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LE POUVOIR MONARCHIQUE (France, Empire – XI au XIIIe)

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Par   •  23 Novembre 2020  •  Dissertation  •  6 534 Mots (27 Pages)  •  537 Vues

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LE POUVOIR MONARCHIQUE

(France, Empire – XI au XIIIe)

        Du XIème au XIIIème siècle, le royaume de France et l'Empire, nés de l'implosion de l'empire carolingien en 888, conservent un poids politique considérable en Europe.  Au XIe, les rois de France sortent cependant très affaiblis du processus de féodalisation et ne possèdent plus qu'un territoire extrêmement maigre, s'étendant de Paris à Orléans. Au contraire, l'Empire, qui regroupe trois couronnes (la Germanie, l'Italie du nord et la Bourgogne) possède une base géographique importante et un pouvoir monarchique très fort qui étant parvenu à résister à la à la féodalisation et à la fragmentation des pouvoirs. Tant en France que dans l'Empire, le pouvoir monarchique cherche  alors à composer avec cet état de fait et tente d'augmenter sa puissance, faible dans l'un et déjà très importante dans l'autre. Les deux pouvoirs monarchiques veulent en effet à se poser comme maîtres incontestés de leurs territoire qu'ils cherchent à étendre et luttent pour légitimer leur pouvoir face à leurs adversaires. Cependant, malgré certaines politiques communes, la France et l'Empire vont connaître de nombreuses divergences durant deux siècles. Si le pouvoir monarchique de France sort triomphant et puissant de cette période durant laquelle il s'est constamment renforcé, ce n'est pas le cas du pouvoir monarchique dans l'Empire qui, malgré ses rêves d'universalité, voit progressivement sa puissance s'étioler. Comment le pouvoir monarchique cherche-il à se légitimer en France et dans l'Empire du XIe au XIIIe siècle ? En quoi les méthodes déployées contribuent-elles à un déclin du pouvoir dans l'Empire et à l'arrivée d'un pouvoir puissant en France ?

        Si tant en France que dans l'Empire, le pouvoir monarchique est contesté et cherche donc à se légitimer, l'organisation et le contrôle du territoire ne rencontrent pas les mêmes limites. La différence majeure entre ces deux puissances reste cependant avant tout le contrôle des Hommes.

