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L'hagiographie

TD : L'hagiographie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Octobre 2016  •  TD  •  4 035 Mots (17 Pages)  •  839 Vues

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L’Hagiographie :

La place des saints dans la société médiévale.

        Le terme « hagiographie » vient du grec hagios, signifiant « saint », et graphein, signifiant « écrire ». Il s’agit donc d’un récit traitant de la vie d’un saint ; pour preuve, l’hagiographie est également appelée, tout simplement, « Vie de saint ». Le genre littéraire hagiographique se développe dès les débuts du christianisme avec les persécutions et l’apparition des martyrs en Orient, plus particulièrement au IIe siècle quand se développe leur vénération et les premiers signes de leur culte. Effectivement, la communauté chrétienne place les martyrs et le récit de leurs souffrances dans la catégorie des « choses dignes de mémoires » (digna memoria). Dans le monde Antique, les textes hagiographiques avaient une importance en tant qu’instrument didactique et propagandiste puisque le martyr était perçu comme le stade le plus élevé de la foi chrétienne : ces gens étaient des héros qu’il fallait imiter. Ils montraient qu’il fallait, et qu’il était possible d’offrir son âme pour la foi. C’est à la fin de l’Antiquité que le phénomène se propage de manière timide en Occident, avec des tentatives d’écrits de saints locaux, pour imiter ou concurrencer les saints d’Orient. Toutefois, l’hagiographie apparaît au sens strict du terme au IVe siècle, jusqu’à devenir le genre littéraire le plus influent du Moyen Age.

On peut donc se demander pourquoi et comment l’hagiographie a acquis cet essor, et qu’est-ce que cela dénote de la place des saints dans la société médiévale. Nous verrons d’abord le culte des saints au haut Moyen Age, qui est un culte décousu et désorganisé, puis le culte au bas Moyen Age, qui devient un outil pédagogique, pour finir avec quelques exemples d’hagiographies et de compilations.

I/ Le culte des saints au haut Moyen Age (476-987), culte décousu et désorganisé.

  1. Contexte historique : l’éloignement de l’Eglise du peuple.

Durant le haut Moyen Age, l’Eglise reste à l’écart des affaires du royaume, l’élite ecclésiastique manifestant du dédain envers les paysans, de telle sorte que le terme de « paysan » soit synonyme d’« idolâtre » (syn. Fanatique). Cela ne signifie bien entendu pas qu’ils l’étaient réellement. En fait, ils étaient chrétiens dans le fait qu’ils se considéraient comme faisant partie d’une communauté en quête de salut grâce au Christ. Le manque d’éducation de la population creusa un fossé entre l’élite et le « vrai christianisme », et la majorité de la population et le christianisme populaire. Fossé que l’Eglise ne prit cependant pas la peine de combler, car, tant que la population possédait un minimum de foi, on ne voyait pas d’utilité à leur imposer une théologie complexe et difficile à comprendre : chacun possédait son rôle ; une part de la population était destinée à travailler et l’autre à obtenir le salut pour tous. Il n’y avait pas besoin d’une répartition égale entre les différentes classes puisque le clergé « accumulait » assez de foi pour tous. En l’an 595, le pape Grégoire Le Grand a illustré cette idée de division du travail spirituel dans ses Morales sur Job où il écrit : « « Les bœufs labouraient et les ânesses paissaient à côté d’eux » (Job I, 14). Que symbolisent les bœufs sinon ceux qui s’appliquent [c’est-à-dire ceux qui agissent en pleine conscience], et que sont les ânesses sinon ceux qui vivent dans l’innocence ? ». Selon l’élite ecclésiastique, l’ignorance du peuple n’était pas une menace, il n’y avait donc pas besoin de l’éduquer. « Tant que les ânesses étaient prêtes à brouter dans un calme relatif l’herbe qui leur était réservée, et tant qu’il y avait dans la société assez de bœufs pour se procurer des vertus à tous, la situation était tolérable. » (Histoire de saints, leur rôle dans la formation de l’Occident, chapitre IX). A vrai dire, cela s’explique par le fait que le clergé médiéval était pessimiste à propos de l’avenir du monde, considérant que chaque génération était plus mauvaise que la précédente. Ils attendaient donc la fin du monde passivement. Cela a créé une dissension dans le culte des saints : puisque le clergé n’avait pas la volonté d’éduquer le peuple, les deux classes développèrent leur propre vision des saints.

  1. Le culte des saints au haut Moyen Age.

  1. L’hagiographie à destination de l’élite.

Contrairement au christianisme de la Rome Antique, le culte des Saints se diffuse sans prendre systématiquement la peine de se référer aux écrits. Les quelques textes écrits jusque-là en Occident se concentrait sur les apparences, l’extérieur, et non pas l’intériorité. Ce qui induit un fort pessimisme sur la capacité des lecteurs à assimiler un texte d’une trop spiritualité. Cependant cela ne concerne pas le peuple car, ne consommant presque plus de textes, les Vies de Saints sont surtout destinées à l’élite.

Contrairement à l’opinion selon laquelle les Vies de saints sont un genre propagandiste créé par l’élite, mais destiné essentiellement au peuple, il apparaît que les biographies écrites avant le XIIe siècle étaient surtout destinée à l’élite. Elles permettaient aux érudits de digérer plus facilement le culte des saints qui pouvait avoir un aspect païen. Les « connaisseurs » pouvaient trouver dans l’hagiographie le « vrai » saint. Alors que pour le peuple une démonstration des pouvoirs suffisait amplement pour le convaincre, ce n’était pas le cas des érudits. Le personnage devait être digne du titre de « saint » et des pouvoirs que ce titre impliquait. La biographie savante avait donc autant pour but de décrire les pouvoirs du saint que de montrer comment et pourquoi il en était devenu digne. Le saint de l’élite était, ou du moins, était censé être un « exemple » : une mise en pratique de principes théologiques et pastoraux. Il devait servir de modèles, d’objet d’imitation : en tant que fils fidèle de l’Eglise, humble et droit, pieux et obéissant.

  1. Le culte des saints dans le peuple.

Toutefois, outre le fait que les paysans étaient incapables de lire les récits en latin et qu’au haut Moyen Age il n’y avait aucun système d’enseignements, cela n’empêchait pas la vénération du saint. La vie du saint n’avait aucune importance pour la pratique de son culte et il était peu probable que le symbolisme complexe et les allusions aux Ecritures aient eu une grande signification pour ceux qui se formaient eux-mêmes un saint alternatif, différent de celui des moines, à partir de fragments qui leur étaient parvenus. Le saint était surtout une source de pouvoir et tous les autres éléments de sa personnalité étaient secondaires. Le culte des reliques et les lieux saints n’exigent pas un corpus élaboré de récits historiques qui relatent avec précision comment la sainteté du lieu ou de la personne s’est développée. Pour le peuple, le saint a une étiquette : « martyr », « ascète », « apôtre », une description générale, « expert en miracles », « miséricordieux et compatissants », et certains miracles à son actif. De fait, la plupart des personnes avaient une connaissance des plus imprécises, et parfois même erronée, des saints dont ils demandaient les faveurs.

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