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Fiche de Lecture - la Françafrique

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Par   •  5 Décembre 2022  •  Fiche de lecture  •  3 458 Mots (14 Pages)  •  202 Vues

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La Françafrique - Le plus long scandale de la République
François-Xavier Verschave, 1998, éditions Stock

François-Xavier Verschave et son « livre en colère » : 

François-Xavier Verschave, né en 1945 à Lille et mort en 2005, à la suite d’un cancer du pancréas découvert quatre mois auparavant, était un économiste et historien français. Durant une grande partie de sa vie il lutta pour la défense des droits de l’homme. Amateur d’histoire dans sa jeunesse, il suit à partir de 1970 des études de commerce et de gestion à l’IESEG de Lille, où il s’intéresse en particulier à l’idée du développement. A la fin de sa formation, il part faire son service militaire en Algérie, sur la piste du développement. Il décrit cette expérience comme deux années intenses, durant lesquelles il a appris à connaitre les rouages économique et politique du pays. Il en ressort sceptique quant à l’exportation des modèles de développement qu’on lui a enseigné : le libéralisme et le marxisme. A son retour il s’entreprend à revoir à la base les principes économiques pour trouver une alternative, d’autres modèles.  Il va au fur et à mesure de sa carrière se forger une idée du développement, comme devant être équitable et utiliser l’aide publique au développement d’une façon plus appropriée. A l’occasion de ses études et de ses recherches, il se passionne pour les relations franco-africaines. Lors d’une expérience professionnelle dans un hôpital psychiatrique, il rencontre un vieil homme traumatisé par la guerre du Cameroun, avec lequel il noue une certaine amitié. En 1984, F-X Verschave croise le chemin de l’association Survie, crée par trois hommes dans le but de mener une action collective « pour que tous et chacun donnent valeur de loi au devoir de sauver les vivants, et de ne pas exterminé, que ce soit par inertie, par omission ou indifférence ». Il faut un accès à tous aux biens publics mondiaux. F-X Verschave est tout de suite convaincue par la démarche profondément politique de l’association. Il participe pendant une dizaine d’années à une lutte pour le réaménagement de l’aide publique au développement. F-X Verschave prend direction de Survie 1995 à 2005. Il est également nommé directeur de publication de la lettre mensuelle de l’association : Billets d’Afrique et d’ailleurs.

F-X Verschave était un des grands représentants du courant tiers-mondisme. Il soutient donc la théorie de la dépendance selon laquelle les échanges inégaux entre pays du tiers monde et pays développés de l’occident basé sur l’exportation des matières premières, parfois illégale, sont la source des problèmes économiques du tiers-monde.  Il rejette donc la théorie de la modernisation, car pour lui le sous-développement des pays du tiers monde est lié à des causes exogènes, à rapprocher du néocolonialisme et non de facteurs sociaux des pays concernés. Il forge le concept de « Françafrique », tel qu’on le connait aujourd’hui en reprenant l’expression la "France-Afrique" de M. Houphouët-Boigny. Par-là, Verschave dénonce les rapports étroits et occultes entre les chefs d’Etats africains et l’Elysée, ainsi que leurs conséquences sur le développement de ces pays. Il publia de nombreux ouvrages, articles et enquêtes, sur les thèmes pour lesquels il militait : le développement et l’APD, et les relations franco-africaines. Son livre Noir silence, 2000, Les Arènes lui fut préjudiciable : il fut assigné pour offenses à de chefs d’Etats étrangers.

