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Conflits au Moyen Orient depuis 1948

Étude de cas : Conflits au Moyen Orient depuis 1948. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2022  •  Étude de cas  •  3 393 Mots (14 Pages)  •  657 Vues

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Moyen-Orient : violences, islamisme, rivalités de puissance, ressources : comment expliquer la densité de conflits et leur difficile résorption ?

  1. Que désigne l’expression « Moyen-Orient » ?

Au 19ème siècle, les puissances européennes utilisent l’expression « Question d’Orient » pour désigner leur implication, leur intense rivalité, dans les conflits intérieurs et les guerres de l’Empire Ottoman, et la part prise à son démembrement aboutissant à la création de la République Turque et des états arabes du Proche Orient au début des années 1920. L’enjeu était la protection de positions économiques et culturelles (route des Indes pour le Royaume-Unis), l’accès aux mers chaudes pour la Russie…

La France parle de « Proche Orient » au 19ème siècle mais le déplacement des problématiques vers le Golfe Persique conduit les USA à forger l’expression « Moyen-Orient » par le stratège naval Mahan. Son acception a évolué depuis et il reste un objet géographique mal défini, le « produit d’un imaginaire géopolitique ». La montée en puissance du terrorisme se réclamant de l’Islam a inclut l’Afghanistan dans la vision américaine. L’Europe a une vision plus restreinte qui compte les pays du Levant, la Turquie et l’Iran au Nord, l’Egypte au sud-ouest et la péninsule arabique au sud-est. Cet espace fonctionne comme un bloc géopolitique même s’il y a des dynamiques politiques communes dans les pays du Maghreb.

Sept millions km2, diversité des peuples, langues et religions. Mais l’espace moyen-oriental est un ensemble, des « forces cohésives » comme l’écrivait l’historien André Raymond à propos des provinces arabes de l’Empire Ottoman. Histoire commune, pour beaucoup une histoire ottomane, une unité culturelle, une unité due à l’ancienneté de la présence de l’Islam, de sa culture et de son système juridique.

  1. Les multiples facteurs de conflictualités

A : Une mosaïque de peuples et de religions :

A 1) Conflits Chiites VS Sunnites :

Assassinat du 3ème calife Othman, une branche des musulmans considère qu’Ali, le cousin de Mohammed doit devenir le 4ème calife. Pour eux, la succession doit revenir à un membre de la famille du Prophète.

Le gouverneur de Syrie revendique sa proximité avec le Prophète car il appartient à la même famille que le calife Othman. Son père a permis à Mohammed de reprendre la Mecque. Il considère que la vertu prévaut sur les liens du sang pour conduire la communauté islamique. Il accuse Ali d’avoir des liens avec les meurtriers du calife.

Bataille. Les adeptes d’Ali prennent le nom de « Chi’at » (= les partisans d’Ali) et nomment son fils un calife rival du gouverneur de Syrie. Il est obligé d’abdiquer et meurt, son frère Hussein se rebelle et meurt lors d’une bataille. Il devient martyr chiite.

La discorde devient doctrinale, les deux branches se réclament du même socle mais ont des interprétations différentes.

1979 : surenchère de la fitna et révolution iranienne : le shah (=souverain) iranien, veut faire de l’Iran l’une des plus grandes puissances du monde, affiche des ambitions démesurées à l’international et réinvestit mal l’argent issu de l’augmentation de la rente pétrolière : seuls l’armée, ses proches et des fêtes somptuaires en profitent.  Il y a donc des tensions sociales, économie fragile.

En face, la politique étrangère pro-occidentale et pro-Israel déplait et de nombreux opposants apparemment occidentalisés et hostiles à l’ordre social existant reprennent le langage de l’islam et le combinent avec le marxisme dans le cadre de la guerre froide. Ce rapprochement enthousiasme et crée une mobilisation énorme. Glissement du vocabulaire marxiste « opprimés » devient « déshérités » et les « oppresseurs » les « arrogants ». L’ayatollah Khomeyni instrumentalise les mouvements de gauche qu’il éliminera après avoir proclamé sa république islamique. Il ravive le souvenir du meurtre d’Hussein par les soldats du calife sunnite et il en fait l’incarnation sublime des « déshérités ». Dans son discours, le grand Satan est certes les USA mais aussi les pétromonarchies sunnites dépeintes comme le laquais des USA. Le processus d’islamisation avait été lancé par une force sunnite et là il y a un bascul. Dans l’ensemble du monde musulman, la révolution iranienne suscite un enthousiasme dans les classes populaires. Le rapport de force entre chiites et sunnites sera le principal moteur des crises et guerres les 40 ans suivant.

C’est depuis l’installation de la République islamique en Iran en 1979 que les chiites redressent la tête un peu partout dans le monde, du Pakistan à l’Inde, de l’Afghanistan à la Chine, au Yémen, au Sud-Liban (avec le Hezbollah) à la Syrie (où les alaouites sont au pouvoir depuis 1966) à l’Irak où ils se sont renforcés après l’invasion américaine de 2003. Les Iraniens contrôlent le golfe Persique et le détroit d’Ormuz, par lequel passe près de 20?% du pétrole mondial.
Malgré leur nombre restreint, les chiites représentent une menace pour les sunnites de la péninsule Arabique et même au-delà. Ils contrôlent la capitale du Yémen. Ils sont concentrés dans la région pétrolière du royaume saoudien. 70% de la population du Bahrein est chiite, 30% au Koweit, 27% dans les Emirats arabes unis.
Nombre de sunnites ressentent une volonté d’hégémonie des chiites sur tout l’Islam. En réaction, par exemple, les djihadistes sunnites vainqueurs des Soviétiques en Afghanistan théoriseront vite leur victoire pour se retourner contre leurs deux autres grands ennemis : les Américains et les chiites…
On a même vu certains extrémistes sunnites expliquer que les chiites étaient une invention des juifs pour compromettre l’islam.

B : L’influence des ressources dans les conflits :  

+ de 50% des réserves prouvées de pétrole et 40% de celles en gaz : le Moyen Orient est le cœur mondial de la production d’hydrocarbures.

Abondance + faible profondeur des gisements explique la faiblesse de leur cout d’extraction et leur compétitivité indétrônable. Offrent au pays une sérieuse rente mais aussi des difficultés géopolitiques.

Déséquilibre régional : ce sont les régions du golfe persique et de l’ouest iranien qui sont les + richement dotées. Les pays les plus éloignés de l’axe nord-ouest sud-est sont les moins riches  (Syrie et Egypte).

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