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Discours Sarkozy à La Concorde

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Par   •  3 Mars 2013  •  4 123 Mots (17 Pages)  •  875 Vues

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Mes chers amis,

Ils pensaient que vous ne viendriez pas.

Ils pensaient, peut-être même espéraient-ils, que le peuple de France ne serait pas au rendez-vous.

Et le peuple de France est venu… puisque vous êtes là !

Le peuple de France est venu de tous les quartiers de Paris.

Il est venu de toute l’Ile-de-France.

Il est venu de toutes les provinces, de toutes les villes.

Il est même venu de nos territoires d’Outre-Mer.

J’ai donné rendez-vous à la France que l’on n’entend jamais parce qu’on ne lui donne jamais la parole.

J’ai donné rendez-vous à la France qui affronte les difficultés de la vie sans jamais rien demander parce qu’elle a trop de fierté.

J’ai donné rendez-vous à la France qui souffre sans jamais se plaindre parce qu’elle a trop de pudeur.

J’ai donné rendez-vous à la France qui ne proteste pas, à la France qui ne casse pas, à la France qui en a assez que l’on parle en son nom avec des idées qui ne sont pas les siennes.

Et dans les profondeurs du pays, la France silencieuse a répondu par votre présence.

Sur cette place dont le nom exprime la volonté de toute une Nation de surmonter les épreuves qui l’ont déchirée et qui ont fait couler tant de sang et de larmes, les cœurs des dizaines de milliers de Français qui s’y trouvent rassemblés battent à l’unisson des cœurs des millions de Français qui, dans toutes les villes et dans tous les villages, s’interrogent avec inquiétude sur l’avenir de la France.

C’est Malaparte, l’Italien, qui a le mieux parlé de ce lieu où commencent et finissent depuis deux siècles toutes nos tragédies nationales : « La place de la Concorde est une idée ; ce n’est pas une place, c’est une manière de penser. Tout ce qui est vraiment Français se mesure ici ».

La vague immense qui submerge aujourd’hui le cœur de Paris porte cette idée de France comme une irrésistible espérance.

Vous êtes la France !

C’est le même Malaparte qui dit que l’Italien considère l’Histoire comme un caprice des dieux, l’Anglais comme un fait de la nature, le Français comme un fait de la volonté des hommes.

Cette volonté française de faire l’histoire pour ne pas la subir, c’est cette volonté, la même, qui vous a conduit ici sur la place de La Concorde.

Vous n’êtes pas là seulement pour vous-mêmes. Vous êtes les représentants de tous ceux qui n’ont pas pu venir mais qui veulent espérer en la France.

Vous êtes les porte-paroles de ceux qui n’ont jamais la parole, de ceux qui ne demandent jamais rien, de ceux qui sont fiers de la France, fiers de sa culture, fiers de sa langue, fiers de son identité, fiers de ce qu’elle a accompli dans son Histoire, fiers de ce qu’elle représente pour tant d’hommes dans le monde.

Vous êtes les porte-paroles de ceux qui n’en peuvent plus du dénigrement de la France, de sa culpabilisation, que l’on se permette de mettre en cause la France à la moindre occasion.

Le peuple de France dit « ça suffit ».

Vous êtes les témoins, ceux qui maintiennent vivantes la parole et la pensée quand la parole est confisquée et quand la pensée est interdite.

Vous êtes les témoins, ceux qui opposent inlassablement la vérité à la répétition du mensonge jusqu’à ce que la vérité finisse par triompher du mensonge.

Beaucoup parmi vous ne sont pas engagés, peut-être s’imaginaient-ils ne jamais le faire ? Ils sont venus parce qu’ils pensent à leur avenir et à celui de leurs enfants, parce qu’ils ont acquis l’intime conviction que quelque chose d’essentiel est en jeu et parce qu’une sourde inquiétude les saisit quand ils entendent le tumulte du monde, quand ils voient les épreuves auxquelles sont confrontés tour à tour des pays qui nous sont si proches.

Le 22 avril et le 6 mai, il ne s’agira pas, mes chers compatriotes, de choisir un camp. Il s’agira de décider pour l’avenir à un moment historique où l’avenir de notre pays se joue.

C’est pourquoi je veux aussi parler à ces millions de français qu’une histoire personnelle ou familiale n’attache pas à un parti.

Je veux parler à cette majorité silencieuse qui, une fois encore, tient le destin de la France entre ses mains.

Je veux lui dire qu’au milieu des crises les plus dangereuses que le monde ait connues depuis un demi-siècle, entre un monde ancien qui n’en finit pas de mourir et un monde nouveau qui a du mal à naître, une seule chose doit compter : Où voulons-nous aller ?

Jamais sans doute depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les choix que nous avons à faire n’ont été aussi lourds de conséquences.

Je sais que beaucoup de nos compatriotes qui souffrent ont envie de crier leur souffrance, de crier leur colère en votant pour les extrêmes.

Je comprends la douleur de ceux que la crise a fait souffrir. Mais les solutions extrêmes n’atténueraient pas leur douleur. Elles ne les protégeraient pas. Elles ne leur apporteraient aucune aide. Elles les feraient souffrir davantage encore. Car les solutions extrêmes sont des mensonges et les mensonges font toujours plus de mal que la vérité.

Je comprends l’envie de dire « non » à tout pour ceux qui ont le sentiment si désespérant et si douloureux d’être dépossédés de tout, d’avoir perdu le contrôle de leur vie, la maîtrise de leur destin.

Je comprends le sentiment d’injustice de celui qui n’arrive pas à vivre de son travail quand d’autres y parviennent sans travailler.

Je comprends ce qu’il y a d’insupportable pour celui auquel on demande des sacrifices et qui voit ceux qui sont responsables de cette crise continuer à prospérer.

Je comprends le désarroi d’une jeunesse qui regarde avec anxiété le chômage lui barrer la route, la planète s’épuiser, la montagne des dettes qu’elle devra payer un jour si nous ne prenons pas les bonnes décisions.

Dans la situation où se trouve la France, où se trouve l’Europe, où se trouve le monde, nul ne peut espérer dissocier son destin personnel de celui de tous. Nul ne peut espérer

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