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Le temps des réformes en URSS 1953-1991

Lettre type : Le temps des réformes en URSS 1953-1991. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Novembre 2013  •  Lettre type  •  3 889 Mots (16 Pages)  •  755 Vues

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Le temps des réformes en URSS

1953-1991

La disparition de Staline (5 mars 1953) marque, au milieu chronologique des sept décennies d’existence de l’Union soviétique, une étape décisive, la fin d’une époque, sinon la fin d’un système. En quelques années, l’Union soviétique passe d’un système qui peut être qualifié de totalitaire à un système autoritaire et policier, qui conserve certains traits totalitaires, notamment la dictature du Parti qui continue à s’exercer au nom du marxisme-léninisme, doctrine « scientifique » seule capable de rendre compte du « mouvement de l’Histoire ». Mais, derrière les réalités et les apparences d’un système immuable, les espaces d’autonomie se développent ; une nouvelle société, des économies parallèles, héritées du passé (les lopins paysans individuels) ou révélatrices des faiblesses du secteur d’État (les différentes formes de « marché noir »), des contre-cultures se constituent. Du milieu des années 1950 au début des années 1990, trois périodes s’individualisent : une décennie (1953-1964) de sortie du stalinisme, marquée par une tentative illusoire de « retour aux normes léninistes » ; deux décennies d’immobilisme politique (1964-1985), au cours desquelles le pouvoir politique, incapable d’impulser, de mobiliser, laisse filer une économie et une société qu’il sera impossible, lorsque viendra le temps des réformes, de rétablir ou de reprendre en mains ; six années de réformes accélérées (1985-1991), la « perestroïka », qui débouchent, contrairement au projet initial, sur l’implosion de l’URSS et sa disparition.

Les années Khrouchtchev sont à la fois celles de la sortie du totalitarisme stalinien – dépénalisation des relations sociales, fin des répressions de masse, déstalinisation mesurée – et celles des derniers grands mythes et des dernières mobilisations – « retour au léninisme », « construction du communisme », « campagne du maïs », « conquête des terres vierges ». L’échec des réformes khrouchtchéviennes, demi-mesures prises par un « homme du sérail », constitue un tournant, certes moins brutal que celui de 1953, mais néanmoins très important. Désormais, le pouvoir se contentera de gérer le quotidien plutôt que de mobiliser ou d’impulser, de maintenir le statu quo politique, social, économique, idéologique. Mais, dans un pays marqué par l’élévation générale du niveau d’instruction de la population, les seules méthodes policières de contrôle et de censure de l’information ne suffisent plus. Le pouvoir ne voit pas l’éclosion d’une société nouvelle, l’émergence d’une société civile. Quand, au milieu des années 1980, le nouveau secrétaire général du PCUS, Mikhaïl Gorbatchev, conscient de l’impasse dans laquelle se trouve le pays du « socialisme réel », tente d’impulser, d’en haut, une nouvelle réforme destinée à rendre plus efficace le système « sans en torpiller les valeurs », de libérer l’économie et la société du carcan du « système administratif de commandement » mis en place dans les années 1930, il déclenche une dynamique, faite de résistances et de débordements qu’il ne parviendra pas à maîtriser et qui, en quelques années, conduira à l’implosion du système et la disparition de l’URSS en 1991.

I. A la mort de Staline s’impose l’idée d’une réforme du système soviétique

A. Car la dictature et la terreur s’imposent à l’URSS et aux « pays frères ».

1) La dictature s’est en effet renforcée au lendemain de la guerre

Pendant la guerre, le régime dictatorial s’est un peu assoupli pour rallier tous les peuples contre l’Allemagne. Mais cette libéralisation est de courte durée. La guerre finie, Staline rétablit son système répressif et le climat de terreur et de méfiance d’avant-guerre. Par rapport aux années 30, la dictature se renforce. En effet, la période 1945-1953, marque l’apogée du pouvoir personnel et sans partage de Staline. Les organes constitutionnels et le PCUS ne jouent qu’un rôle secondaire. Staline cumule tous les pouvoirs, chef de gouvernement, chef des armées, secrétaire général du PCUS, chef de l’Etat. Il ne convoque qu’un seul congrès, en 1952, que pour porter le culte de sa personnalité à un niveau presque religieux. Juge absolu de la vie économique, politique, sociale et culturelle, il se veut le théoricien du socialisme : ses écrits et ses discours deviennent des dogmes. Staline ne tolère aucune opposition d’où une répression sans commune mesure.

2) La dictature s’exerce de multiples manières

Elle se manifeste surtout par la répression des tendances nationalistes : aucune aspiration nationale des peuples non russes n’est tolérée. Les peuples baltes et d’autres minorités sont durement réprimés; des milliers de déportés sont envoyés au Goulag. Pour Staline, le peuple russe doit être le peuple dirigeant et tous les autres doivent se réunir autour de lui et le glorifier. Toute culture non russe est interdite. La répression des minorités est aussi religieuse, surtout en Ukraine, beaucoup d’orthodoxes et de juifs sont persécutés. Des centaines d’intellectuels juifs sont arrêtés et même exécutés (pseudo "complot des blouses blanches" qui implique les médecins du Kremlin). A la suite de la Seconde Guerre mondiale, de nouvelles purges ont lieux dans l’armée. Elles visent surtout les généraux qui ont joué un rôle décisif dans les victoires soviétiques. Joukov, le libérateur de Berlin est exilé, car très populaire, les autres éliminés. Staline ne veut en aucun cas remettre en cause son prestige et sa popularité. La dictature intellectuelle s’exerce jusqu’à la mort de Staline, par le biais de son idéologue : Jdanov. Elle se caractérise par des directives données à tous les intellectuels et artistes pour leur imposer le "Réalisme socialiste". Toute création artistique doit avant tout servir la propagande du système et glorifier Staline. Jdanov orchestre toute cette propagande et s’en prend même aux musiciens, Chostakovitch, mais surtout Prokofiev auquel il fallait "donner une leçon de piano communiste". La science est mise au service du socialisme et doit se soumettre aux idées de Lyssenko, "botaniste" pseudo scientifique qui avait les faveurs de Staline. Il affirme que la nature doit obéir à l’homme d’où le projet utopique de détournement de l’Ob vers la Mer d’Aral et la Caspienne. Mais plus grave encore, Lyssenko affirme "l’hérédité des caractères acquis" et fait croire

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