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Dossier de Presse

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Par   •  13 Octobre 2019  •  Analyse sectorielle  •  4 670 Mots (19 Pages)  •  386 Vues

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SCIENCES-PO.

JUDICIARISATION ET EXPLOITATION POLITIQUE DU PASSE POLITIQUE EN AFRIQUE.

GENOCIDE RWANDAIS DE 1994 : UNE ENQUETE EST OUVERTE ENTRE PARIS ET KIGALI.

Le Rwanda est un pays du centre de l’Afrique situé à l’est de la République démocratique du Congo. Il est surtout connu des sociétés occidentales pour avoir été le théâtre en 1994, d’un des derniers génocides de l’Histoire de l’humanité, avec un chiffre discuté de près de huit cent mille morts en trois mois. Une tragédie sanglante, impliquant officieusement certains états, notamment le pays des droits de l’Homme ; la France. Vingt-deux années après, les traces de ce déchirement perdurent et viennent à nouveau marquer l’actualité. Elles alimentent une relation tendue entre ces deux pays, sur le plan moral, politique mais aussi juridique, et ce depuis 2006. Pour ne rien arranger, il y a trois mois, une enquête a été ouverte, concernant directement le rôle de quelques responsables Français.

Malgré une forme de « détente » dans les relations entre Kigali et Paris entre 2009 et 2011, les relations diplomatiques du Rwanda et de la France se sont récemment tendues. En effet dès la fin du génocide, mais plus explicitement à partir de 2006, l’analyse politique et juridique du conflit (avec ses causes et ses ramifications) s’est transformée en une polémique de plus en plus complexe quant aux rôles réels et aux différentes responsabilités des Français (et notamment d’une vingtaine de militaires gradés) pendant le massacre de 1994. Cette polémique a été entretenue par le président rwandais Paul Kagamé, après que le nom de ce dernier a été cité dans une autre enquête récemment ouverte afin de déterminer son rôle dans l’attentat et la mort de l’ancien président rwandais Juvénile Habyarimana, l’élément déclencheur du conflit. Après plusieurs menaces, le 29 novembre 2016, Paul Kagamé et Kigali mettent leur menace à exécution et ouvrent une enquête sur le rôle de vingt responsables français dans le génocide de 1994. Deux personnalités accusées émergent alors : La Fourcade et le colonel Jacques d’Hogard.

Comment est-ce que les presses françaises généralistes et internationales s’organisent pour retranscrire dans leurs parutions, la judiciarisation et l’exploitation politique du passé politique en Afrique ?

Sur la question du génocide rwandais et de la responsabilité des Français, il semble que la distinction entre presse dites "de gauche" ou "de droite" ne fonctionne pas, comme c'est le cas sur de plus en plus de sujets. La ligne de fracture se fait plutôt autour de la condamnation a priori du discours de Kigali, ou au contraire autour de la possibilité que l'accusation portée par le Rwanda soit avérée.

Les presses généralistes et les chaînes d’informations d’abord (Libération, l’Obs, Rfi, LeFigaro, LePoint, Courrier international ou encore l’Humanité)se manifestent par une similarité de ton : d’un côté, ces journaux prennent parti pour leur pays, la France, avec un argumentaire fondé sur les déclarations ou interviews de plusieurs personnalités plus ou moins influentes qui tiennent un message mettant en évidence la confusion et le manque concret de preuves du côté rwandais, preuves qui pourraient être utilisées pour nuire à la France. Chez eux, la présomption d’innocence est un parti pris, ce qui ne les empêche pas d’être ponctuellement précis sur les faits. Certains articles minimisent donc la requête du Rwanda et la rendent fragile. Pour ce faire, plusieurs arguments  sont exposés.

En effet, toutes les parutions d’articles de ces journaux sont des soutiens et garantissent en fait l’innocence des Français quant à leur rôle lors du génocide. Premièrement, Rfi décide d’interroger maitre Alexandre Varaurt qui n’est autre que l’avocat de l’ancien colonel Jacques d’Hogard. D’après lui, toutes les accusations du procureur rwandais (Richard Muhumura) sont à prendre avec des pincettes, voire fausses. Il affirme qu’aucun responsable français ne serait impliqué dans le massacre des Tutsis et estime que cette enquête n’est qu’une spéculation commanditée par la présidence rwandaise, (« depuis vingt-deux ans il y a des propos d’accusation contre les Français »). Il remarque que les accusations de Kigali sont apparues lorsque Kagamé a vu son nom cité dans l’enquête sur l’attentat et la mort de Juvénile Habyarimana, l’élément déclencheur du génocide. M.Cretollier membre à l’ONG imite l’avocat et réfute totalement la quelconque participation des Français dans le génocide. Libération cite quant à lui l’ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé qui estime que cette accusation « est une honte ». Pour lui, cette enquête n’est qu’une falsification de l’histoire. Toujours selon son avis, Paris a maintes et maintes fois prouvé que le déploiement des soldats français au Rwanda a permis de sauver des milliers de vies. Le journal insiste ensuite sur le fait que la responsabilité de ne pas avoir empêché le génocide est une faute internationale qui devrait en toute logique être partagée. Ces derniers journaux suivent le même fil conducteur, ils contestent les dires rwandais et parfois même, ils accusent le pays génocidaire. Pour l’Obs et l’Humanité, Kagamé chercherait à détourner l’attention des médias pour briser l’image d’un Rwanda qui ne respecte pas les principes fondamentaux des droits de L’homme.  

D’autres journaux comme Le Figaro, le Point, Le Monde ou encore la plateforme de partage Dailymotion qui relaye l’information de Journal Afrique suivent un axe différent. Ils ne sont pas vraiment favorables à l’idée selon laquelle la presse pourrait « fermer les yeux » sur le rôle de la France. Nous avons à faire à une plus grande diversité d’arguments avec des propos cités sur un ton plus neutre politiquement. L’Express quant à lui, dénonce une manipulation du dossier de l’avion d’Habyarimana est une occultation et peut prouver une possible responsabilité française dans le génocide. La France serait accusée d’avoir utilisé ses moyens pour bloquer toute action pour éviter le génocide. De plus, l’opération Turquoise qui visait à mettre un terme au génocide aurait volontairement sous les ordres des responsables français en question de contrecarrer la progression des forces minoritaires tutsies du front patriotique rwandais(RPW), et permettre au clan génocidaire, les Hutus de fuir vers le Zaïre. Aujourd’hui, le procureur rwandais attend une forme de coopération de la part de Paris afin de mener à bien cette enquête qui serait donc « illégitime ».

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