Son ouvrage, La Françafrique, le plus long scandale de la république, fut publié en 1998 par la maison d’édition Stock. François-Xavier Verschave s’est lancé dans la rédaction cet ouvrage dans un souci de devoir de mémoire. Plus jeune, il est bouleversé par le temps que met le gouvernement français à reconnaitre la Shoa et à en parler dans les médias. Il découvre cet épisode tragique de l’histoire de l’humanité trois ans après son BAC en 1965. Il eut tout de suite l’intuition que ce silence cachait une honte et un embarra. Il se dit alors que si l’information majeure du siècle avait pu être esquivée, cela pouvait encore se reproduire. Du fait de sa passion pour les relations politique franco-africaines, il décida de creuser dans le sens. Les sources utilisées pour la rédaction de cet ouvrage sont multiples, certaines sont officielles et d’autres moins formelles. Il fut reproché à Verschave de trop souvent se baser sur des « on dit », sans avoir minutieusement recherché la véracité de ces rumeurs. A côté de cela, il s’est beaucoup aider médias, d’interviews télévisées ou écrites du Nouvel Observateurs, L’Express, de Télérama... Il s’est aussi appuyé sur des ouvrages d’une grande notoriété comme ceux de la Philippe Gaillard, Stephen Smith, Antoine Glaser… La documentation bibliographique est donc massive. Lors de la parution, ce livre a déclenché un véritable scandale, et a été vivement critiqué. En effet, tout le monde ne partage pas le point du vue d’un super tiers-mondiste, d’autant plus que cet ouvrage a dénoncé devant les yeux du grand public des personnages d’une grande notoriété. Un des reproche qui fut fait à Verschave était son manque d’expérience africaine. Celui-ci n’a en effet pas passé beaucoup de temps en Afrique. Ces opposants ont donc déclaré qu’il parlait d’une situation qu’il ne connaissait pas, et qu’il tentait de l’expliquer à travers les expériences et les livres d’autres personnes. Après sa mort, les journalistes Pierre Péan et Charles Onana ont vivement dénoncé ses méthodes, l’ont accusé de malhonnêteté intellectuelle, de manipulation, d'erreurs factuelles… Il n’en reste pas moins que ce livre a eu et continue d’avoir un puissant retenti.

La Françafrique au Cameroun, au Togo, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Nigéria, au Tchad, au Burkina-Faso, au Libéria et au Zaïre :  

Cet ouvrage de F-X Verschave a pour principal but la dénonciation des relations formelles et informelles entre l’Elysée et ses réseaux et les chefs d’Etats africains, qui contribuèrent à former un néocolonialisme sanguinaire français en Afrique. Une fois les pays africains indépendants, la France, par peur de perdre la main sur les ressources énergétiques, minières ainsi que sur les matières premières, continua d’exercer une influence non négligeable dans ces pays par le biais de coopérations économique et militaires. Mais à quel prix ? Ce « livre en colère »  a vocation à faire ressortir les bêtes les plus noires du gouvernement français après la décolonisation, et à les porter devant les yeux des citoyens français, à qui l’on a caché cette abominable vérité depuis trop longtemps. F-X Verschave y pointe du doigt les différents acteurs qui contribuèrent à cultiver ces « champs du déshonneur ». Ainsi il n’hésite pas à porter de lourdes accusations (souvent vérifiées) envers les Présidents de la Vème République française jusqu’à Jacques Chirac, qui entretenaient des relations amicales, voire familiales avec les despotes africains au détriment des populations africaines. Il dénonce aussi bien sur ces dictateurs avides de pouvoir et d’argent, toutefois il attribue une plus lourde responsabilité aux chefs d’Etat français, sans qui ces régimes n’auraient pu perdurer. En effet les appuis économiques et militaires concédés aux Présidents africains, notamment par le biais de l’aide publique au développement, leur permirent d’établir et de maintenir le chaos dans leurs pays. Mais ces Présidents français n’ont certainement pas agit seuls. Verschave place les services secrets français organisés sous l’organe du SDECE (depuis 1982 appelé DGSE), comme pierre angulaire de cette politique françafricaine. Ces services agissaient notamment sous les ordres de la cellule africaine de l’Elysée, dirigée depuis 1947 et jusqu’en 1974 par Jacques Foccart. M. Foccart fut pendant de trop nombreuses années le père de l’africaine néocoloniale française. Il constitua au fur et à mesure de sa vie des réseaux relationnels d’une étendue et d’une influence insoupçonnable à l’époque, qui se connaissent aujourd’hui sous le nom de réseaux Foccart. Foccart fut extrêmement proche des Présidents français, qui lui donnèrent souvent leur appui, ou du moins l’ont laissé faire sans jamais tenté de le modérer. Verschave nous présente également une série de barbouzes qui eux étaient chargés de l’exécution des ordres venus de France.

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