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Dissertation conservatisme XIXe siècle

Dissertation : Dissertation conservatisme XIXe siècle. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  10 Novembre 2019  •  Dissertation  •  4 295 Mots (18 Pages)  •  753 Vues

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« Penchant à conserver, talent d’améliorer, voilà les deux qualités réunies qui me feraient juger de la bonté d’un homme d’Etat ». Cette réflexion d’Edmond Burke, extraite de son ouvrage Réflexions sur la révolution de France datant de 1790, formule explicitement l’orientation de cet auteur vers le conservatisme, qui tend à préserver l’ordre ancien. En effet, la notion de conservatisme, ou de l’adjectif conservateur, renvoie à une attitude ou une doctrine qui rejette toute innovation et soutient la préservation de l’ordre établi, dans des structures préexistantes. Mais cette doctrine n’est pas seulement politique, et s’applique plus largement à l’ensemble de la société, puisque le conservatisme peut également être religieux, social, culturel ou encore économique. Le conservatisme est ainsi un mouvement sociétal de défense des valeurs traditionnelles, de l’ordre hiérarchique et de la discipline, qui s’appuie dans sa rhétorique sur la comparaison avec les temps passés, voulus plus ordonnés et bénéfiques. Cette idéologie se développe au début du XIXe siècle, d’abord en réaction aux différentes révolutions atlantiques, aux États-Unis et en France par exemple, qui sont-elles synonymes de rupture et de nouveauté. Mais le conservatisme continue de se développer en tant que façon de penser et de vivre tout au long du XIXe siècle, qu’il conviendra de limiter à l’année 1914, début de la Première Guerre mondiale, et donc événement induisant une rupture chronologique importante. Ainsi, durant ce long XIXe siècle, siècle de la modernité dans de nombreux domaines, l’idée de conservatisme persiste et conserve une certaine importance parmi les dirigeants politiques comme parmi la population. Il est alors intéressant d’analyser dans quelle mesure la notion de conservatisme, qui inclue différentes facettes complémentaires, reste centrale tout au long du 19e siècle, malgré l’émergence d’une nouvelle modernité.

        Être conservateur dans le XIXe siècle se traduit tout d’abord par la volonté de conserver l’ordre ancien des monarchies dynastiques face aux velléités révolutionnaires puis aux nouveaux régimes, mais aussi par le rejet des revendications populaires d’égalité et des revendications nationales. Enfin, le conservatisme peut également se traduire par la persistance d’importance de la religion au sein des États et plus largement des sociétés européennes.

        Tout au long du XIXe siècle, l’idée de conservatisme est d’abord associée au conservatisme politique, c’est-à-dire à la volonté de préserver l’ordre ancien face aux velléités révolutionnaires, puis au sein même des nouveaux régimes. En effet, après les agitions révolutionnaires qui parcourent le siècle, les réactions contre-révolutionnaires restent nombreuses. Cette opposition se traduit par exemple dans le débat intellectuel. Thomas Burke est l’un des auteurs de théories contre-révolutionnaires et conservatrices les plus importants. Il prône la prééminence du régime monarchique de la préservation de l’ordre avant toute revendication qui pourrait agiter le paysage politique. De plus, ce courant de pensée se traduit en 1815 par l’esprit général de l’Acte final du Congrès de Vienne, signé le 9 août. Celui-ci consacre la puissance des grands empires autoritaires d’Europe que sont la Russie, l’Autriche et la Prusse, et le retour en France d’un régime monarchique, avec l’accession au trône de Louis XVIII, de la dynastie des Bourbons. La légitimité dynastique est également rétablie dans d’autres pays, par exemple avec le retour des Bragance au Portugal, ou encore des Bourbons en France, mais aussi dans le Royaume des Deux-Siciles et en Espagne, avec le rétablissement du monarque conservateur Ferdinand VII. Ainsi, lors de ce Congrès, l’idée de restauration de la légitimité a prévalu sur le droit des peuples et les revendications nationales. Les grandes puissances conservatrices se sont entendues pour préserver une carte de l’Europe qui leur est favorable, mais surtout pour rétablir l’ordre et prévenir de nouvelles agitations révolutionnaires. Afin de perpétrer cet ordre de Vienne se met en place un système de Congrès réunissant les principales puissances du continent dans le but de combattre toute revendication menaçant l’ordre ancien et monarchique. Ces puissances sont tout d’abord réunies à Aix-la Chapelle en 1818, puis à Carlsbad l’année suivante, et successivement à Troppau, Laybach et Vérone, chaque année jusqu’en 1822. Ces Congrès ont pour objectif de régler un problème précis, tel que la répression en Italie de mouvements nationalistes comme la Charbonnerie, organisée aux congrès de Troppau puis Laybach. Ainsi, un système est mis en place par les grandes puissances européennes conservatrices afin de préserver l’ordre monarchique hérité du XVIIIe siècle.

D’autre part, le conservatisme se retrouve dans d’importantes périodes révolutionnaires plus tard dans le siècle. En 1848 par exemple, moment du Printemps des Peuples où de nombreuses révolutions ont lieu dans différents pays d’Europe, de la France à l’Autriche, l’idée conservatrice garde une certaine importance. En effet, dans ces périodes, l’armée reste généralement fidèle aux souverains traditionnels, ce qui limite l’efficacité des mouvements révolutionnaires. De plus, après les temps d’agitations s’opère dans certains pays un retour brutal à l’ordre établi ainsi qu’à une importante répression. En Autriche, où les Tchèques et les Hongrois avaient décidé de prendre leur autonomie, la répression est forte. La ville de Prague est par exemple bombardée et une dictature militaire est imposée au peuple tchèque. En Italie, l’autorité du roi des Deux-Siciles est rétablie et la Constitution libérale abrogée. Par ailleurs, en France, malgré l’établissement d’une République caractérisée par l’introduction du suffrage universel direct, la vie politique reste marquée par des idées et des personnages conservateurs. En effet, le président élu, Louis-Napoléon Bonaparte, devient rapidement autoritaire, et l’Assemblée élue reste très conservatrice. Ce contexte permet dès le 2 décembre 1851 le coup d’État du président, qui proclame ensuite l’Empire. Il revendique par ce terme l’héritage de l’Empire napoléonien, un régime autoritaire et donc conservateur pour l’époque. Enfin, en 1848, le Pape a fui Rome et les États pontificaux occupés par les nationalistes italiens, qui proclament la République romaine en février 1849. Mais l’armée française, commandée par Louis-Napoléon Bonaparte, décide de reprendre la ville de Rome afin de rétablir le Pape Pie IX dès 1849. Celui-ci décide alors de rétablir les structures anciennes et traditionnelles, ce qui inclut une très forte et violente répression à l’encontre des dissidents. Ainsi, durant toute la première moitié du XIXe siècle, les forces conservatrices se sont efforcées de préserver l’ordre ancien et la stabilité des souverains sur le continent européen, au détriment des nombreuses revendications révolutionnaires.

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