LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le contractualisme de Jean-Jacques Rousseau

Dissertation : Le contractualisme de Jean-Jacques Rousseau. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Avril 2017  •  Dissertation  •  3 143 Mots (13 Pages)  •  1 231 Vues

Page 1 sur 13

Thibault VILLEPELET                                               Licence 1 de Sciences Politiques

                                                                                                           ICES

Sujet de dissertation : Le Contractualisme de Jean-Jacques Rousseau

Le livre Politique est l’un des plus anciens traités de philosophie politique. Entre autres ouvrages, Aristote y traite de la société et de l’homme qui l’habite, cherchant à comprendre les naturelles inclinaisons de celui-ci. Ayant une approche sensitive, il développe sa réflexion à partir de ce qu’il perçoit, pour ensuite en tirer les principes sous-jacents. Et ce qui apparait évident lorsqu’on se penche sur l’homme est son inclinaison naturelle à vivre en communauté, avec ses semblables. Doté d’un langage, il s’en sert pour communiquer et tisser des liens, pour survivre et construire une société où il réalise sa pleine nature d’homme. Selon Aristote, l’homme qui sort de la cité est soit un dieu, soit une bête. Il est un animal politique, social et raisonnable. D’autres philosophes dans la lignée du penseur Grecque, soutiendront des pensées analogues. Parmi eux, Thomas d’Aquin, éminent théologien chrétien qui reprendra les positions Aristotéliciennes et les nuanceront, en soutenant notamment que l’homme est homme dans la société mais aussi en dehors.

   S’ajoute à cette conception de l’homme une réflexion sur le pouvoir politique. L’Etat est chargé de faire régner la Justice, c’est-à-dire de faire revenir à chacun la part qui lui est juste. Aristote évoque à ce sujet la Justice distributive, qui établit une certaine égalité qui fonctionne sur la distribution selon le mérite. Toujours dans cette logique Aristotélicienne puis Thomiste, le droit sert à la faire respecter. Les lois sont promulguées en vue de la Justice. On a avec cette pensée classique la vision d’une politique chargée de viser le bien commun, la fin étant en toute chose ce qu’il y a de suprême, sans pour autant en arriver à la pensée Machiavélienne selon laquelle elle justifie les moyens. Cependant, la pensée d’Aristote ne fait pas toujours l’unanimité et connait un rejet en bloc à partir du VIIIème siècle en raison de ce qu’elle énonce à propos de la Physique (par exemple la théorie des quatre éléments, invalide). Thomas d’Aquin en reprend la partie philosophique au XIIIème siècle et la fait cohabiter avec la pensée chrétienne, en y apportant des nuances. Un moine franciscain du nom de Guillaume d’Ockham est outré par cette adjonction d’une pensée à priori païenne au catholicisme. Il s’oppose donc radicalement au thomisme naissant et commence alors la construction d’une pensée qui inspirera les contractualistes du XVII-XVIIIème siècle. Guillaume d’Ockham est en effet considéré comme le père fondateur du Nominalisme, une doctrine philosophique qui considère qu’il n’existe que des singularités et que les catégories/classes/genres qu’utilisent les hommes pour les ranger en différents ensembles ne sont que des constructions artificielles de l’esprit, sans aucun fondement naturel. Il développe une conception ultra-individualiste de la société, où l’individu prévaut sur le tout, où son bien propre est supérieur au bien du reste.

   Cette pensée inspire les philosophes des Lumières. Ces derniers se sont assigné une mission : délivrer l’individu de toute forme d’obscurantisme, d’arbitraire et de superstition. Leur principal ennemi est l’Eglise, qui promeut des croyances que la Raison humaine ne peut comprendre (la Trinité, l’Eucharistie, …). Les Lumières voient dans la religion catholique un adversaire qui dénigre la Raison et qui ne cesse de trouver des faiblesses à l’individu. Des penseurs comme Montesquieu avec De l’Esprit des lois (1748), ou après Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert avec L’Encyclopédie diffusent leurs idées à travers le Royaume.  Ils nourrissent une vision complétement différente de l’Homme, de la société, de l’organisation du pouvoir, du rapport à la connaissance et à la Raison. Ce nouveau courant philosophique a aussi des racines anglaises. L’English Civil War qui commence en 1642 et aboutit à l’exécution de Charles Ier le 30 janvier 1649 sert sa cause. C’est donc dans cet esprit anthropologique que le contractualisme nait, c’est-à-dire un courant de pensée qui pense l'origine de la société et de l'État comme un contrat originaire entre les hommes. Hugo Grotius fut le premier à théoriser le contrat social dans l’histoire de la philosophie politique. Mais les trois penseurs phares de la pensée contractualiste sont Thomas Hobbes, John Locke (tous deux précurseurs des Lumières) et Jean-Jacques Rousseau. Le premier des trois fut Hobbes qui, dans Léviathan (1651), tente de refonder la légitimité du pouvoir des dirigeants sur autre chose que la religion ou la tradition, toujours dans cette logique « éclairée » d’émancipation intellectuelle et morale de l’individu. Selon lui, l’Etat de Nature, qui désigne la situation dans laquelle l'humanité se serait trouvée avant l'émergence de la société, est ce moment hypothétique où régnerait « la guerre de tous contre tous ». Cette hypothèse repose sur sa vision très pessimiste de l’homme : « Homo homini lupus est. » Le passage à l’Etat civile introduit un semblant de sécurité : les individus, las de s’entretuer, signe un pacte, accepte de renoncer à une partie de leur liberté et créé l’Etat chargé de faire cohabiter les hommes pacifiquement. John Locke aborde différemment le contrat social et surtout son objectif vis-à-vis de l’individu. Dans le Second traité du gouvernement civil (1690), il caractérise l’Etat de Nature, non comme le stade de l’insécurité et de la guerre permanente, mais comme le moment où les individus souffrent de ne pas disposer d’un arbitre impartial apte à reconnaitre pour chacun ce qui lui appartient vis-à-vis des autres. Sa logique est plus libérale. L’Etat est cette entité créée par le contrat social qui arbitre en cas de conflit d’intérêt. Il assure que le droit de propriété est respecté. John Locke inspirera la Déclaration d’Indépendance Américaine en 1776. Dans le cas de ces deux penseurs, le contrat social est finalement positif. Il permet dans un cas la sécurité, dans l’autre le garanti de la sauvegarde des biens de chacun. L’individu y trouve son intérêt.

Jean-Jacques Rousseau arrive plus tard. Né en 1712, d’abord romancier voire compositeur, il commence à vraiment s’intéresser à la Politique qu’à partir de 31 ans, lorsqu’il lui est offert d’en observer le système Vénitien. Il développe alors, avec les concours lancés par l’Académie de Dijon, des ouvrages qui lui font aiguiser sa pensée politique. Il se distingue progressivement des autres penseurs, et développe un contractualisme différent de celui de Locke ou Hobbes dans Du Contrat social (1762). L’Etat de Nature étant hypothétique, les contractualistes ont en effet de quoi spéculer sur ses causes, son objet et surtout les raisons pour lesquelles l’homme n’y vit pas.

...

Télécharger au format  txt (19.4 Kb)   pdf (140.2 Kb)   docx (16.7 Kb)  
Voir 12 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com