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Médecins et soignants du XIIe au XIVe

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Par   •  28 Mars 2016  •  Dissertation  •  5 507 Mots (23 Pages)  •  783 Vues

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DISSERTATION : LA MÉDECINE ET SES SOIGNANTS DU XIIe au XIVe SIÈCLE

La médecine est un aspect scientifique qui connaît de grandes évolutions au cours du Moyen Age. En effet, la médecine et les soignants n'ont pas toujours été la propriété d'un même groupe de personne, ou n'a pas stagné à partir d'anciennes doctrines. Jusqu'au XIIe siècle, la médecine occupe une place centrale dans la société occidentale. La maladie étant considérée comme étant une punition divine qui permet au malade d'expier ses fautes, la médecine est accaparée par l’Église, et sa pratique est alors exclusivement assurée par les moines dans le cadre de monastères ou de couvents, qui deviennent foyers de civilisations et de charité. Les dissections étaient interdites à l'époque, afin de ne point troubler l'ordre divin et les saints. L’Église considère alors comme hérétique toute remise en question de dogmes hérités de l'Antiquité, en particulier les aphorismes d'Hippocrate et les traités de Galien. Les ordres hospitaliers et hôpitaux qui se développent sont eux aussi sous les contrôle total de l’Église. Au XIe siècle, l'Occident va bénéficier de l'apport scientifique et médical de la civilisation arabe. Cependant, à partir du XIIe siècle, une série de Conciles, à Clermont en 1130, à Reims en 1131, à Montpellier en 1162 et à Tours en 1163 vont interdire l'exercice médical aux moines. Ceux-ci vont donc se retirer progressivement du monde médical, et même si l’Église garde un contrôle sur l'enseignement et la pratique de la médecine dans les siècles qui suivent, on va assister à un essor de l'enseignement laïque avec un développement de la médecine scolastique, mais à la multiplication de pratiques et de pensées, et à une diversification des corps de soignants.

Dans quelle mesure la disparition progressive des moines dans le monde médical témoigne-t-il d'une diversification , de l'hétérogénéité et du développement de la médecine et de ses soignants ?

Pour y répondre, nous verrons dans un premier temps la diversification des structures d'enseignement, dans un second temps les différentes pensées et pratiques adoptées entre le XIIe et le XIVe siècle, et enfin la multiplication des différents types de soignants.

1) Les structures d'enseignement diversifiées

1.1) Le développement de structures

De nombreuses écoles puis universités se sont donc développées à partir du XIIe siècle. Si Salerne fut sans doute celle qui servit de précurseur aux autres, on a ensuite l'apparition de grandes universités comme Montpellier, Paris ou même Bologne, qui monopolisent à eux seuls l'enseignement médical dans l'Europe Occidentale jusqu'au XIVe siècle. Salerne serait donc la première école de médecine non monastique à avoir été créée.

Selon la légende, Salerne aurait été créée par quatre savants médecins : le Grec Pontus, l'Italien Salernus, le Juif Helinus et le Sarrasin Adela. Proche du Mont-Cassin, et fondée à l'origine sur un hôpital bénédictin, l'école devient à partir du Xe la première institution laïque de transmission des connaissances. La structure qui se met en place va servir de modèle à nombre d'universités médiévales : à la tête de l'école, un Collegium hippocraticum constitué de 10 médecins, qui va élire en son sein un praepositus, sorte de doyen de la faculté. Les maîtres sont rétribués par leurs étudiants et ceux ci sont majoritairement laïques.

Dans la lignée de Salerne, Montpellier va prendre le relais en tant que place forte de l'étude de la médecine. Son école de médecine est d'une renommée grandissante au cours du XIIIe siècle notamment. Elle fut créée à la suite de la décision de Guilhem VIII, seigneur de Montpellier, en janvier 1180, qui souhaite, bien qu'elle fût sous tutelle de l’Église, l'ouvrir à tous dans la tradition hippocratique en déclarant « Jadis Hippocrate était de Cos, maintenant il est de Montpellier ».

En 1220 le 17 août, le cardinal Conrad, légat du pape Honorius III en Languedoc, donne à l'Universitas medicorum ses premiers statuts et organise ainsi durablement le cursus des études pour ce qui devient une véritable école de médecine.

En 1289, sous l'égide du pape Nicolas IV, l'université de Montpellier est alors créée, regroupant ainsi la faculté des arts, l'école de droit  et de médecine.

Jusqu'à la fin du Moyen-Age, l'université de Montpellier fut un haut lieu d'enseignement et aussi de développement de l'art médical.

Officiellement organisée entre 1215 et 1219 par Innocent III, sous le règne de Philippe Auguste (1165-1223), l'université de Paris fut d'emblée placée sous la tutelle de l’Église. Véritable communauté de maître et d'élèves (Universitas magistrorum et scholarium), elle est regroupée en 4 nations : Français, Picards, Normands, Anglais. D'abord dédiée à la théologie, puis aux arts, vers 1275, la faculté de médecine y était individualisée et dotée de statuts particuliers. Il y eu interdiction aux juifs d'exercer la médecine, et les étudiants, considérés comme étant clercs, étaient astreints au célibat. En 1395, un étudiant de 15 ans ne put passer sa licence et du attendre d'être veuf pour pouvoir reprendre le cours de ses études.

Fondée en 1123, l'université de Bologne compte une faculté de médecine à partir de 1250, sous la direction de Taddeo Alderotti. La réputation de Bologne s'inscrit principalement dans le domaine chirurgical.

Si le développement de ces diverses écoles et universités de médecine témoigne de son enseignement et de son étude florissants, qu'en est-il des diverses organisations pour les études.

1.2) Organisations des études

L'organisation des études va différer au fil du temps entre le XIIe et le XIVe, et les différences sont visibles entre les différentes grandes écoles et université de médecine qu'on été Salerne, Paris et Montpellier.

En 1231, Frédéric II de Hohenstaufen, empereur germanique et successeur des Normands en Sicile, confirme le privilège de l’école salernitaine, dont le collegium était seul habilité à autoriser l'exercice de la médecine, ou physica au terme de 5 années d'études.

Il va y avoir une tentative de structuration du savoir médical par les enseignants, qui portent officiellement le titre de magister. Un étudiant voulant poursuivre ses études devra ainsi passer par 3 ans d'études en science de la logique au préalable. La chirurgie, quand à elle ne peut être étudiée qu'après avoir effectué ces 5 années d'études. Au XIIe siècle, l'école atteint son apogée, et sera surnommée Civitas hippocratica : la cité hippocratique.

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