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Cicéron, Lettre à P. Cornelius Lentulus Spinther en décembre 54.

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Par   •  26 Janvier 2020  •  Commentaire de texte  •  2 594 Mots (11 Pages)  •  1 019 Vues

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Cicéron, Lettre à P. Cornelius Lentulus Spinther en décembre 54.

Dans une lettre envoyée à Atticus en juillet, Cicéron explique avec amertume le changement d’opinion qu’il effectue lors de l’année 56 a.C. : « Puisque ceux qui n’ont aucun pouvoir ne m’aiment pas, tâchons de faire que je sois aimé par ceux qui ont le pouvoir ». Cet extrait montre l’état d’esprit dans lequel se trouve Cicéron quelque mois après son retour d’exil en 57 a.C.. Affaibli politiquement, et dans un contexte de lutte entre les populares et les optimates, il n’a d’autre choix que de revenir sur les positions politiques qu’il occupait jusqu’alors, comme il l’explique dans sa correspondance avec son fidèle ami :  Publius Cornelius Lentulus Spinther. Cette de lettre de Cicéron dans laquelle il reconnait avoir abandonné ses anciennes opinions politiques s’inscrit dans un ensemble de missives rédigées par Cicéron, entre 63 et 43 a.C., ses Ad Familiares, à l’intention de personnages de la vie publique romaine comme Pompée, César ou encore à son épouse Terentia.

Cette correspondance est quant à elle adressée à son ami Lentulus Spinther qui fut son édile curule lors de son consulat en 63 a.C. En tant que magistrat il a aidé Cicéron dans sa lutte contre la conjuration de Catilina. Après avoir demandé de l’aide à César, il parvient à être élu consule en 57 a.C. aux côtés de Quintus Caecilius Metellus Nepos. Il agit alors pour rappeler Cicéron de son exil avec l’aide de Pompée qu’il nomme préfet de l’annone. Le 4 aout 57, il parvient à faire voter une loi rappelant Cicéron avant d’être nommé en 56 a.C. gouverneur de la province de Cilicie. Sa correspondance avec Cicéron illustre bien le fonctionnement privé et public de l’amitié romaine. Elle nous permet de se rendre compte des relations étroites qu’entretenaient les deux hommes.

Macrus Tullius Cicero, est né le 3 janvier 106 a.C. à Arpinum dans le Latium, il est issu d’une famille équestre. Il est un citoyen romain qui suit études de droit, de philosophie et de rhétorique avant de devenir avocat. Il est un homo novu c’est-à-dire qu’il est le premier de famille à devenir sénateur. En effet, il poursuit rapidement le cursus honorum ; il est élu questeur en 76, édile en 70, puis préteur en 67. Plus proche du camp des optimates suite à l’émergence de personnalités prônant des réformes trop radicales comme César ou Catilina dans le camp des populares, il est élu consul en 63 a.C. face à l’aristocrate romain Catilina. Celui-ci cherche alors à prendre le pouvoir par la force en renversant la République en éliminant une partie de l’élite politique romaine en s’appuyant sur la frustrationd’une partie de la nobilitas romaine. Cicéron parvient à déjouer le complot en le dénonçant publiquement, et à faire exécuter les conjurés. D’abord salué du titre de « Pater patriae », il connait une gloire important, mais Clodius, tribun de la plèbe, obtient son exil en Thessalie en 58 av. J.-C., Cicéron est alors accusé d’avoir exécuté les complices de Catilina sans jugement. Ses biens sont confisqués et ses propriétés saccagées. Son exil est de courte durée ; en aout 57 av. J.-C., après plusieurs tentatives infructueuses depuis juin 58 Pompée avec l’accord de César, fini par obtenir le rappel de Cicéron qui revient alors à Rome le 4 septembre.

Cicéron rédige cette lettre en décembre de l’année 54 a.C., quelques temps avant la fin du triumvirat, cet accord entre Pompée, César et Crassus qui avait début en 60 a.C. et dont le but était de place les trois ambitieux sur un même pied d’égalité. Durant près de 6 ans, les trois hommes s’étaient alliés afin de chacun accroitre leur pouvoir, avant de finalement se déchirer durant une guerre civile entre les partisans de Pompée et les partisans de César. Néanmoins, Cicéron relate ici des faits antérieurs puisqu’il relate des faits qui ont eu lieu en 56 a.C. Cette période est marquée par une lutte entre le parti aristocratique des meilleurs (les optimates) qui lutte pour assurer une place encore plus importante du rôle du Sénat dans la république, et les populares qui souhaite une autonomie du peuple ainsi qu’une meilleure représentation de celui-ci. Dans ce climat de tension, le triumvirat de César, Pompée et Crassus est d’abord un accord privé contracté en 60 afin de permettre à César d’obtenir le consulat pour l’année 59. En 56 a.C. les trois hommes se réunissent de nouveau à Lucques afin de négocier le renouvellement du proconsulat de César pour cinq ans, et des soutient pour un second consulat de Pompée et Crassus pour l’année 55. En ce qui concerne Cicéron, l’année 56 marque le début de son revirement politique. En effet, revenus d’exil grâce à la loi de rappel voté émise par Pompée et Lentulus, il se trouve affaibli politiquement. Il se retrouve alors contraint de revoir ses opinions et ses attitudes vis-à-vis de ce triumvirat qui ne cesse de se renforcer.

Au vue de ce contexte, il est intéressant de se demander comment, Cicéron qui est en train de réaliser une véritable palinodie, c’est-à-dire un changement d’opinion politique concernant le triumvirat qui s’est établie à Rome, justifie-t-il cette rétractation ?    

Nous verrons dans un premier temps que l’attitude de Cicéron vis-à-vis de César a fortement déplus au triumvirat qui oblige alors l’orateur à revoir ses opinions. Ce dernier accepte alors de se ranger du côté de César et justifie sa palinodie, non seulement, par la demande effectuée par son ami et bienfaiteur Pompée, mais aussi par un intérêt personnel et collectif.

Au début du texte, Cicéron explique qu’il ne peut plus se permettre de garder l’attitude qu’il avait adopté lors de la création de la première entente entre César, Pompée et Crassus.

En effet, ce dernier avait toujours refusé de rejoindre le triumvirat composé par les trois hommes, car il fallait pour cela qu’il accepte d’appuyer la politique de César, une politique de populares. Cicéron, était initialement très opposé à cette politique « populaire », et plus particulièrement à la loi agraire concernant les terre de Campanie qui prévoyait le lotissement de citoyens pauvres sur l’ager Campanus. Il explique alors qu’en 56, après son retour triomphal à Rome, il décida d’apporter son soutien à une tentative de remise en cause de ce lotissement césarien par le biais d’une « motion, disant que le 15 mai, en séance plénière [le Sénat] entendrait un rapport sur [ces] terres ». Cette attitude de Cicéron vis-à-vis de César ne resta pas méconnue du triumvirat, et comme il explique par la suite, fut très mal vue par les trois hommes, et notamment par Pompée. Ce dernier fut, comme l’écrit Cicéron, « mécontent [et] partit pour la Sardaigne et l’Afrique » (ligne 4). L’auteur raconte à son ami que César était également très mécontent et qu’il « se plaignit vivement de [son] initiative » (ligne 5).

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