        Le pouvoir monarchique, de par sa volonté de se placer comme unique dirigeant du royaume, remet en cause le pouvoir  pontifical. Le pape se dit en effet élu par Dieu et, depuis la réforme Grégorienne, se situe à la tête d'une Église qui se structure comme une institution autonome, presque totalement indépendante de l'Empereur. Tout au long de la période du XIe-XIIIe, les rois se voient donc contraints de composer avec la papauté.  En 1107 a lieu un accord entre Philippe Ier et Pascal II obligeant le roi à céder certaines de ses fonctions, comme le droit de nommer les évêques, au profit de la papauté. Mais cela se passe relativement aisément car le pouvoir n'est pas extrêmement centralisé, le roi ne contrôle qu'en effet un tiers des évêchés et une soixantaine de monastères. Ce sont cependant surtout  la fin du XII et le début du XIIIe siècle qui sont marqués par le conflit entre le roi et le pape. Ce dernier se met en effet à intervenir de plus en plus fréquemment dans de nombreuses affaires du royaume, qu'elles soient ou non religieuses. Ainsi, lorsque le lendemain de son mariage le roi Philippe II divorce de Ingeburge de Danemark, le pape s'en mêle et jette l'interdit sur tout le royaume de France. Quelques années plus tard, en 1217, lorsque le futur Louis VII envahit l'Angleterre, il se fait excommunier par le pape car cette dernière est vassal du Saint Siège et le futur roi menace donc ses intérêts. Dans l'Empire, les relations avec la papauté sont encore tendues et les Staufen ne cessent de se confronter à cette dernière. Dans la deuxième moitié du XIe, un important clivage se forme en effet entre l'empereur Henri IV et le pape Grégoire IV. En 1073-75, ce dernier interdit à quiconque de recevoir la charge d'abbé d'un laïc et promulgue un texte « Dictatus papae » qui est constitué de 27 propositions qui manifestent la suprématie pontificale. Cela crée un conflit avec Henri IV car ce système d’Église contrôlé par le pouvoir impérial impériale menace tout le pouvoir de l'Empereur. Dans un premier temps,  ce dernier ne tient pas compte des décisions du pape et continue à nommer  les évêques. En 1076, Henri IV tient même le concile de Worms en Allemagne et dépose le pape. La même année, Grégoire VII répond et dépose Henri IV, délie les sujets de l'autorité de ce dernier et l'excommunie. Progressivement, l'épiscopat allemand Henri II qui, devant cet échec, n'a pas d'autre choix que de céder : en 1077 a lieu la pénitence de Canossa (Toscane). Henri IV demande le  pardon à Grégoire II et ce dernier lève l'excommunication. Toutefois de nouvelles tensions voient le jour : Henri IV est à nouveau excommunié par deux fois et entre 1080 et 1120, les Empereurs allemands font élire cinq antipapes, s'opposant par cela nettement à l'autorité du pape. Il faut attendre 1122 pour que l'on ait à faire à un compromis : le concordat de Worms. Celui-ci traduit la victoire de la papauté et de la réforme Grégorienne. L'empereur ne nomme plus les évêques et est créée une double investiture des évêques : anneau et crosse sont donnés par la pape (pouvoir spirituel) et l'épée est donnée par l'Empereur (pouvoir temporel). La réforme Grégorienne marque donc profondément l'Empereur qui se voit perdre une de ses fonctions importantes. Dans la deuxième moitié du XIIe siècle, Frédéric Barberousse parvient tout de même à tirer partie du concordat, notamment de la close stipulant  que les Empereurs peuvent être présents aux élections d'évêques et d'abbés et qu'en cas de désaccord, ils peuvent imposer leur candidat. La lutte entre les papauté et les Empereurs est donc toujours présente. Ces tensions se retrouvent lorsque la papauté soutient les villes assiégées par l'Empereur suite au mouvement communal, mouvement regroupant un ensemble de villes en Italie du nord, luttant pour devenir des organismes politiques autonomes. Alexandre III (1159-1181), alors pape, est en effet partisan de la fermeté contre l'empereur. Frédéric Barberousse fait donc élire des antipapes et en réplique, Alexandre III excommunie Barberousse. En 1167, les villes s'unissent entre elles (ligue Lombarde qui regroupe une vingtaine de villes d'Italie) contre l'Empire. Quelques années plus tard, en 1197, à la mort de Henri VI, les efforts de ce derniers sont réduits à néant, et il   s'ouvre une période de troubles où la papauté revient sur scène. Le pape Innocent III va en effet tout faire pour maintenir le désordre et abaisser l'Empire et les Staufen dans une situation de faiblesse et décide ensuite d'élire Otton IV de Brunswick, partisan des Guelfes qui sont pour la papauté car cela lui permet d'affirmer la supériorité de la papauté. Otton accepte en effet d'abandonner tous les droits prévus par le concordat de Worms. C'est ensuite sous le règne de Frédéric II que la Papauté et l'Empire se livrent à un véritable travail de propagande pour faire leur auto-promotion et dénigrer leurs adversaire respectif. Ainsi, Frédéric II insiste sur l'origine divine de son pouvoir et se pose comme l'instrument de Dieu, le pape n'a donc aucune légitimité à s'opposer à lui. A la fin de sa vie, il se pose même en imitateur du Christ car il souffre la « malice de ses opposants » qui usent de multiples ruses pour dénigrer ses actions les plus loyales. Quant au pape, Grégoire IX, il considère Frédéric II comme un hérétique, un instrument du mal et du démon. Frédéric II va ainsi se retrouver excommunié deux fois : en 1227 puis en 1239 lors de la bataille de Contennova durant laquelle le pape soutient les villes d'Italie. Cette dernière devient un grand champ de bataille des armées guelfes (partisans des Welf qui sont pour la papauté) et gibelines (partisans des Staufen),  car ni l'Empereur ni le pape ne veulent céder. La situation politique est totalement bloquée. En 1244-1249, lors du Concile de Lyon, le pape arrive finalement à déposer Frédéric II et à délier les sujets de l'autorité de ce dernier. L'opposition entre le pouvoir monarchique et la papauté est donc tant présent en France que dans  l'Empire mais en France, le pouvoir monarchique finit par se poser en maître suprême car les monarques refusent catégoriquement d'entrer dans le jeu du pape. La tension diminue finalement avec Philippe IV (1285-1324) et Boniface VIII (1294-1303). Philippe proclame le gallicanisme, doctrine politique prescrivant que le clergé doit obéir au roi avant d'obéir au pape. Au contraire, dans l'Empire, la papauté finit par triompher puisque lors du grand Interrègne (1250-1273) elle élimine tous les héritiers de l'ancien roi :  Manfred meurt en 1266 lors de la bataille de Bénévent, et Conradin en 1268 durant celle de Tagliacozzo. Leur mort permet de mettre une fin définitive aux empereurs Staufen.

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