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Les villes en France du XIIIe au XVe siècle

Fiche : Les villes en France du XIIIe au XVe siècle. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Mai 2018  •  Fiche  •  4 897 Mots (20 Pages)  •  683 Vues

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« Les villes sont autant de transformations électriques : elles augmentent les tensions, elles précipitent les échanges, elles brassent sans gin la vie des hommes. Elles sont les accélérateurs du temps entier de l’histoire » : c’est ainsi que Fernand Braudel décrit la ville médiévale. Le mot en ancien français de ville désigne aussi bien au XIIIe siècle des villes que des villages et la distinction est difficile à faire. Le critère physique de la muraille est important mais insuffisant car il existe des villes sans enceintes et des villages fortifiées. Nous pouvons considérer la ville comme un regroupement d’habitations avec une forte densité urbaine, qui regroupe des activités politiques, économiques, commerciales, culturelles et religieuses. Du XIIIe siècle au XVe siècle, le nombre de villes et le chiffre de leur population connaissent un accroissement spectaculaire. Sans parvenir toujours à l’unité juridique et physique, les villes prennent une conscience physique, se séparant le plus souvent par des murailles de l’extérieur non urbain, acquérant une structure interne avec des points de repère emblématiques. Trois pouvoirs majeurs se manifestent dans la ville : la fonction religieuse, la fonction économique et la fonction politique. L’Église est la première présente dans la ville par son poids monumental et son poids topographique : églises, sanctuaires, couvents… Il s’y ajoute l’attraction des centres liturgiques, centre de dévotions et de cérémonies, coffrets de reliques, points de départ de processions. L’Église exerce également une fonction économique de prélèvement (dîme, censives, rentes) et une fonction de commandement (haute justice). La fonction économique est caractéristique de la ville car elle marque fortement la topographie : places et marchés, rues d’artisans et de marchands groupés, moulins urbains ou suburbains. Elle suscite un réseau hydraulique urbain essentiel à la ville. Elle se marque aussi par ses avancées vers le pouvoir économicopolitique : halles, poids public, maison communal, hôtel de ville et au niveau individuel, maisons de pierre des patriciens, souvent hérissées de tours comme celles des nobles. Enfin, la fonction politique est moins directement et quotidiennement agissante sur la structure de la ville. De la domination d’un seigneur local ou régional à celle du roi, la forteresse menace et domine la ville. Le pouvoir politique apparaît surtout par ses fonctions de répression : prisons, pilori et gibet. Ces trois fonctions conditionnent les formes urbaines et ont un impact sur la ville. On peut se demander quels dynamiques permettent un essor de la ville du XIIIe au XVe siècle au travers des fonctions politiques, économiques, culturelles et religieuses ?

Dans un premier temps, les formes urbaines de la ville nous permettront d’aborder l’importance de ces quatre fonctions dans la topographie urbaine, puis nous étudierons les dynamiques économiques qui participent à l’essor des villes pour finalement considérer

  1. La ville, une forme urbaine particulière, lieu du pouvoir politique et religieux :
  1. Un espace généralement clos, relié à l’extérieur par les routes et les fleuves :

Au bas Moyen-Âge, toutes les villes ne sont pas entourées de remparts, beaucoup le sont souvent seulement après 1340, sous l’effet de la guerre de Cent. La muraille est l’élément le plus important de la réalité physique et symbolique des villes, c’est la base matérielle de l’identité urbaine et elle établit une dialectique du dedans et du dehors qui domine l’activité urbaine. La ville reste mêlée à la campagne, laissant en dehors de ses murailles des faubourgs et une banlieue plantée dans la campagne. En 1338, le chroniqueur Froissart décrit ainsi la ville de Tarbes : « Tarbes est une belle ville et grande, séant en plein pays et en bel vignobles, et y a ville, cité et chastel, et tout fermez de portes, de murs et de tours, et séparés l’un de l’autre ». L’existence d’une, ou plusieurs enceintes, a une importance militaire. La muraille définit un monde d’exclusion, celui du monde rural, mais elle est faite aussi pour accueillir éventuellement, en cas de guerre, des habitants de ce monde. Avec ou sans murailles, la ville a une forme, qui dépend avant tout du site géographique. Il y a des villes de plaine, mais du XIIIe au XVe siècle, la plupart des villes recherchent les terrasses, les buttes et les collines. Le cœur des villes est parfois tortueux, dédale de ruelles, mais la ville médiévale est ordonnée. Il existe en France 3 structures majeures des villes issues d’une cité d’époque romaine comme Bordeaux, Orléans, Reims, Dijon, Tours, Nantes… D’autres sont nées de noyaux préurbains, d’un château ou d’un monastère autour duquel la ville s’est développée. C’est le cas de Saint-Denis, Montluçon, Brive. Enfin, il y a les villes neuves et les bastides comme Cordées fondée en 1222. Les villes sont polycentriques : ce qui structure la ville sont un certain nombre de lieux et de monuments qui déterminent l’ordonnancement des maisons et des rues et surtout la circulation.

Le système de murailles amène à privilégier des éléments essentiels aussi bien du point de vue symbolique que fonctionnel : les portes. Elles sont l’instrument de la dialectique du dehors et du dedans. Par elles entrent les produits de la terre et les marchandises les plus lointaines, les hommes, immigrants, marchands, paysans, soldats ; par elles sortent les produits et les hommes de la ville, tout ce qu’elle élabore dans ses ateliers économiques, intellectuels et spirituels, sur ses places, dans ses échoppes, ses tavernes, ses écoles, ses églises. En fonction de l’importance de la ville, mais aussi de la structure et de ses relations avec l’extérieur, le nombre des portes est restreint ou élevé. À la cité de Carcassonne, il n’y a que 2 portes : à Metz, plus grande, ouverte sur des faubourgs et des routes multiples, il y a dix portes au XIVe siècle.

Les portes relient la ville au dehors. À elles aboutissent, d’elles partent des routes. La ville est carrefour des routes. Une « route » importante est la rivière. La rivière est pour la ville une route porteuse de marchandises et d’hommes. Le transport fluvial est un élément important du réseau urbain. Mais la rivière est d’abord un obstacle qu’il faut franchir. « La ville vit, la ville agit, la ville existe quand au moins un pont rompt son isolement » - Jacques Le Goff. Agen s’emploie pendant 1 siècle à construire un pont. Les nombreux chemins vers les paroisses voisines et les bourgs plus éloignés sont également importants car la ville pénètre et domine la campagne mais elle est aussi ouverte à ses influences. L’importance des rivières s’accroit avec le développement de l’artisanat, notamment des métiers dont les techniques nécessitent le trempage des produits dans l’eau, drap ou tannerie. « L’état » de 1296, enquête sur les domaines de Franche-Comté que le roi vient d’acquérir, conseille de faire venir des drapiers parisiens à Gray car « à Grau est Drugeon bonne rivière pour draper ». Au réseau aquatique/hydraulique est liée à la construction de moulins. Les moulins s’établissent en partie à l’extérieur des remparts, sur les rivières qui entourent la ville ou la borde sur un de ses côtés. À Albi, il y a beaucoup de moulins sur le Tarn : moulins bladiers, drapiers, teinturiers et à la fin du XVe siècle, à papier. À Périgueux, il existe de très nombreux moulins au XIVe siècle en amont et en aval sur l’Isle. Dans les villes, les moulins sont souvent associés au pont comme à Barbaste au XIVe siècle.

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