Abélard et son temps

1.  Abélard est-il un intellectuel représentatif de son temps ?

        Dans le Moyen Âge du 12ème siècle, le concept moderne d’intellectuel est encore bien vague. Pourtant, l’émergences et le développement des écoles en Europe va permettre l’apparition de ces personnes à l’esprit critique qui vont développer une conscience de réflexion avec comme seules sources d’études bien souvent les travaux de logique d’Aristote ou la Bible. Abélard est selon Jacques Le Goff : « la première grande figure d’intellectuel moderne », on peut cependant relever de nombreuses similitudes entre Abélard et ses contemporains qu’ils soient étudiants ou maîtres. En effet ce dernier vient d’une famille s’inscrivant dans une petite noblesse comme bon nombre de jeunes hommes étudiants, il s’est refusé à prendre les armes pour se consacrer à cette passion de l’apprentissage et pour satisfaire cette soif de savoir. Il a dû se rendre comme ses confrères, au près des maîtres, dans les grandes villes du royaume comme Paris, participant ainsi au développement des villes du Moyen Âge. Les étudiants comme Abélard, sont contraint de se déplacer de maître en maître et de ville en ville pour acquérir différents savoirs. Il est aussi en tant que maître proche de ses confrères, il s’installe dans une ville à Melun, ou il y donne des cours payants à des étudiants ayant eu bruits de son talent et de ses confrontations intellectuelles avec Guillaume de Champeaux alors qu’il n’était qu’étudiants. Cette rivalité va mettre en avant toutes les différences qui font qu’Abélard est assez unique en son temps. En effet la dispute et la discussion sont pour Abélard une manière d’être, que l’on peut expliquer par ses origines chevaleresques ou son passé plus rebelle de goliard. Il est surdoué et tiens tète aux maîtres dont il était venu chercher le savoir et la sagesse devant des étudiants plus âgés, ce qui lui vaudra l’admiration des uns mais la jalousie des autres ou comme Abélard aime les appeler à travers ses correspondances avec Héloïse dans Histoire de mes malheurs « les anxieux », mots forts qui rappelle un des sept péchés capitaux. Abélard se démarque par sa « boulimie » savante et se sent ainsi « exilé » lorsqu’il est forcé de se retirer de la vie intellectuelle pour se soigner. Il passera de maître a étudiant plusieurs fois pour se confronter plus en détail aux autres arts des sept arts libéraux, surtout la théologie, irrité de la voir supérieur aux autres.

Abélard est représentatif de son temps dans la forme car il s’inscrit dans la démarche intellectuelle du 12ème siècle véritable renaissance du Moyen Âge. Mais il est unique en tant qu’individu par son esprit critique qui semble supérieur à ses contemporains, mais aussi par cette soif de savoir qui lui permettra d’écrire dans de nombreuses disciplines : logiques, théologiques, exégétique ou encore des manuels de son enseignement ou des sermons religieux. Ainsi Abélard a marqué son temps par ses travaux reconnus de tous mais aussi par sa tragique romance, il est sans doute un individu assez exceptionnel et donc peu représentatif de ce que peux être un étudiant ou professeur au 12ème siècle en Europe.

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