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Le génocide tsigane en Europe

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Par   •  24 Mars 2014  •  Étude de cas  •  4 095 Mots (17 Pages)  •  733 Vues

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Le génocide tsigane en Europe

Marie-Christine HUBERT

Les Tsiganes ont de tout temps été persécutés par les Etats et ce tant en Europe Orientale qu'en Europe Occidentale. Ils ont été réduits en esclavage en Roumanie, mis aux galères en France et déportés dans les colonies en Angleterre. Ils étaient persécutés parce qu'ils étaient différents, différents par leur apparence, différents par leur mode de vie et différents par leur culture. Ces persécutions atteignirent leur paroxysme pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Nazis entreprirent de les exterminer jugeant qu'ils étaient indignes de vivre dans la nouvelle société qu'ils s'apprêtaient à construire au motif qu'ils étaient des asociaux irréductibles de par leur appartenance à une race "hybride" et inférieure.

Ces persécutions ont pris des formes différentes selon les pays : internement, stérilisation, massacres, déportation et extermination dans les chambres à gaz. Le camp d'Auschwitz est connu de tous pour symboliser le génocide des Juifs, ce fut aussi le camp dans lequel furent exterminés la plupart des Tsiganes.

Allemagne

Depuis la fin du XIXème siècle, les Tsiganes allemands, majoritairement sédentaires, étaient devenus l'objet de toutes les attentions de ceux qui dénonçaient le "fléau tsigane" (anthropologues, linguistes, folkloristes) et notamment des services de polices qui entreprirent de les recenser et de les mettre sous étroite surveillance. Ces mesures n'avaient qu'un seul objectif : marginaliser toujours plus les Tsiganes.

L'arrivée des Nazis au pouvoir ne marqua pas une rupture avec la politique précédemment poursuivie. Ils achevèrent de fédérer les différentes législations anti-tsiganes des Länder, assimilèrent les Tsiganes aux asociaux, ce qui leur permit de toucher les sédentaires et mirent au point une définition raciale des Tsiganes devant permettre l'éradication définitive du "fléau tsigane".

Depuis le XIXème siècle, la "race tsigane" était présentée comme une race étrangère et inférieure. Les Nazis définissant la citoyenneté allemande d'après des critères raciaux entreprirent de définir racialement les Juifs et les Tsiganes afin de les exclure de cette citoyenneté. Le Centre de recherches en hygiène raciale et biologie des populations créé en 1936 au sein des Services de Santé du Reich mais dépendant du ministère de l'Intérieur et dirigé par le docteur Robert Ritter reçu la mission de recenser tous les Tsiganes du Reich en utilisant l'anthropométrie et la généalogie. En 1944, 30 000 expertises avaient été établies ; la quasi-totalité des Tsiganes du Reich avaient été recensés et fichés. Les données accumulées lors de ces expertises permirent au docteur Ritter d'établir une classification précise des Tsiganes en août 1941.

"Z (Zigeuner) : Tsigane (c'est-à-dire de véritable et pur sang tsigane).

"ZM + ZM (+) (Zigeunermischling) : Plus qu'à moitié tsigane (c'est-à-dire métissé, mais au sang tsigane prédominant).

"ZM (Zigeunermischling) : Semi-tsigane (à part égale de sang tsigane et de sang allemand). Cette catégorie se subdivise elle-même en deux sous-groupes :

1) "ZM de premier degré", dans le cas où l'un des parents est pur tsigane et l'autre allemand.

2) "ZM de second degré", dans le cas où l'un des parents est "ZM du premier degré" et l'autre allemand.

"ZM_ ou ZM (_) (Zigeunermischling) : Plus qu'à moitié allemand (c'est-à-dire métissé, mais à sang allemand prédominant).

"NZ (Nicht-Zigeuner) : Non-Tsigane (personne à considérer comme étant de sang allemand)." 1

Le Centre de recherches en hygiène raciale considérant qu'une majorité des Tsiganes était en fait des métis (Mischling) concluait qu'ils étaient des asociaux par leur mode de vie et une race hybride par leur métissage biologique, ce qui impliquait qu'aucune "rééducation" n'était possible. L'équipe du docteur Ritter proposait d'ailleurs de tous les stériliser pour solutionner la question tsigane. Peu à peu, les Tsiganes subirent le sort réservé aux Juifs : les mariages mixtes furent interdits, les enfants exclus de l'école, les adultes de l'armée, les travailleurs soumis à un impôt spécial, etc.

Les Nazis n'ont pas attendu de disposer d'une législation raciale pour persécuter les Tsiganes. Ils parachevèrent la politique de sédentarisation en internant les Tsiganes dans des camps communaux.

"Ces camps furent créés à l'initiative des autorités municipales ou de polices locales, sans qu'il ait existé au préalable de cadre juridique formel. Le caractère de ces camps et les conditions de vie des Tsiganes, qu'on internait par famille, furent par conséquent très variables. Tous ces camps ont en commun d'avoir servi, au départ, à l'internement des Tsiganes qui habitaient dans des roulottes placées sur des aires de stationnement ou dans des baraquements, et qui, de ce fait, correspondaient le mieux aux préjugés racistes. Ceux qui vivaient comme tout le monde, sans se faire remarquer par leur mode de vie, ont cependant été internés à leur tour dès lors qu'ils furent recensés en tant que Tsiganes sur la base de critères raciaux. Mais l'objectif généralement poursuivi était la concentration de tous les Tsiganes d'une ville ou d'une région dans un camp." 2

Le premier camp tsigane fut organisé à Cologne en avril 1935. Le 6 juin 1936, un "Décret pour la lutte contre le fléau tsigane" déclara illégales les expulsions reléguant les Tsiganes à la périphérie des villes et exigea des autorités "la sédentarisation des Tsiganes en un lieu déterminé" afin d'en faciliter la surveillance par la police. Un grand nombre de villes se servirent de ce décret pour justifier la création de camps tsiganes. En juillet 1936, les 600 Tsiganes de Berlin dont la présence était indésirable pendant les Jeux Olympiques furent internés dans un camp situé à la périphérie de la ville. Le "Décret pour la lutte préventive contre l'infestation tsigane" du 8 décembre 1938 ordonnant leur sédentarisation pour

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