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Le conflit Israélo-Palestinien: La déclaration Balfour

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Par   •  30 Octobre 2012  •  7 758 Mots (32 Pages)  •  1 608 Vues

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2 novembre 1917 : La déclaration Balfour

Un an après avoir publié son livre L’État des juifs, fon¬dement du sionisme poli¬tique, Theodor Herzl avait réuni, en 1897, le premier Congrès sio¬niste à Bâle, afin d’« obtenir pour le peuple juif en Palestine un foyer reconnu publi¬quement et garanti juri¬di¬quement ». Puis il chercha durant toute sa vie à obtenir des appuis inter¬na¬tionaux. Il ren¬contra le sultan turc, les ministres du tsar, le kaiser allemand, mais sa pré¬fé¬rence allait d’emblée à la Grande-Bretagne. Il déclara en 1904 : « Avec l’Angleterre en guise de point de départ, nous pouvons être assurés que l’idée sio¬niste s’élancera plus avant et plus haut que jamais auparavant. »

Si Theodor Herzl meurt en 1907 sans avoir obtenu le soutien public bri¬tan¬nique qu’il espérait, son suc¬cesseur Haïm Weizmann réussit dix ans plus tard, le 2 avril 1917 : le secré-taire au Foreign Office, Lord Arthur James Balfour, déclare que le gou¬ver¬nement de Sa Majesté « envisage favo¬ra¬blement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faci¬liter la réa¬li¬sation de cet objectif, étant clai-rement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et reli¬gieux des col¬lec¬ti¬vités non-juives existant en Palestine, ou aux droits et statut poli¬tiques dont les Juifs jouissent dans tout autre pays ».

Cette « décla¬ration Balfour » contredit les autres enga¬ge¬ments que la Grande-Bretagne avait déjà pris à l’époque. D’abord la pro¬messe faite en1916 au chérif Hussein, comme à Ibn Saoud, en échange de leur par¬ti¬ci¬pation à la guerre contre les Turcs, de« recon¬naître et sou¬tenir l’indépendance des Arabes ». Ensuite, les accords Sykes-Picot passés la même année avec les Français, qui par¬tagent entre les deux pays le grand royaume soit-disant destiné aux Arabes et qui inter¬na¬tio¬na¬lisent la Palestine, sans y prévoir d’ailleurs de Foyer national juif. Arthur Koestler a résumé d’une très belle formule cette opé¬ration : « Une nation a solen¬nel¬lement promis à une seconde le ter¬ri¬toire d’une troisième. »

Londres compte effec¬ti¬vement, à l’époque, sur le mou¬vement sio¬niste dans l’immédiat pour ren¬forcer le camp allié dans la guerre contre l’Allemagne qui s’éternise, mais surtout pour s’assurer, après-guerre, une mainmise sur le Proche-Orient. De fait la Palestine, théo¬ri-quement inter¬na¬tio¬na¬lisée par les accords Sykes-Picot, devient en 1920 un mandat bri¬tan-nique. Elle repré¬sente, en effet, le car¬refour stra¬té¬gique de toutes les routes de l’Orient et notamment la pro¬tection directe du canal de Suez.

Les espoirs sio¬nistes ne vont donc pas être déçus. Les hauts-commissaires bri¬tan¬niques suc-cessifs en Palestine vont couvrir la création d’un embryon d’État juif. Entre 1917 et 1948, les Juifs passent de10 % à 30 % de la popu¬lation de la Palestine, la super¬ficie agricole qu’ils cultivent est mul¬ti¬pliée par trois, le nombre de leurs colonies par dix, et leur indice de pro-duction indus¬trielle par cin¬quante. L’arrivée d’Hitler au pouvoir en Alle¬magne ren¬force consi¬dé¬ra¬blement l’afflux d’immigrants et de capitaux juifs en Palestine. L’Organisation sio-niste signe d’ailleurs avec les auto¬rités nazies, dès 1933, l’accord dit Haavara qui permet et facilite cette immi¬gration d’hommes et de capitaux.

Mais si le calcul est bon du côté sio¬niste, il l’est beaucoup moins du côté bri¬tan¬nique. Londres a sous-estimé la résis¬tance des Arabes. Le mécon¬ten¬tement contre la tra¬hison par les Bri¬tan-niques de leurs pro¬messes, déjà vif en 1917, grandit durant l’entre-deux guerres au fur et à mesure de la construction du Foyer national juif, en vio¬lation de la clause du Mandat qui protège les populations non-juives, majoritaires…

D’où des révoltes de plus en plus mas¬sives et de plus en plus vio¬lentes, suivies chaque fois d’une com¬mission d’enquête et de livres blancs d’une Grande-Bretagne sou¬cieuse de ne pas miner son pouvoir en Palestine et donc au Moyen-Orient en général. Des pre¬miers heurts graves ont lieu en mai 1921, suivis d’un premier Livre blanc en 1922. Les inci¬dents plus graves de 1929 sont suivis d’un nouveau Livre blanc en 1930. En 1936 éclate une véri¬table grève insur¬rec¬tion¬nelle pales¬ti¬nienne, qui dure près de trois ans. Après l’avoir réprimée sau¬va-gement avec l’aide des milices juives, Londres tente de tirer les leçons poli¬tiques de ce qui s’est passé.

Le coup d’essai rate : la com¬mission conduite par Lord Peel - qui propose, en 1937 déjà, le partage de la Palestine, mais aussi un « transfert » des popu¬la¬tions arabes vivant dans la partie allouée au futur État juif - se heurte au refus de toutes les parties pre¬nantes, aussi bien juives que pales¬ti¬niennes. En fait le Livre blanc du 17 mai 1939 pour enre¬gistrer un véri¬table tournant de la poli¬tique bri¬tan¬nique. Il prévoit, lui, des mesures draconiennes :

Limi¬tation de l’immigration juive à 75 000 per¬sonnes pendant cinq ans, après quoi toute immi¬gration sui¬vante sera soumise au consentement arabe ;

inter¬diction de l’achat de terres par le mou¬vement sio¬niste dans l’essentiel du pays et réduction dras¬tique ailleurs ;

Bref, la Palestine, vouée à l’indépendance dans les dix ans, serait cer¬taine de rester majo¬ri¬tai-rement arabe. Pourquoi ce retour¬nement bri¬tan¬nique ? L’intérêt supé¬rieur du Royaume-Uni est en jeu : le conflit entre Juifs et Arabes en Palestine atteint une telle acuité que les diri-geants des pays arabes voisins menacent Londres de ren¬verser leurs alliances, c’est-à-dire de répondre aux avances de l’Allemagne nazie. Cette pression est d’autant plus efficace que Londres, comme Paris, s’inquiète de la montée en puis¬sance de l’Allemagne hit¬lé¬rienne, très active dans la région. D’où une rupture durable entre Londres et le mou¬vement sio¬niste. Le Livre blanc s’appliquera jusqu’au retrait bri¬tan¬nique, le 14 mai1948. Et l’allié d’hier - le mou-vement sio¬niste - ira jusqu’à l’action ter¬ro¬riste pour forcer Londres à aban¬donner dans un premier temps cette poli¬tique, puis dans un second temps son Mandat lui-même sur la Palestine.

29 NOVEMBRE 1947 : Le plan de partage de l’ONU

La Seconde Guerre mon¬diale marque un véri¬table tournant dans le conflit israélo-palestinien. Jusque-là, l’idée sio¬niste restait mino¬ri¬taire, y compris parmi les juifs lar¬gement intégrés

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