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Histoire des goths, Isidore de Séville, p293-295, Ve siècle

Commentaire de texte : Histoire des goths, Isidore de Séville, p293-295, Ve siècle. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Mars 2020  •  Commentaire de texte  •  2 371 Mots (10 Pages)  •  817 Vues

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« L'histoire est racontée par les vainqueurs » cette phrase écrite en 1944 par Robert Brasillach, qu'elle reflète la vérité ou non, propose un questionnement sur la véracité des sources historiques, et est au centre des interrogations dans cet extrait de l'Histoire des Goths d'Isidore de Séville.

Cet extrait est issu d'un texte historique, rédigé en latin, à Séville (probablement) et terminé en 624. Il raconte l'histoire des Goths de leurs origines jusqu'à la mort du roi Sisebut en 621. Il est écrit de manière chronologique, retraçant les règnes successifs des différent souverains wisigoths dans la péninsule ibérique. Cette œuvre est une réponse à une commande royale et s'inscrit dans la volonté des souverains Goths d'unifier leur territoire par le biais d'une histoire commune.

Isidore de Séville, né vers 560 à Carthagène et mort en 636 à Séville, est un évêque, historien et théologien de la péninsule ibérique. Issu d'une famille noble hispano-romaine ayant de nombreux membres évêques, il succède à son frère Léandre en 601 pour le poste d'évêque de Séville qu'il occupe jusqu'à sa mort. Il préside notamment le 4ème concile de Tolède en 633. Bien que son œuvre la plus connue soit ses Étymologies, divisée en en 20 livres, proposant une analyse étymologique des mots et dont le but est de conserver le savoir antique, l’œuvre qui nous intéresse ici est son histoire des Goths. Pour cet œuvre, et pour les autres œuvres à caractère historique, Isidor puise son savoir dans différents historiens chrétiens (Victor de Tunnuna, Maxime de Saragosse, Hydace de Chaves...).

Dans cet extrait d'une trentaine de lignes, qui se situe à la fin de l’œuvre, Isidore de Séville fait d'abord un résumé des conquêtes gothiques (lignes 1-11), puis parle des qualités morales et physiques des goths (lignes 11-14), ensuite, l'auteur fait la présentations des autres cultures de la péninsule ibérique (lignes 14-25), parle des vertus guerrières de goths (lignes 25-31), et enfin termine avec le règne de Sisebut (lignes 31-33).

Il est difficile de placer un contexte historique à ce document dans le sens où il résume de façon très brève les origines des goths, leurs différentes qualités, et l'avènement de Sisebut, couvrant donc une grande période (arrivée des huns vers 376 (?), règne de Sisebut 612-621). Cependant, on peut dire de ce texte qu'il fut écrit dans le royaume de Tolède, probablement à Séville, et on peut penser qu'il fut écrit sous l'impulsion de Sisebut, dont l'auteur était assez proche. Si dans cet extrait, peu de passages font références au catholicisme, on sait que l'auteur essaye de rapprocher l'origine des goths avec le nouveau testament et on ressent malgré tout le point de vu assez religieux d'Isidore de Séville.

Nous tenterons de voir en quoi l'auteur, en faisant un portrait idéalisé des wisigoths (parfois erroné ou biaisé), essaye de faire naître une certaine unité dans la conscience du royaume.

Nous verrons d'abord que l'auteur narre une histoire revisité des goths de leurs origines jusqu'à l'arrivée dans l'Empire Romain. Nous étudierons ensuite comment l'auteur raconte l'installation des goths en péninsule ibérique. Enfin, nous montrerons qu'Isidor de Séville fait une apologie des goths.

NB :La ligne marquée 5 est la ligne 3, je numéroterai les lignes en fonction de la numérotation marquée (ligne 1 = ligne 3, donc pas de lignes 1 et 2)

Dés le début, Isidor de Séville dresse un mythe autour des origines des goths. En effet, selon lui, les goths seraient « né de Magog, fils de Japhet » (ligne 3). Japhet est le fils de Noé dans le Nouveau Testament, ce qui donne aux goths une origine biblique et donc une légitimité au saint de l’Église catholique. En outre, Japhet aurait hérité l'Europe de son père, ce qui confère aux goths la légitimité de leur trône. Ensuite, il situe l'origine du peuple dans « les crêtes glacées de l'Occident » (ligne 4), ce qui donne des origines scandinaves aux goths, ils sont également affiliés aux « Gètes » et aux « Scythes » (lignes 3-5). Hors, les Scythes, décrits par Hérodote, seraient un peuple issu des steppes eurasiennes tandis que les Gètes seraient eux issu des actuels Balkans. De plus, l'auteur ne semble pas distinguer les Wizigoths, installés en Dacie vers l'actuelle Roumanie, et les Ostrogoths, installés plus tardivement en Sarmatie vers l'actuelle Ukraine. Cela se voit lorsque l'auteur dit lignes 14-16 « Rome elle-même […] les servit, eux comme esclave » : il peut faire référence à la chute de l'Empire Romain d'Occident en 476 et du fait que Théodoric le Grand, chef Ostrogoth et non Wisigoth, soumet l'Italie en 493.

L'auteur fait un récit bienveillant vis à vis du parcours des Wisigoths de l'arrivée des Huns jusqu'à leur entrée dans « la ville éternelle » (ligne 9) c'est à dire Rome. En effet, en disant que les Wisigoths furent « chassés de leur territoire par le peuple des huns » (lignes 6-7) il les pose en victimes innocentes d'un autre peuple. Isidor de Séville les positionnent également en tant que justiciers sensibles aux choses justes lorsqu'il dit que « ne supportant pas les injustices que commettent ceux-ci, il s'émeuvent, […] et prennent la Ville éternelle » (lignes 7-9). Cet événement fait référence au pillage de Rome en 410 : Alaric, suite aux refus de l'empereur Honorius de payer les 1000 livres annuels pour ses services militaires, assiège Rome et la pille. Quelques années après, Honorius conclut un foedus avec les Wisigoths en 418. Il y a là une certaine exagération de la condition des Wisigoths qui sont présentés par Isidor de Séville comme répondant à une profonde injustice et « s'émeuvent » de cela.

Isidore de Séville propose une version des faits particulière quant à l'installation des Wisigoths en Espagne. En effet, dans les lignes 9-10 « pénètrent dans les Gaules […] et parviennent des les Espagnes où ils ont établi leur résidence et leur domination », Isidore présente l'Espagne comme si elle était l'objectif des Wisigoths dés le départ, comme si cela était le destin. Or, on sait qu'avant de fonder le royaume de Tolède, ce peuple a fait de Toulouse la capitale de son royaume avant de se faire repousser par les armées franques de Clovis en 507. Aussi lorsque Isodore écrit qu'ils « pénètrent dans les Gaules » (ligne 9) il oublie de dire que les Wisigoths on obtenu une bonne partie de cette dernière lors du foedus conclut

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