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Le Moyen Orient

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Par   •  21 Avril 2014  •  9 107 Mots (37 Pages)  •  740 Vues

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La politique américaine au Moyen-Orient

.: le 13 janvier 2011

Dans un texte clair et fourni, Vincent Fromentin analyse les intérêts des Etats-Unis dans la région moyen-orientale, où leur présence s’est progressivement accentuée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Si le Moyen-Orient est marqué à partir des années 50 par la fin des pré carrés coloniaux européens et le positionnement des États-Unis pour le contrôle de l’énergie, on observe un basculement de la donne géopolitique. Alors que les États-Unis étaient favorablement perçus comme l’émancipateur du joug des colons européens en garants puissants de la démocratie, leur aura s’émousse progressivement.

1. D’une rivalité anglo-américaine à un positionnement stratégique face à l’URSS (1919-1979)

1.1. Le point de départ : une rivalité économique entre européens et américains (1919-1945)

La création du personnage de Zorro, en 1919, par Johnston McCulley symbolise parfaitement l’Amérique partant en croisade, dès après que le Congrès le 6 avril 1917 ait voté l’entrée en guerre, pour sauver la démocratie mise en péril par les pays de la Triple Alliance en Europe. Il s’agit d’une rupture par rapport au principe de neutralité, affichée dès le 4 août 1914 par Wilson, qui marque l’inexorable engagement américain dans les affaires internationales.

En réalité, Wilson est tout à fait conscient de l’affaiblissement des grandes puissances contemporaines. Il pense profiter de la conflagration européenne pour proposer l’idée d’une organisation internationale, projection de la démocratie incarnée par les États-Unis, afin de limiter les risques politiques de leur engagement commercial dans le monde.

Ces années 20 sont marquées par le formidable élan de leur économie et de leur industrie. Ce dynamisme leur permet de se positionner dans l’Europe affaiblie mais aussi sur les traditionnelles chasses gardées des colonies, notamment au Moyen-Orient.

En 1916, constatant le délitement continu de l’« homme malade de l’Europe » (indépendance de l’Égypte, conquête française de l’Algérie, indépendances des Balkans, conquête séoudiene de la péninsule arabique), Georges Picot et Marc Sykes, concluent un accord secret garantissant la mainmise des Français sur la Syrie et le Liban et des Anglais sur l’Irak.

En Irak, ce sont donc les troupes britanniques (l’armée des Indes) qui contrôlent le pays, après avoir combattu les troupes de l’Empire Ottoman durant la Première Guerre. Avec l’Iran, par l’intermédiaire de l’Anglo-Persian Company, l’Irak constitue la principale ressource pétrolifère connue de l’époque.

Mais les États-Unis font pression pour participer au capital de la Turkish Petroleum Company, arguant qu’il s’agit d’une prise de guerre. De plus, ils s’assurent un contrôle total du pétrole nouvellement découvert sur le territoire saoudien dès 1934 (avec la Standard Oil of California, Texas et Mobil, futur ARAMCO). Après Yalta, la rivalité anglo-américaine se transforme en positionnement stratégique face à l’URSS.

1.2. Le positionnement stratégique face à l’URSS (1945-1958)

En 1945, Roosevelt et Ibn Saoud concluent l’accord de Quincy qui garantit un soutien indéfectible des américains à la péninsule en échange des concessions pétrolières. Une base américaine est d’ailleurs implantée au milieu de cette zone, à Dahran. Mais, les États-Unis glissent d’une vision strictement sécuritaire des impératifs énergétiques à une appréhension idéologique plus globale des enjeux face au bloc communiste attiré par les mers chaudes du Sud (Mer Noire, Mer Caspienne). C’est cette conception qui les impliquera dans le Plan de Partage de la Palestine de 1947 afin de faire d’Israël un relais régional et un pivot stratégique, clairement affirmé en 1967 lors de la Guerre de Six-Jours. Ce partenariat avec Israël est durable, quel que soit le type de gouvernement en place, contrairement aux autres états arabes pro-américains, trop soumis aux aléas conjoncturels. Il peut s’expliquer en partie par la très grande influence –encore actuelle– du lobby pro-israélien, l’American-Israeli Public Affairs Committee (AIPAC), sur les décisions stratégiques des États-Unis.

La crise de Suez en 1956 marque l’éviction des vieilles puissances européennes du Moyen-Orient et l’émergence des nationalisme égyptien (Nasser) et iranien dès 1951 (Mossadegh) qui reçoivent le soutien soviétique.

L’URSS de Staline revendique la zone de Trébizonde à la Turquie (mer Noire) qui pousse cette dernière à rejoindre l’OTAN. Le Pacte de Bagdad de 1955 signé entre l’Irak, l’Iran, le Pakistan, la Turquie ainsi que les États-Unis et la Grande-Bretagne tente de juguler ces aspirations soviétiques vers le Sud (notamment l’attrait de l’Égypte de Nasser et de la Syrie). Bénéficiant de l’appui soviétique, le premier ministre iranien, le Dr Mossadegh, cherche à évincer le Shah. Les services secrets américains, craignant une nationalisation de l’Iran Petroleum Company, organisent un coup d’état qui écarte définitivement Mossadegh en 1953. Avec le ralliement de la Turquie à l’espace pro-américain l’année précédente, ce sont les deux pays non arabes du Moyen-Orient (Iran et Turquie) qui assurent les verrous territoriaux stratégiques face à l’URSS.

Sur le plan militaire, les États-Unis sont de plus en plus convaincus que la supériorité d’Israël face aux états arabes pro-soviétiques est essentielle dans la géopolitique de la région. Pour cette raison, les États-Unis soutiennent Israël en 1967 mais aussi en 1973, lorsque la Syrie et l’Égypte décident d’attaquer conjointement pendant le Kippour. Néanmoins, de son côté, l’Arabie Saoudite de Fayçal voit de plus en plus d’un mauvais œil le soutien américain invétéré à Israël dans le conflit arabo-israélien en gagnant de plus en plus d’autonomie face aux États-Unis et en finançant ouvertement des groupes palestiniens marxistes et radicaux.

1.3. Les contestations de l’empire américain (1958-1979)

L’empire américain construit au Moyen-Orient commence à s’affaiblir et à être contesté par les élites. Le gouvernement nationaliste du Parti Baas en 1958 en Irak, le rapprochement de l’Irak et de l’Iran (accords d’Alger de 1975) et le détachement progressif de l’Iran du glacis bâti par les États-Unis, la récusation de la politique américaine par Fayçal conduisent, en mars 1975, à l’assassinat de Fayçal par la CIA,

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