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Les régimes totalitaires

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Par   •  1 Avril 2018  •  Cours  •  3 906 Mots (16 Pages)  •  774 Vues

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Introduction

Dans son ouvrage, De la Grande Guerre au totalitarisme, la brutalisation des sociétés européennes (1990), l’historien George Mosse affirme que les sociétés européennes sont victimes pendant la Première Guerre mondiale d’un processus de « brutalisation ». Il défend l’idée selon laquelle l’extrême violence expérimentée pendant le conflit a des répercussions sur la société d’entre-deux-guerres, qu’elle a engendré la violence politique et sociale et serait à l’origine de la montée en puissance des régimes totalitaires dans les années 1930.

 Par « régime totalitaire » ou « totalitarisme », on entend un régime fondé sur une idéologie et caractérisé par un encadrement de la société, la pratique de la Terreur, la concentration du pouvoir entre les mains de la police, la volonté de modeler un homme nouveau, l'ambition de dominer le monde. Cette définition est donnée par la philosophe Hannah Arendt dans un livre intitulé Le système totalitaire (1951). Il désigne trois régimes européens de l’entre-deux-guerres : le fascisme mussolinien (1922-1944), le communisme stalinien (1928-1953) et le national-socialisme hitlérien (1933-1945). Il s’agit ici de comparer les trois régimes afin de dégager leurs points communs mais aussi leurs spécificités. On peut dès lors se demander : en quoi les régimes fasciste, nazi et soviétique sont-ils à la fois des frères jumeaux, unis par des pratiques identiques, et des frères ennemis, distingués par des idéologies diamétralement opposées et destinés à s’entre-détruire ?

I] Des idéologies opposées

Problématique : En quoi l’idéologie joue-t-elle un rôle capital dans la mise en place des totalitarismes et quelles sont les grandes idéologies totalitaires ?

1) Le fascisme : entre extrême droite et extrême gauche

        a) Le fascisme italien 

        Dans les années 1900, la France est soumise à d’importantes poussées nationalistes, qui empruntent à l’extrême-gauche l’intérêt pour la classe ouvrière, le rejet du capitalisme et l’idée de révolution. Cette dernière doit permettre de renverser le régime capitaliste et d’instaurer un régime autoritaire. Cette thèse est défendue par l’historien israélien Zeev Sternhell. Les nationalistes italiens vont encore plus loin que leurs homologues français : ils transposent le modèle de la lutte des classes dans le domaine international et sont partisans d’une politique conquérante. Ce nationalisme italien emprunte donc à la fois au nationalisme français, au socialisme marxiste et au Risorgimento (désigne l’ensemble des courants italiens nés en 1848 et qui ont cherché à unifier l’Italie). En ce début de siècle, le futur Duce est membre du parti socialiste italien. En 1914, il est exclu de ce parti en raison de ses positions interventionnistes et belliqueuses. Mussolini pense que le pays sortira grandie de ce grand conflit européen. Lorsque l’Italie, en 1915, rejoint la Triple Entente, un grand nombre de militants de gauche s’engagent pour combattre et défendre la patrie. A la fin du conflit, Mussolini rassemble un grand nombre d’anciens combattants toujours séduits par la perspective révolutionnaire. Il fonde en 1919 son propre parti politique : les faisceaux italiens de combat. Parallèlement à la création du parti, des escouades fascistes, les squadre, font leur apparition. Dans le programme de Mussolini, on retrouve : proclamation de la République, institution du suffrage universel avec vote des femmes, participation des travailleurs à la gestion des entreprises, remise de la terre aux paysans. Cependant, à la différence du socialisme, la révolution fasciste vise à mettre en place un régime inégalitaire et méritocratique. Autre différence de taille : le fascisme est belliqueux et nationaliste. C’est là l’un des aspects essentiels du fascisme : une idéologie à la fois révolutionnaire d’extrême gauche et contre-révolutionnaire d’extrême droite. Mussolini joue continuellement sur deux tableaux : d’un côté il est à l’origine d’une agitation révolutionnaire, de l’autre il se lance à la conquête légale du pouvoir par la voie parlementaire. Mussolini et les fascistes proposent également de mettre en place un pouvoir fort, dirigé par un chef qui s’imposera de lui-même et dirigera le pays. Il met donc en place, autour de lui, un véritable culte de la personnalité.

        b) Le nazisme

        L’idéologie nazie, présentée en 1925 dans Mein Kampf, est fasciste. Le nom du parti (N.S.D.A.P., Parti national-socialiste des travailleurs allemands), montre bien la double influence, à la fois nationaliste (pouvoir fort, patriotisme, éloge et purification de la race allemande) et socialiste (intérêt pour les ouvriers, hostilité envers les anciennes élites et notamment la bourgeoisie).  Comme son homologue italien, le fascisme allemand est impérialiste et se donne pour objectif de conquérir de nouveaux territoires. Dans Mein Kampf, Hitler développe ainsi une doctrine conquérante : l’Allemagne, à l’étroit dans ses frontières, a besoin d’un « espace vital » et doit étendre son territoire par la force en direction de l’Est, peuplé de Slaves jugés inférieurs. En fait, Hitler projette de former une « Grande Allemagne », regroupant tous les peuples de culture et de langue allemandes. Il existe néanmoins une différence importante entre le fascisme italien et le nazisme allemand. Le second est intrinsèquement raciste et affirme explicitement l’idée d’une hiérarchie des races. Dans Mein Kampf, Hitler affirme ainsi la supériorité de la race aryenne. Les Juifs sont considérés comme un groupe néfaste, dangereux pour les aryens et donc à éliminer.

2) Le communisme stalinien : le marxisme-léninisme

        Staline reprend les présupposés et les objectifs de la philosophie de Marx. Il s’agit d’un socialisme scientifique, fondé sur une analyse approfondie de la réalité économique et sociale et dont la réponse est argumentée et réaliste. Les grands principes marxistes sont exposés en 1847 dans le Manifeste du parti communiste. L’histoire de l’humanité est depuis son commencement l’histoire d’une « lutte des classes », d’un combat entre deux « classes », les exploitants et les exploités. Au XIX° siècle, à l’époque où Marx rédige son traité, cette lutte des classes oppose une bourgeoisie oppressante à un prolétariat exploité. Au XX° siècle, la situation n’a guère changé. Pour mettre fin à cette exploitation, il est donc nécessaire de faire une révolution qui doit déboucher sur la mise en place d’une « dictature du prolétariat », période de transition au cours de laquelle la majorité ouvrière opprime la minorité bourgeoise. Lénine définit ainsi ce gouvernement révolutionnaire : « un pouvoir conquis et maintenu par la violence, que le prolétariat exerce sur la bourgeoisie, pouvoir qui n’est lié par aucune loi. » Une fois cette phase terminée, les ouvriers supprimeront la propriété privée et collectiviseront les terres, mettant ainsi en place une société égalitaire dans laquelle chacun reçoit la même chose. Point commun avec l’idéologie fasciste : le communisme est impérialiste. L’ouvrage de Marx s’achève sur la célèbre formule : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Il s’agit donc d’exporter la révolution dans l’ensemble des pays du monde. Cependant, à la différence du fascisme, l’impérialisme n’est pas nationaliste mais internationaliste.

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