Dissertation sur le Dauphiné

B) La Ligue d’Augsbourg : un ennemi puissant et revanchard

La Ligue d’Augsbourg est composée notamment de l’Espagne, des Provinces-Unies et du Saint-Empire qui ont connu des défaites face au Royaume de France durant les guerres de Hollande ou de Dévolution. De plus certains aspects de la politique étrangère de Louis XIV avaient particulièrement contribué à susciter cette alliance : politique des Réunions, de 1678 à 1681, agression française contre les Pays-Bas espagnols en 1683-1684, bombardement de Gênes en 1684. À partir de 1676, la politique anti-protestante menée avec acharnement qui aboutit à la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, soude le front des princes protestants. Guillaume III d'Orange qui vise le trône d'Angleterre de son beau-père Jacques II désire occuper Louis XIV sur le continent.

La guerre contre la France se déroule alors surtout dans le nord de l'Europe, notamment dans les Pays-Bas espagnols où les armées françaises commandées par le maréchal de Luxembourg remportent une série de victoires. Il s'agit alors pour les coalisés de la Ligue d'Augsbourg d'opérer une diversion en menaçant la France sur ses arrières, du côté de Grenoble et de Lyon. Victor Amédée II est donc pressé d'intervenir à partir du Piémont.  

Ainsi le ressentiment vis-à-vis de la France et de son souverain Louis XIV est un point commun entre les membres de cette alliance et peut être une certaine source de motivation supplémentaire pour ces derniers. Cela peut expliquer le fait que les alliés ne veuillent pas faire de traités par écrit comme on peut le voir dans la lettre de M. Bouchu aux lignes 11-12 : « ils ne veulent les faire que verbalement ». En effet ils désirent sans doute porter un coup très sérieux au royaume de France qui, à cette période, est le plus puissant d’Europe en lui soutirant une forte somme d’argent et en détruisant les habitations et les récoltes du Dauphiné.

1. A) Un territoire ravagé :

Suite au passage des troupes de la Ligue d’Augsbourg dans la région, le territoire du Dauphiné est ravagé. Les populations locales sont affamées car un nombre très important des récoltes agricoles et des réserves ont été prises ou détruites par les soldats ennemis. Il y aussi un problème de logement, en effet les soldats ennemis ne se sont pas arrêtés aux récoltes agricoles, ils ont aussi détruit et incendié de nombreux villages et habitations. La ville de Gap en est malheureusement un exemple « parfait », en effet sur les 953 maisons de la commune, 798 sont brulées et détruites par les envahisseurs. Ainsi de nombreux français se retrouvent sans domicile et sans ressources ce qui rend la survie très compliquée.

On retrouve cette idée de territoire saccagé, de populations affamées vivants dans des conditions de vie déplorables notamment dans la lettre de Vauban, aux lignes 34 à 36 : « les maladies et la faim tuent et tueront les trois quarts des peuples de l’Embrunois et du Gapençois ». Vauban précise même un plus tard, aux lignes 40-41 que : « de toutes les misères que j’ay vues en ma vie, aucune ne m’a tant touché que celle-cy. ». La situation des populations est aussi aggravée par le climat de l’époque, en effet mis à part les récoltes détruites par l’ennemi, la plupart des récoltes et des moissons sont catastrophiques durant l’année 1692 ce qui n’arrange évidemment pas les difficultés des victimes des envahisseurs.

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