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L'enracinement De La Culture républicaines En France Dans Les Années 1880-1890

Note de Recherches : L'enracinement De La Culture républicaines En France Dans Les Années 1880-1890. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Mai 2013  •  2 003 Mots (9 Pages)  •  1 223 Vues

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Les décennies 1880 et 1890 marquent une importante transition dans l'histoire de France. Elles terminent en effet un siècle où différents régimes politiques se succèdent sans qu'aucun ne semble être préféré par les Français. En effet, après un premier empire puis le rétablissement de la monarchie constitutionnelle, une seconde république cède à nouveau la place au Second Empire. Suite à la défaite de Sedan, les Français finissent par opter presque par défaut pour la république. Le nom du nouveau régime politique français n'est d'ailleurs pas écrit tout de suite dans les actes constitutifs établis par le Parlement. L'enracinement de la culture républicaine, c'est-à-dire non seulement son acceptation par l'ensemble des citoyens mais aussi son affirmation en tant que seul régime politique possible en France, pose donc problème. Comment faire des Français des républicains ? C'est à cette question que les premiers gouvernements de la IIIe République, dominés par des républicains libéraux et défenseurs du parlementarisme, vont répondre. Ils vont dans un premier temps affirmer leur idéologie républicaine et consolider la république face à ses opposants. Les premiers gouvernements vont également faire en sorte que la culture républicaine domine en établissant un large consensus politique par des mesures qui permettront finalement le triomphe de la République, désormais profondément ancrée dans les campagnes et indissociable de l'idée de patrie.

L'enracinement de la culture républicaine ne va donc pas de soi en 1880. La France des débuts de la IIIe République est dans une situation politique extrêmement difficile. Elle succède en effet au second empire dissous le 4 septembre 1870 après l'humiliante défaite de Sedan qui se termine par la capture de l'empereur Napoléon III et, finalement, la perte des deux départements français : l'Alsace et la Lorraine. Cette situation génère une crise politique en France car plusieurs tendances s'affrontent pour succéder à l'Empire : d'un côté les royalistes qui voudraient le retour d'une monarchie constitutionnelle, de l'autre les républicains modérés ou plus radicaux (issus de la commune de Paris) qui voudraient une république, et enfin les bonapartistes qui désirent le maintien de l'empire. La situation de l'empereur écarte ces derniers, minoritaires, du jeu politique mais le combat pour le pouvoir reste de mise entre royalistes et républicains.

Les républicains, surtout les plus radicaux, sont extrêmement hostiles au retour de la monarchie. Ils sont les défenseurs des idéaux issus de la Révolution française (1789) et des libertés fondamentales. Ils sont favorables au suffrage universel masculin (sur le modèle de 1848) et prônent une éducation des citoyens pour en faire des électeurs « éclairés ». Adepte du positivisme d'Auguste Comte, ils pensent que la science peut tout expliquer et défendent le progrès. De ce fait ils sont souvent anticléricaux, ou du moins considèrent que la religion n'explique pas tout. Les royalistes quant à eux sont beaucoup plus conservateurs et hostiles aux idées les plus progressistes. Ils soutiennent l'Église et souhaitent le retour de la monarchie mais sont cependant divisés entre les légitimistes (roi de la lignée des Bourbons) et les orléanistes (roi de la lignée des Orléans). Les royalistes étaient d'accord dans les années 1870 sur le Comte de Chambord, mais celui-ci n'a jamais accepté le drapeau tricolore, or à la fin du xixe siècle cette concession est essentielle pour arriver au pouvoir.

Ces divisions sont également le reflet des fractures au sein de la population française. Les grandes villes, et en particulier Paris qui s'est soulevé entre le 18 mars et le 28 mai 1871 (épisode de la Commune de Paris), sont plutôt favorables aux républicains. En revanche les campagnes sont beaucoup plus conservatrices et veulent surtout un gouvernement de maintien de l'ordre qui les rassure. Sans être opposées aux républicains les plus modérés elles ne sont pas hostiles aux royalistes qui symbolisent la tradition. Or la France reste un État majoritairement rural, ce sont donc les royalistes français qui ont eu le dessus par les urnes pendant les années 1870 grâce au vote des campagnes. Seules leurs divisions et leur incapacité à s'entendre sur le choix d'un roi les ont empêchés d'établir une monarchie. C'est même sous un président légitimiste (Patrice de Mac-Mahon) qu'a été votée la constitution de la IIIe République en 1875 ! Les républicains ont dû attendre 1879 pour obtenir une totale victoire électorale : il aura donc fallu 9 ans pour que finalement la république triomphe face aux royalistes. Cette situation explique la fragilité de l'enracinement de la République au début des années 1880. Ce régime est en effet handicapé par l'image des échecs des deux premières républiques et par les craintes inspirées aux électeurs des campagnes par les républicains les plus radicaux, défenseurs des idéaux révolutionnaires les plus progressistes et de la Commune de Paris. Pour obtenir l'adhésion à la République de l'ensemble des citoyens, y compris les plus réticents, les républicains au pouvoir optent donc pour une politique de compromis et une ligne modérée.

Pour parvenir à un consensus politique il faut en effet ménager les plus conservateurs et implanter profondément la culture républicaine. Les premiers gouvernements républicains de la IIIe République mettent donc en place une république modérée basée sur un régime parlementaire qui offre aux conservateurs la possibilité de s'exprimer. Ils vont dans un premier temps voter de nombreuses lois pour renforcer les libertés individuelles et faire progresser les droits. Ainsi, arrivés au pouvoir en 1879, ils entreprennent rapidement des réformes. Les lois sur la liberté de la presse et l'autorisation des réunions publiques sont votées en 1881. La liberté d'expression est ainsi renforcée. En 1884 ils autorisent les syndicats de même que le divorce. La même année la constitution est révisée et il est désormais impossible de revenir sur la forme républicaine du gouvernement. Une très importante loi sur les associations est votée en 1901 et réduit encore l'influence des congrégations religieuses tout en favorisant une nouvelle forme d'expression de la citoyenneté. Les républicains au pouvoir, bien que modérés, s'opposent en effet à l'influence de l'Église qu'ils veulent limiter par l'instruction de la population.

L'école laïque et la laïcisation de la société deviennent ainsi des objectifs majeurs. Parmi les mesures

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