétablira l’autorité royale au sein du royaume. De la capitale aux plus lointaines provinces, ce monarque se présente comme seul maître ainsi que vainqueur face aux révoltés, même s’il faut noter certaines persistances de leurs parts face à sa fermeté.

        Il est donc intéressant de s’interroger à la question suivante : En quoi les crises sociales permettent l’étude des contestations et des revendications contre les institutions du pouvoir royal, ou à l’inverse une fermeté de sa part au sein du royaume de France au XVIIe siècle ?

        Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier lieu les désordres causés par les Grands du royaume ; Puis nous observerons le temps des révoltes antifiscales. A noter que ces deux premières parties s’inscrivent davantage sur la première partie du XVIIe siècle (1610-1661) ; En ce qui concerne, nous nous attacherons davantage sur la soumission à l’obéissance de la part des révoltés durant la seconde période du XVIIe siècle face au pouvoir royal (1661-1715).


        

        Durant ce « Grand siècle », il est important de montrer qu’il ne faut pas se faire avoir par l’image des « paysans en colère, armés de fourches et de torches », réclamant justice et embêtant tant la royauté, car en réalité,  les révoltés qui ont mené une véritable déstabilisation de l’institution royal ne sont pas de basses origines, mais des Grand du royaumes, délivrant des révoltes nobiliaires des plus brutales.

        En fait, dans le cadre des révoltes nobiliaires, dites de sangs bleus par certains historiens, il n'y a pas de frontières nettes entre les menées souvent secrètes des courtisans qui cherchent à accéder à des positions prestigieuses et lucratives, les conjurations nobiliaires qui préparent, l'assassinat ou la relégation d'un ministre honni et les prises d'armes qui réunissent des armées commandées par des «mécontents» qui ont réussi à enrôler leurs amis, leurs clients (dont la prospérité dépend en grande partie de la puissance de ces patrons), leurs dépendants levés dans leurs fiefs et sur leurs terres. Dans tous les cas, ces désordres respectent les formes habituelles de la domination. En cas d'action armée, les troupes, dont le noyau est constitué de professionnels. doivent, sous peine d'échec immédiat, impérativement bénéficier d'appuis, de soutiens qui reproduisent la pyramide sociale au sommet de laquelle se tient le chef Celui-ci quitte la cour pour faire éclater l'ampleur de son mécontentement, qui tient à une insatisfaction personnelle présentée comme une injustice ou à des options politiques différentes de celles du gouvernement (le plus souvent aux deux). Il se retire dans ses terres ou bien, de manière plus significative encore, dans une place forte du territoire qu'il administre comme gouverneur ou lieutenant général. De là, il s'emploie à faire rédiger un manifeste qui présente son action sous un jour avantageux et à mobiliser tous ceux dont il espère le soutien. Le recours à un tel scénario est facilité par l'accumulation des franchises, privilèges qui multiplient les situations de quasi- autonomie des puissants et confondent leur rôle d'agents de L’État et leur rayonnement de grands notables locaux.

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