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Le Proche Orient Dans La 1ère Guerre Mondiale

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Par   •  7 Octobre 2013  •  2 695 Mots (11 Pages)  •  848 Vues

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A bien des égards, la région du Proche Orient peut se targuer d’être tristement célèbre pour l’instabilité politique qui y règne actuellement, dont le conflit israélo-palestinien constitue sans aucun doute l’illustration la plus emblématique. Pourtant, tel n’en a pas toujours été le cas dans ce berceau de la civilisation, qui constituait encore il n’y a pas plus d’un siècle un ensemble unifié sous l’autorité ottomane. La complexité extrême de la géopolitique du Croissant fertile contemporain trouve ses racines dans les bouleversements profonds installés au cours de la première guerre mondiale, conflit déterminant pour les relations internationales entre Occident et Orient et dont les conséquences ne s’inscrivent pas uniquement dans l’espace européen.

Le Proche Orient, aussi appelé traditionnellement le Levant, est un espace géographique stratégique situé au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. La région, qui n’a pas de délimitations officielles, englobe généralement les pays bordant la côte orientale de la Méditerranée ; on retiendra spécifiquement ici les pays actuels suivants : Turquie, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie, Irak et Egypte. La première guerre mondiale marque une rupture majeure pour l’histoire et la géopolitique du Proche Orient au XXème siècle ; en effet le vieil Empire Ottoman au bord de la dislocation choisit son camp dès les premiers mois de la guerre aux côtés de la Duplice et signe par là même son arrêt de mort : l’issue du conflit lui est assurément défavorable et laisse place à une totale recomposition géopolitique de la région du Proche-Orient selon les volontés des puissances européennes concurrentes. Des débuts des combats en novembre 1918 au règlement de la paix, conséquence immédiate de la guerre, en août 1920, le Proche-Orient est durablement secoué par le premier conflit mondial et son lot d’opérations militaires, de victimes civiles parmi lesquelles figurent celles du premier génocide du XXème siècle, de pressions et tractations diplomatiques multiples restructurant les influences et rapports de force dans cette région incessamment remodelée.

En quoi les relations militaires et diplomatiques qu’entretient le Proche Orient avec l’Occident européen pendant et après le conflit structurent-elles durablement la géopolitique du Proche Orient, en déstabilisant et en transformant profondément la situation internationale, politique et confessionnelle de la région ?

Si le Proche Orient est avant tout un théâtre important des opérations militaires entre belligérants dès les premiers mois de la première guerre mondiale (I), il apparaît très vite que la « question d’Orient » est un enjeu qui mobilise les grandes puissances européennes soucieuses d’envisager et de négocier le partage futur de la région (II). Il conviendra enfin de s’intéresser à la victoire finale de l’Entente au Proche Orient, qui justifie le règlement européen de la paix et la reconfiguration géopolitique régionale à la faveur incontestable des grands vainqueurs européens (III).

Le Proche Orient, dès l’entrée en guerre de l’Empire Ottoman auprès des Empires centraux, est d’abord le lieu d’opérations militaires importantes aux lourdes conséquences politiques et civiles sur les populations locales.

A la veille du conflit, l’Empire ottoman, surnommé l’ « homme malade » de l’Europe, se trouve en position de fragilité face à l’émergence d’un nationalisme arabe autonomiste et devant l’influence croissante des puissances européennes qui entendent profiter de l’importante dette de l’Etat ottoman pour précipiter son démembrement. Le désir de redevenir un Empire souverain et indépendant conduit les élites ottomanes à moderniser l’appareil militaire à l’aide du soutien financier et technologique de la puissante armée allemande, de telle sorte qu’une Entente politique germano-ottomane se noue secrètement dans les derniers jours de paix : le 2 août 1914, une alliance contre la Russie est en effet signée. Il s’agit d’une assurance pour le futur : dans l’immédiat, l’Empire ottoman choisit la neutralité et n’intervient pas dans le conflit. Lorsque l’Allemagne pousse à l’intervention après ses premières désillusions militaires de septembre-octobre, l’Empire ottoman cède à la tentation d’intervenir contre la Russie et le 23 octobre, sa flotte bombarde par surprise le port russe d’Odessa ; en réaction, les 2 et 5 novembre 1914, la Triple Entente déclare la guerre à l’Empire ottoman : les enjeux de la première guerre mondiale sont dès lors élargis au Proche Orient.

Le Proche Orient, qui géographiquement présente plusieurs points de contacts entre d’une part l’Entente et ses possessions coloniales, d’autre part l’Empire ottoman désormais allié des empires centraux, devient rapidement le théâtre de multiples opérations militaires importantes. Les armées ottomanes mènent ainsi des combats sur le front égyptien contre la Grande Bretagne pour tenter d’occuper le canal de Suez, sur le front caucasien contre la Russie, sur le front des Dardanelles suite à la tentative de débarquement franco-britannique dans le détroit en février 1915 et à Gallipoli en avril, ainsi que sur le front mésopotamien face à l’offensive britannique sur Bassora visant à assurer les approvisionnements des Alliés en pétrole persan.

Ces diverses opérations purement militaires ont de lourdes répercutions sur l’attitude des autorités ottomanes à l’égard des populations civiles de tout l’Empire. D’une part, elles répriment très durement les velléités autonomistes des comités nationalistes arabes qui émergent en Syrie et au Hedjaz autour du chérif Hussein de La Mecque. D’autre part, le gouvernement ottoman exige en mai 1915 le « déplacement » de tous les Arméniens d’Anatolie orientale, accusés de pactiser avec les Russes. La déportation s’accompagne d’innombrables massacres organisés qui éliminent entre 300 000 et un million d’Arméniens ; c’est le premier génocide du XXème siècle.

L’entrée en guerre de l’Empire ottoman, les premiers combats et leurs conséquences politiques et civiles permettent aux puissances européennes de prendre la mesure de l’affaiblissement croissant de la Sublime Porte ; dès lors, il est très rapidement évident pour ces puissances occidentales d’envisager le partage de l’ensemble de la région du Proche-Orient, une région qui fait l’objet de convoitises depuis le XIXème siècle en raison des ses multiples enjeux stratégiques et moraux.

La première guerre mondiale marque ainsi l’ouverture officielle de la « question d’Orient » : les enjeux et buts de guerre européens sont rapidement

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