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L'Indépendance Du Portugal

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Par   •  26 Février 2014  •  2 131 Mots (9 Pages)  •  774 Vues

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L'invasion musulmane de 711 a mis fin à l'unité politique de la péninsule Ibérique. Ce qu'on appelle la Reconquête est l'œuvre de chrétiens divisés qui se regroupent peu à peu en communautés politiques autonomes : le royaume des Asturies – première esquisse de ce qui deviendra le royaume de Léon, puis le royaume de Castille et Léon – le royaume de Navarre, le royaume d'Aragon, les comtés catalans… L'une des conséquences de cette situation a été la formation, à l'ouest de la péninsule, d'un royaume indépendant : le Portugal. Joseph Pérez montre ici comment le tout jeune royaume du Portugal, tout en se préservant des ambitions de sa puissante voisine, la Castille, partit à la conquête des terres lointaines, de l'Afrique aux Indes et de la Chine au Brésil.

La Castille, une voisine menaçante

Alphonse VI, roi de Castille, avait épousé une fille du duc Robert de Bourgogne. En 1097, il marie ses propres filles à des croisés bourguignons. L'un de ceux-ci, Henri de Lorraine, reçoit en dot le territoire situé au sud de la Galice, entre le Miño et le Tage, c'est-à-dire les régions de Braga, Porto, Coïmbre et Viseo, avec le titre de comte de Porto, Portucalense. Il rêve de devenir le seul maître du pays mais il meurt sans avoir pu réaliser son ambition. Sa veuve reprend le projet et encourage dans cette voie son fils et héritier, Alphonse-Henri. En 1139, ce dernier se proclame roi et en 1143, la Castille reconnaît le fait accompli. Une nouvelle nation est née qui ne cessera plus de revendiquer sa personnalité.

Le Portugal est le plus petit des États chrétiens issus de la Reconquête ; il est aussi le premier à réaliser son unité nationale. Le nouveau royaume reconquiert Lisbonne en 1147 et au début du XIIIe siècle, il annexe tout le territoire compris entre le Tage et l'Algarve. Dès 1238, il atteint ses frontières définitives. Pour préserver son indépendance, que pourrait menacer la Castille voisine, le Portugal se tourne en 1373 vers l'Angleterre ; l'alliance anglaise sera désormais une constante de la diplomatie portugaise.

En 1383, le dernier souverain de la dynastie bourguignonne, Ferdinand, meurt sans héritier mâle. La couronne revient alors à sa fille Beatriz, épouse du roi de Castille Jean Ier, ce qui inquiète certains secteurs de la société portugaise. Jean Ier envahit le Portugal pour prendre possession du trône au nom de sa femme mais il est battu à Aljubarrota, le 14 août 1385, par les troupes du maître de l'ordre militaire d'Avis qui se fait proclamer roi sous le nom de Jean Ier. La crise des années 1383-1385, à la fois dynastique, sociale et nationale, voit s'affronter d'une part les nobles, plutôt favorables à la Castille, et d'autre part les bourgeois et le menu peuple. L'affaire laissera des traces ; la paix n'est signée qu'en 1411.

Cette crise témoigne de la volonté du Portugal de préserver son indépendance vis-à-vis de la Castille voisine mais elle a fait des victimes, notamment la noblesse traditionnelle qui avait soutenu le prétendant castillan ; le nouveau pouvoir confisque des terres qui lui appartenaient pour récompenser ses propres partisans.

L'aventure maritime

La nouvelle dynastie et la nouvelle classe dirigeante, plus entreprenante que l'ancienne, orientent le Portugal vers l'outre-mer. C'est le point de départ d'une expansion extraordinaire pour ce pays qui, à l'époque, compte moins d'un million d'habitants. Depuis longtemps, des négociants venaient acheter au Maroc des céréales ; l'or, que des caravanes acheminent depuis le Soudan, les attire de plus en plus, ainsi que les épices que l'Europe se procurait par une série d'intermédiaires. Les Portugais conçoivent le projet d'aller chercher les épices directement sur les lieux de production, dans l'Asie du Sud-Est. C'est cette perspective qui inspire leur progression dans l'Atlantique Sud ; il s'agit de contourner l'Afrique pour établir une liaison directe avec l'Inde et avec la Chine.

À ces motivations d'ordre économique s'ajoutent des préoccupations politiques, voire spirituelles : le désir de poursuivre, au-delà du détroit, la lutte contre l'islam. Ceuta est occupée en 1415, mais le Maroc n'est pas une proie facile. Le Portugal finit par y renoncer après la désastreuse expédition montée contre Tanger en 1437.

Sous le règne d'Alphonse V (1438-1481), les Portugais se lancent alors dans une entreprise ambitieuse : la conquête des îles à sucre de l'Atlantique Sud, Madère (1423-1425), les Açores (1427-1450), les îles du Cap-Vert (1457), les Canaries, où les Castillans leur disputent le terrain. En même temps, ils progressent le long des côtes d'Afrique : en 1434, ils atteignent le cap Bojador ; dix ans plus tard, ils arrivent à l'embouchure du Sénégal et à ce qui va devenir le Rio de oro, la « rivière de l'or », et en Guinée ; ils en ramènent de l'or et des esclaves ; la fondation, en 1471, de la factorerie de São Jorge de Mina couronne ces efforts.

De l'exploration à l'exploitation

Un homme symbolise l'entreprise africaine des Portugais : Henri le Navigateur, troisième fils de Jean Ier, qui met sa fortune et son influence au service des explorations et du commerce. À la fois chevalier, savant et marchand, il s'installe à Lagos, au sud du Portugal, construit une flotte, recrute des marins, des pilotes, des cartographes, des mathématiciens. Le cap Saint-Vincent devient le laboratoire où se prépare l'expansion coloniale. Au milieu du XVe siècle, le Portugal paraît bien engagé dans ce qui relève désormais non plus de l'exploration mais de l'exploitation de l'Afrique noire. Il n'y a du reste qu'un seul mot en portugais – explorar – pour désigner deux opérations qui d'ordinaire sont successives et qui, ici, sont presque simultanées. Sous Jean II (1481-1495), le « Prince parfait », Bartolomé Dias double, en 1487-1488, le cap des Tempêtes, rebaptisé « cap de Bonne-Espérance ». Sous les règnes de Manuel Ier « le Fortuné » (1495-1521) et de Jean III (1521-1557) se poursuit méthodiquement l'exploitation des établissements fondés dans l'Inde et en Extrême-Orient. En 1506, Alphonse de Albuquerque prend possession d'Ormuz. En 1510, Goa devient la capitale de l'Empire des Indes. En 1511, l'occupation de Malacca ouvre la route des îles des épices aux caravelles ;

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