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Concentré de cours d'histoire

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Par   •  25 Avril 2018  •  Cours  •  6 281 Mots (26 Pages)  •  491 Vues

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La puissance est classiquement définie par la « capacité d’une unité politique d’imposer sa volonté aux autres unités » selon Raymond Aron (Paix et guerre entre les nations, 1962) dans un système international dont les Etats sont les acteurs dominants et leurs interactions les phénomènes structurants. Par là-même, une grande puissance possède des capacités politico-militaires et une volonté interventionniste suffisamment affirmées pour exercer une influence à l’échelle mondiale. Cependant, cette approche classique privilégie les ressources militaires et le critère de la contrainte (hard power) dans la hiérarchisation des Etats et sous-estime d’autres ressources moins visibles relevant de la persuasion (soft power) comme les ressources économiques (marché intérieur dynamique, influence financière et commerciale…) et les ressources intangibles (maîtrise technologique, rayonnement culturel…) selon Joseph Nye (Bound to lead, the changing nature of american power, 1990).

Or, la fin du monde bipolaire de la Guerre froide et la mondialisation des échanges valorisent le soft power des grandes puissances alors que l’intégration de ces dernières dans des systèmes d’alliances et l’émergence de menaces asymétriques limitent l’impact de leur hard power. De fait, la remise en cause du leadership des grandes puissances est-elle provoquée par d’autres puissances usant d’une influence autre que militaire ou par des organisations non étatiques trouvant refuge dans les zones grises de la planète ?

Afin d’apprécier cette évolution de la notion de puissance à l’aune d’une géopolitique actuelle marquée par l’instabilité et la complexité des relations internationales, il convient dans une 1ère partie d’analyser l’hégémonie américaine depuis 1945, puis, d’esquisser dans une 2ème partie les traits de la puissance émergente de la Chine sous régime communiste depuis 1949, et enfin, de comprendre dans une 3ème partie le foyer de conflits que constituent le Proche et le Moyen-Orient depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

I. Les Etats-Unis et le monde depuis 1945

1. l’affirmation de la puissance américaine au lendemain de la Seconde guerre mondiale (1945-1947)

a. les Etats-Unis sont les grands vainqueurs de la Seconde guerre mondiale

D’une part, ils contribuent largement à la victoire des Alliés en Europe (débarquement en Normandie le 6 juin 1944) et en Asie (lâcher de 2 bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945) malgré un engagement tardif (suite à l’attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941) et au prix de pertes sévères (400 000 soldats morts).

D’autre part, ils sortent renforcés du conflit au détriment des puissances européennes : ils ont le monopole de l’arme atomique jusqu’en 1949 et détiennent 80 % du stock d’or mondial en 1945 grâce aux dettes contractées par les pays alliés auprès de l’ « arsenal des démocraties » durant la guerre.

Enfin, ils retirent de la victoire contre le nazisme un prestige immense à l’instar de l’URSS : leur modèle culturel (american way of life) fascine et imprègne une Europe en ruines.

b. les Etats-Unis sont les architectes d’un monde nouveau

D’une part, ils bâtissent un nouvel ordre politique mondial fondé sur le multilatéralisme : les conférences de Yalta (février 1945) et de Postdam (juillet-août 1945) rassemblent les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’URSS afin de dessiner les frontières d’une Europe démocratique après la guerre dans la continuité des principes édictés dans la Charte de l’Atlantique (14 août 1941) ; la conférence de San Francisco (avril-juin 1945) accouche de l’ONU (26 juin 1945) dont le siège est placé à Londres puis à New York, ce qui marque le déplacement du centre de gravité politique mondial de l’Europe vers les Etats-Unis.

D’autre part, ils bâtissent un nouvel ordre économique mondial afin d’assurer la reconstruction et de limiter l’impact d’éventuelles crises financières : les accords de Bretton Woods (juillet 1944) réunissent 44 pays afin de stabiliser les monnaies désormais adossées au dollar, seule monnaie convertible en or ; le FMI (juillet 1944) et la BIRD (27 décembre 1945) aident les pays en difficulté ; le GATT (30 octobre 1947) signé par 23 pays libéralise le commerce mondial en abaissant les droits de douane.

Enfin, ils bâtissent un nouvel ordre juridique mondial afin d’exorcise les horreurs de la guerre et d’étouffer l’esprit de revanche : un tribunal international juge les criminels de guerre nazis à Nuremberg (1945-1946) ; un tribunal militaire juge les criminels de guerre japonais à Tokyo (1946-1948) mais préserve l’Empereur Hiro-Hito afin de garantir l’unité du pays.

c. les Etats-Unis sont les leaders du « monde libre »

D’une part, ils reconstruisent un Japon en ruines : ils dotent le pays d’une nouvelle constitution qui lui interdit de se lancer dans une nouvelle guerre (1947) ; ils redressent son économie à l’aide du Plan Dodge (1949).

D’autre part, ils luttent contre l’influence soviétique dans une Europe divisée par un « rideau de fer » (expression de Winston Churchill en 1947) : le président Harry Truman prononce la doctrine du containment (mars 1947) et soutient la reconstruction de 16 pays de l’Europe occidentale grâce au Plan Marshall (juin 1947).

Enfin, ils structurent leur bloc dans la « Guerre froide » qui s’annonce (expression du journaliste Walter Lippman en 1947) : le Pacte atlantique (1949) renforce les liens entre les Etats-Unis, le Canada et les pays de l’Europe occidentale et est complété par l’alliance militaire de l’OTAN (1950) ; le traité de San Francisco (1951) rend au Japon sa souveraineté en échange de l’installation de bases militaires.

2. la superpuissance américaine dans le monde bipolaire de la Guerre froide (1947-1991)

a. les Etats-Unis affichent un fort leadership des années 1950 au milieu des années 1960

D’une part, ils disposent de grandes capacités militaires : leur prospérité (production de 33 % des biens de la planète avec 6 % de la population mondiale en 1955) permet de développer le « complexe militaro-industriel » (67 % du budget national en 1953), d’entretenir une armée conséquente (3 millions d’hommes en 1953) et de lancer la course aux armements.

D’autre part, ils interviennent en Asie car les pays décolonisés du Tiers-monde (expression d’Alfred Sauvy qualifiant les pays non alignés sur l’un ou l’autre

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