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Commentaire du texte de Gabriel Naudé "Quels sont proprement les coups d'Etat" Chapitre II

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Par   •  28 Novembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 874 Mots (12 Pages)  •  497 Vues

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Commentaire :

Le texte soumis à notre étude est un texte écrit en 1639 par Gabriel Naudé. Il s’agit d’un extrait du chapitre II, issu de l’ouvrage Considérations politiques sur les coups d’Etat. L’auteur est un bibliothécaire français, reconnu pour son érudition. Au cours de sa vie il est amené à voyager en Europe. Il mourra par ailleurs après avoir servi à la cour suédoise. Au cours de ses voyages il rencontre bon nombre de lettré de son temps avec qui il partage la même admiration pour les auteurs antiques et modernes ainsi qu’un attachement pour la science. En 1939, alors qu’il est en Italie, il publie l’ouvrage Considérations politiques sur les coups d’Etat dont est issu l’extrait que nous allons étudier.

La publication de l’ouvrage intervient sous le règne de Louis XIII, alors que le souverain tente d’affirmer son autorité face aux grands du royaume et face à la domination des Habsburg. Lors de la guerre de 30 ans, le roi affirme la place de la France sur la scène européenne et il s’applique à faire régner l’ordre à l’intérieur des terres, notamment face à sa mère Marie de Médicis . Après les efforts de Henri IV pour unifier le royaume, Louis XIII pulvérise les protestants et proclame la religion catholique comme religion d’Etat ce qui entrainera des révoltes protestantes comme à la Rochelle en 1627.

Dans ce texte Gabriel Naudé décrit ce que sont les coups d’Etat au travers de la notion de prudence. Le coup d’Etat est à comprendre dans le sens du XVIIème siècle c’est-à-dire un acte d’exception qui passe au-dessus des lois et des règles pour sauver l’Etat et assurer sa pérennité. La prudence est donc une sorte de raison pratique qui vise à assurer la stabilité de l’Etat Au travers des écrits de ces prédécesseurs (Lipse, Charron, Cicéron…) il en vient à montrer que la prudence est monnaie courante et qu’en plus elle est essentielle au fonctionnement de l’Etat. L’ouvrage apparait donc comme une sorte de guide pour le souverain sur la bonne manière d’effectuer son coup d’Etat. Cependant il reprend les qualités d’un bon souverain qui n’hésite pas à outrepasser la morale pour arriver aux fins de l’Etat et les interroge. D’où la problématique suivante : Est-il recevable que dissimuler, mentir, flatter soit une pratique admise et même nécessaire pour gouverner ?

Lors d’une première partie nous nous pencherons sur la thèse avancée par Juste Lipse que reprends l’auteur, puis dans un second temps nous verrons la pensée de l’auteur et comment diverge-t-elle de celle de Lipse, enfin nous verrons comment l’auteur justifie sa thèse et ce qu’est l’art de bien gouverner.

Le texte s’ouvre sur le début du chapitre II dans lequel il annonce qu’il va rentrer dans le vif du sujet : « pour ne pas demeurer toujours en préfaces » (l.1). Il commence par aborder la thèse de Juste Lipse, un philosophe et humaniste fondateur du stoïcisme catholique du siècle précédent Naudé. Pour Lipse, la prudence est « un choix et triage des choses qui sont à fuir ou à désirer » c’est-à-dire qu’il faut faire preuve de raisons dans nos actes et déterminer ce qui fera le bien et ce qui fera le mal. On retrouve ici une dichotomie très catholique entre le bon (Dieu) et le mal (le diable). Cette définition est donc conforme a celle que l’on prend dans les Ecoles, c’est-à-dire « une vertu morale qui n’a pour objet que la considération du bien ». Les Ecoles sont des établissements ecclésiastiques consacré à l’enseignement de la théologie et de la philosophie, par ces mots ils désignent donc une première définition de la prudence que l’on pourrait appeler la prudence pure. Or, on apprend par la suite que Lipse considère l’existence d’une deuxième prudence, qui l’appelle cette fois prudence mêlée et qui se caractérise par le fait qu’elle n’est « pas si pure, si saine et entière que la précédente ». Cette prudence mêlée et celle qui prend place « ordinairement dans les cours des princes » et qu’elle est liée aux « plus importantes affaires du gouvernement ». De ce fait, cette prudence bien qu’en apparence moins vertueuse que celle des Ecoles n’est pas moins honnêtes et qu’elle peut être « pratiquée comme légitime et permise ». Cette prudence la n’est donc pas à minimiser, elle est une chose nécessaire et cela s’explique par la définition que Lipse nous donne : « un conseil fin et artificieux qui s’écarte un peu des lois et de la vertu pour le bien du roi et du royaume ». On comprend donc que la santé du royaume vaut bien quelques écarts ce qui fait d’une prudence pure guidée par la raison, une prudence mélangée à des fraudes et des stratagèmes ce qui le place directement dans le sillage de Machiavel en reconnaissant que la prudence morale est forcément liée par la politique à de la fraude et de la tromperie . De ce fait Lipse définit 3 types de prudence mêlée. La première est un tout petit rien, elle est « de nulle considération » et elle inclut « la défiance et la dissimulation ». Cela peut se résumer par le manque de confiance et donc le soupçon ce qui conduit à cacher des choses à d’autres pour agir en secret. La deuxième de ces prudences est celle de la « conciliation et de la déception ». D’après Lipse c’est celle qui permet de s’acquérir « l’amitié et le service des uns , et de leurre, décevoir, et tromper les autres ». Il insiste sur le caractère nécessaire de ces actions malgré leur manque de vertu et d’honnêteté. On retrouve ici les traces du passage de Machiavel et de son ouvrage e Enfin, la troisième n’est absolument plus vertueuse et on tomber dans « la perfidie et l’injustice ». Ces 3 types de prudence sont comme une sorte de jauge d’acceptabilité du coup d’Etat. Il faut faire preuve d’une double prudence. D’abord une prudence vis-à-vis de la survie de l’Etat et agir en conséquence par le coup d’Etat mais aussi faire preuve de prudence par rapport à la réaction de ses sujets. Il est important de ne pas trop s’éloigner de la vertu. Comment l’envoyé de Dieu sur terre peut-il faire preuve de malice, la caractéristique par excellence du diable. Pour un auteur chrétien comme Lipse, faire preuve de malice et quelque chose qui compromet la pureté du souverain et par conséquent son intégrité ce qui lui apparait comme étant impensable pour un Homme.

Pour autant, Naudé ne semble pas satisfait de la définition de la prudence donnée par Lipse, il recherche la nature particulière de ces secrets d’Etat dans ce qui leur est « propre et essentiel ». Il dit vouloir « enfoncer tout d’un coup la pointe de notre discours », on peut voir ici la métaphore de la dague qui

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