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Vers la fin des frontières

Dissertation : Vers la fin des frontières. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Mai 2022  •  Dissertation  •  1 076 Mots (5 Pages)  •  281 Vues

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Vers la fin des frontières ?

Régis Debray a pointé le paradoxe de notre monde, supposé « sans frontières » : « Quatre fois plus d’Etats à l’ONU que lors de sa création. L’horizon du consommateur se dilate, celui des électeurs se recroqueville. (...) L’économie se globalise, le politique se provincialise. » En effet depuis 1990, le nombre de kilomètres de frontières a augmenté passant de 200 000 à 226 000 kilomètres.

Ainsi jusque dans les années 1980, les frontières, définies comme des lignes créant une discontinuité spatiale (M.Foucher), réelle par exemple avec la limite de l’exercice d’une souveraineté, ou symbolique avec la cohésion et sentiment d’appartenance par rapport à un étranger, semblaient allaient de pair avec une rupture. Lignes tracées sur des cartes ou alignement de places fortes dans le paysage affirment le caractère traditionnellement linéaire de ces ruptures de souveraineté.

La mondialisation, intégration croissante des économies à l’échelle de la planète, depuis les années 1980, semble avoir effacé partiellement les frontières, ou du moins les avoir modifiées dans leur nature et leur fonction de ligne de rupture. De manière globale, les flux d’échanges de toute sorte comme les firmes transnationales (=traversant et dépassant les frontières nationales) semblent se jouer de plus en plus des frontières ; se multiplient aussi des zones d’intégration régionale dont les plus poussées (UE) abolissent les frontières internes à la circulation des marchandises, des capitaux et des individus. La souveraineté étatique s’exerçant aux frontières est de moins en moins visible, quand elle n’est pas absente et contestée (États faillis, zones de non droit) et quand son rôle de contrôle et de filtrage n’est pas transgressé par des flux de toute nature trafic de drogue ou par des individus avec des migrants par exemple. L’autorité étatique nationale chargée de contrôler cette discontinuité géographique peut aussi se trouver chargée d’encourager diverses formes d’union et de coopération par-delà la délimitation des souverainetés opérée par les frontières. Certaines de ces frontières peuvent aussi devenir de véritables interfaces, mettant en contact des espaces différents qui en tirent des bénéfices.

La mondialisation a-t-elle alors fait changer de forme la frontière et annulé la fonction de rupture des frontières, révélant par là-même la contestation du cadre étatique et territorial par les logiques de la mondialisation ?

  1. Les frontières sont toujours des discontinuités spatiales linéaires à fonction de séparation des souverainetés, dans le cadre des logiques de mondialisation.
  1. Le modèle de l’Etat-Nation reste le modèle territorial après les années 1980. Les années 1990 en témoignent : éclatement des fédérations et création des multiples Etats-Nations (Balkans, ex-URSS). Cette volonté de contrôler l’enveloppe territoriale s’accroît même avec la volonté de délimiter les frontières maritimes (Montego Bay). Le rôle de la frontière est réaffirmé à de multiples reprises et leur intangibilité aussi, même quand il y a des contentieux (Afrique, intangibilité des frontières issues de la décolonisation). Les lignes de rupture que sont les frontières sont parfois héritées de conflits et intangibles : Corées.
  2. C’est parce que ces discontinuités spatiales sont des lieux où s’exercent certaines prérogatives et ont certaines fonctions auxquelles les Etats ne veulent pas renoncer : filtrage des individus et des flux, appropriation du territoire contenu à l’intérieur de cette enveloppe avec tout ce qu’il contient (ressources naturelles), affirmation symbolique et identitaire (d’où conflits sur le tracé des frontières)
  3. Les entreprises et les hommes eux-mêmes jouent de ces ruptures spatiales et des ruptures de souveraineté : maquiladoras, entreprises jouant sur les différences de fiscalité, travailleurs transfrontaliers (Français travaillant en Suisse) jouant sur les différences de salaires, , populations déplacées et réfugiées qui profitent de la rupture de souveraineté pour se protéger (Rohingyas birmans dans les pays voisins, Syriens accueillis dans les camps turcs) etc… Qui dit rupture ne dit pas forcément fermeture : les hommes et les entreprises savent jouer sur la rupture quand elle n’est pas synonyme de fermeture.

  1. Pourtant, les logiques de la mondialisation ont pu pousser à une remise en cause de la forme et des fonctions classiques des frontières.
  1. Certaines lignes-frontières sont devenues des zones frontières, avec une profondeur géographique, où l’autorité de l’Etat est moins affirmée : espaces de désert (Mali) ou de jungle (Colombie) difficilement contrôlables à cheval sur plusieurs pays, autorité étatique dont le gradient de contrôle territorial décroit du centre vers la périphérie (Etats faillis) au profit d’autres autorités locales. Certaines zones-frontières redeviennent des marches qu’elles étaient avant l’imposition du modèle de l’Etat-nation (ex des marches impériales)
  2. Ces zones-frontières sont des zones de mise en relation, volontaire et contrôlée ou involontaire et incontrôlée par l’Etat. Involontaire et incontrôlée : trafics en tout genre (drogue et armes au Sahara ou en Colombie), transgressions migratoires (EU/Mexique, Méditerranée) ; peut être aidé par la continuité d’un milieu (désert, jungle) / Mise en relation volontaire : coopération transfrontalière, parcs naturels transfrontaliers. Notion d’interface.
  3. Un certain retrait/effacement de l’Etat dans les logiques de mondialisation explique ces modifications de nature et de fonction des frontières : Etats remplacés par des instances supranationales/avec une certaine dose de supranationalité (UE) ; organisations internationales qui légitiment de bafouer des frontières (droit d’ingérence humanitaire des années 1990) ; politiques favorisant les migrations (bourses, visas) = les frontières restent des lignes de ruptures, mais qu’on franchit avec plus de facilité ; réseaux de communication qui se jouent partiellement des frontières (internet, même si le contrôle étatique demeure dans certains Etats) ; frontières où s’exerce le contrôle de l’Etat effacé au profit d’autres frontières (avant-postes : ex frontex en Méditerranée ; contrôle frontalier qui s’effectue désormais ailleurs que sur la frontière : les aéroports).

  1. Conséquences : nécessite de nouvelles modalités de gestion de la frontière et une meilleure régulation
  1. Alimente les conflits dans les zones frontières (conflits transfrontaliers : Kurdes) ou profitant de l’effacement de l’Etat aux frontières (Al Qaida à cheval sur Afpak), à travers les cartes (ex cartes de Syrie modifiant le tracé de la frontière avec la Turquie pour inclure le Hatay) et les appropriations territoriales avec marquage de la souveraineté (russes et leur drapeau dans l’Arctique)
  2. Volonté étatique de retrouver ses prérogatives de contrôle des frontières face aux flux migratoires : porosité des frontières perçue comme une menace (migration) d’où volonté de durcir les contrôles (UE, barriérisation, Etats Unis et la frontière mexicaine).
  3. Volonté de de la part de certains Etats de maintenir ou de réaffirmer un contrôle commercial des frontières. Exemple : volonté du Président Trump de défendre une frontière commerciale américaine dans la mondialisation, notamment face à l’importation de produits chinois. CSQ : tensions et nécessité de négociations.

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