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Alain Pessin - La rêverie anarchiste

Fiche de lecture : Alain Pessin - La rêverie anarchiste. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2017  •  Fiche de lecture  •  3 520 Mots (15 Pages)  •  873 Vues

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Alain Pessin

La rêverie anarchiste 1848-1914

  1. Portrait de l’homme anarchiste

  1. Caractéristiques et attitudes

  1. Caractéristiques sociales

Qui sont-ils et tout d’abord : combien sont-ils ? L’auteur s’appuie sur les travaux d’un écrivain contemporain de l’époque (Augustin Hamon) pour estimer qu’en 1890, la France comptait environ 100 000 anarchistes. Toutefois parmi ces 100.000, on ne compterait que 1000 militants actifs (participant à des réunions), 4000 s’informant régulièrement sur le sujet en lisant des journaux, et tous les autres ne sont que des sympathisants à la cause, pas actifs.

En s’intéressant de plus près à ces anarchistes, on s’aperçoit qu’une majorité d’entre eux exercent le même type de métier, celui d’artisan. Ils peuvent être cordonniers, menuisiers, serruriers, tisseurs, teinturiers, etc. Pour Alain Pessin ça ne relève pas du hasard car ces professions sont particulièrement favorable au dvp d’un esprit anarchiste. Pourquoi ? Il s’agit de travaux manuels qui laissent la pensée libre, et permettent donc de réfléchir et de même d’échanger des idées avec des compagnons d’atelier.

A cette époque les sociétés occidentales sont en pleine mutation de par les révolutions industrielles, avec l’essor des usines et de la machine, ce qui bouleverse complètement le rapport des artisans à leur métier. Mais pour autant l’auteur ne pense pas du tout que l’anarchisme se résume au déclin de la petite bourgeoisie artisanale, c’est un combat qui transcende cette question de beaucoup et on va le voir plus tard.

On peut voir que ces anarchistes ont tendance à se regrouper, l’auteur nous montre que dans la décennie 1880 des « territoires anarchistes » se développent dans les faubourgs des grandes villes européennes, des territoires dans lesquels en fait il n’y a pas grand-chose de spécial qui se passe, puisque l’anarchisme n’impose pas de mode de vie spécifique. Mais hors de la ville, il existe un autre type d’anarchiste qu’on appelle trimardeur : on a tous un pote qui part l’été faire du stop sur les routes, le trimardeur c’est un peu la version moderne de ça. A la différence qu’il travaille ! C’est un anarchiste nomade qui voyage pour exercer son métier. Il répond à l’imaginaire de l’anarchisme andalou de la fin du 19e qui voit en la ville le lieu du pouvoir et de la dépravation, qu’il faut fuir voire détruire à tout prix. Se ballader de ville en ville permet à l’homme anarchiste à la fois de se confronter à la Nature, à se mettre au contact du peuple mais aussi de diffuser la pensée anarchiste sur sa route.

  1. Attitudes

L’auteur s’intéresse ici à l’image que l’anarchiste laisse de lui-même et comment les observateurs se le représentent, créant ainsi des clichés parfois tenaces. Pour l’auteur s’intéresser à ces représentations a un sens, non seulement parce que les clichés ont une base de vérité mais aussi parce que justement les anarchistes ne rejettent pas ces clichés, ils les utilisent pour en faire leur force.  

Ainsi dans la période de développement du mouvement libertaire, se développent en parallèle des représentations, celles d’homme marginaux, associaux, voire violents et dangereux. Des représentations qui font en fait très plaisir aux anarchistes ! En effet l’auteur nous montre que les libertaires sont tjr dans un souci de rupture par rapport aux membres de la société qu’ils révoquent. Du coup, au lieu de se soustraire à la caricature de leurs adversaires, ils préfèrent l’exagérer encore, dans une espèce d’ironie comme pour dire « vous nous voyez de cette façon ? Vous ne croyez pas si bien dire, et encore vous n’avez rien vu ». Ils cherchent à provoquer le dégoût, la peur, la haine, pour bien montrer à quel point ils sont coupés des valeurs dominantes, pour bien montrer le fossé qui les séparent des autres hommes.

Car là est un point très important de l’imaginaire libertaire : la séparation nette entre les hommes anarchistes et les autres hommes. Dans l’imaginaire anarchiste y a une inconciliabilité entre les deux catégories, soit on est anarchiste soit on ne l’est pas, il n’y a pas d’entre deux. Magiciens/moldus. On a vu que l’anarchisme est très dur à définir parce qu’il se divise en tout un tas de mouvances séparées, eh bien pour l’auteur c’est cette coupure nette qui résout le problème : dans ce qu’on appelle  une logique d’altérité, les anarchistes divisés se reconnaissent entre eux par ce qu’ils ne sont pas : les autres hommes.

On voit ici que l’image joue un grand rôle dans l’anarchisme. Pour l’auteur, l’anarchiste se doit « d’être plus encore que faire », le mouvement libertaire s’exprimant ainsi à travers des images et des attitudes bien avant des actions. Ce qui fait confère à l’homme anarchiste un certain narcissisme, puisqu’il est constamment dans le souci de laisser son empreinte en tant que marginal et donc toujours conscient de l’image qu’il renvoie.

Mais on s’est assez intéressé à l’enveloppe physique de l’anarchiste, intéressons nous maintenant à ce qu’il se passe dans sa tête.

  1. Le rêve de l’homme anarchiste : une société solidaire, condition de sa liberté

  1. La société comme état de nature

De quoi rêve le libertaire ? De liberté bien sûr. Mais comment atteindre cette liberté ? Et bien pour l’anarchiste, la liberté n’est pas à créer mais plutôt à reconquérir. En effet, il pense que la liberté est déjà inhérente à l’état d’humain, seulement l’imposition d’un pouvoir politique est passée par là et on est plus libres. Du coup, il nous faut juste redécouvrir qu’on est libres, et c’est donc en faisant cela qu’on retrouve notre état d’humain ! Comme le dit Bakounine, « l’homme conquiert son humanité en affirmant et réalisant sa liberté dans le monde ».

Du coup l’anarchisme se base sur le postulat d’un état de nature où l’homme est libre et heureux. Jusqu’ici ça ressemble à la théorie de Rousseau, mais en fait les libertaires entrent en totale contradiction avec lui puisque pour eux l’homme n’a pas besoin de s’établir en société, c’est déjà un être sociable à la base. Et surtout comme le contrat social de Rousseau amène tous les hommes à être dépendant de l’Etat, Rousseau légitimise la tyrannie !

  1. Les obstacles à la nature humaine

Car pour la pensée libertaire, toute forme d’autorité, toute règle, en limitant la liberté des hommes, représente de ce fait un obstacle à leur nature. Cela s’applique aussi bien au pouvoir politique qu’économique ou religieux, les trois se complétant et se renforçant. Pour les anarchistes dans sa nature l’Etat ne fait pas que limiter les libertés des hommes, il les nie, il n’a de cesse de les anéantir, et de ce fait c’est une œuvre inhumaine. Les formes d’autorité nient aussi la responsabilité de l’homme et le relèguent au rang de barbare, puisqu’elles partent du principe que sans elles, le monde ne serait que chaos. Les règles sont donc là pour protéger l’homme de lui-même, soit par l’Etat par la mise en place d’un pouvoir de coercition, donc par la force, soit par la religion par une pédagogie moralisatrice. L’anarchisme est à l’inverse de cette pensée puisque dans son imaginaire, chacun est assez responsable pour être capable de limiter ses pulsions, et donc de vivre en harmonie avec les autres sans besoin de règle.

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