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Les Saints Dans L'Occident médiéval

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Par   •  14 Février 2012  •  4 296 Mots (18 Pages)  •  1 431 Vues

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Au XIème siècle, l’Occident est morcelé politiquement du fait des nombreux royaumes le composant, mais il se retrouve unifié autour de la religion catholique. Durant l’époque carolingienne, les théologiens francs proposent une liste hiérarchisée des objets sacrés : l’eucharistie et la croix sont placées en tête de cette liste, de par leur symbolisme très fort, directement lié à Dieu, au Christ. Les saints et ce qui les entoure (comme le culte de leurs reliques) sont en revanche placés à la fin de cette liste. Pourtant, à partir du IVème siècle, le culte lié aux saints se développe peu à peu, et atteint son apogée aux XI, XII et XIIIème siècles : il est pratiqué et admis par tous en Occident et occupe une place de plus en plus importante. Guibert de Nogent, ecclésiaste et historien Français (1055-1121) s’étonnera d’ailleurs de ce qu’on se glorifie de la possession de reliques de saint quand l’eucharistie permet de jouir de la présence divine. La sainteté correspond à certaines normes qui varient avec les siècles mais qui correspondent généralement à l’exemplarité desdits saints de leur vivant. C’est pourquoi, dans notre étude, nous nous attarderons à définir les critères de sainteté, pour en déduire l’importance qu’occupaient les saints symboliquement, auprès de l’Eglise comme des laïcs.

Comment, à partir de ces saints, qui incarnent souvent une imitation de la vie du christ, en passe-t-on de la vénération d’un Dieu abstrait au culte posthume de personnalités terrestres ? Pour cela, nous nous attarderons à l’étude de ce paradoxe entre ciel et terre, tout en tentant de démontrer en quoi les saints constituent une médiation entre les deux, mettant alors en évidence l’importance de leur statut dans leur rapport à la société dans l’Occident médiéval.

Dans un premier temps, nous établirons les différents critères définissant la sainteté d’une personne, dégageant les différents changements qu’a pu connaître ce statut au Moyen-Âge. A partir de cela et dans un second temps, nous étudierons en quel sens le saint est à la fois modèle de perfection humaine et par conséquence lien avec le divin. Pour finir, nous verrons en quoi le culte de ces saints permet de renforcer l’autorité de l’Eglise dans l’Occident médiéval.

La première chose à laquelle il faut s’attarder, c’est sans doute la définition du terme de « saint ». En effet, la nature des saints a changé au cours du Moyen-Âge, et il semble intéressant de dégager ces différentes conceptions pour mieux considérer le tournant que constitue la période nous concernant, quant à l’image que l’on peut se faire du saint dans la société médiévale. Pour résumer, le saint est avant tout une personne de comportement moral irréprochable et de vie spirituelle exemplaire, et pour certaines raisons, on peut assimiler sa vie à celle du Christ. On attribuait à beaucoup d’entre eux des miracles accomplis de leur vivant et même à titre posthume. Pendant une grande partie du Moyen-Âge, l’attribution de la sainteté dépendait de différents critères. Le cas des martyrs est le plus simple à comprendre: celui qui confesse sa foi au prix de sa vie, fait preuve d'une ferveur, et d'une foi pure et irréprochable, car son parcours est semblable à celui du Christ, il s'identifie à lui. Certes, les martyrs relèvent d’une époque antérieure à celle nous concernant, mais nous verrons que cela importe peu lorsque nous étudierons le culte voué aux saints et la tendance à la préférence des plus anciens. Une autre catégorie, celle des fondateurs d’églises et des défenseurs du peuple était alors très récurrente et ce pour une raison : la tradition populaire. En effet, certains saints comme les prélats faisaient l’objet de cultes d’avantage locaux plutôt qu’à grande échelle, soit pour la fondation d’un établissement ecclésiastique (n’étant pas un grand lieu de pèlerinage méritant une « universalisation » du saint), soit pour la défense de la population prise par cet homme d’église auprès des dirigeants par exemple. C’étaient ensuite les évêques des monastères qui orchestraient les cultes de ces saints. Par exemple, l’archevêque Romain de Rouen (VIIè), devenu saint après sa mort, voit son culte orchestré par la cathédrale de Rouen au XIème siècle. Ainsi, les prélats accèdent facilement à la fonction de saints car, en effet, la vie religieuse/monastique incarne pendant longtemps la principale voie d’accès à la sainteté. Les ordres religieux possédaient en eux-mêmes une valeur sanctifiante, de par leur mode de vie qui répondait à l’idée que les hommes se faisaient de la sainteté : renoncement au monde, rejet du corps (il y eut un grand succès de l’ascétisme). Plus encore que la voie monastique, l’érémitisme apparaît comme la voie la plus difficile dans l’accession à la sainteté, en ce qu’elle implique la résistance a de nombreuses tentations qu’il faut savoir braver seul, ce qui apparaît plus difficile que dans la vie en communauté (exemple de Saint Antoine du désert, « fondateur » de l’érémitisme chrétien). De manière générale, les voies principales d’accès à la sainteté sont donc la vie monastique/érémitique et l’aristocratie. En effet, cette dernière entretient des liens intimes avec les concepts de perfection morale et religieuse. Pendant longtemps, les laïcs désiraient le contrôle des charges ecclésiastiques en ce qu’elles constituaient des récompenses à distribuer. Ainsi, beaucoup de nobles recevaient ce genre de charges, notamment les frères de l’aîné d’une grande famille, que l’on écarte de l’héritage familial en le faisant religieux. De plus, des dynasties comme les carolingiens et les capétiens choisirent de s’appuyer sur l’Eglise dans leur quête de légitimation, notamment par le sacre ou par l’acceptation de l’Eglise de sanctifier les ancêtres du roi justement pour défendre sa légitimité et renforcer un pouvoir que pouvait menacer la montée de la féodalité (exemple de st Arnulf de Metz, ancêtre des carolingiens).

Il était nécessaire d’établir ces faits pour mieux comprendre l’importance des saints dans la période nous concernant : celle-ci débutant au XIème siècle, elle coïncide avec un des évènements majeurs qui va marquer un tournant dans la considération de la sainteté : la querelle des investitures. La réforme grégorienne, au XIème siècle, vise à dégager l’Eglise de l’influence des laïcs par une entreprise de séparation et de distinction, notamment par un mode de vie différent, et par la restriction de l’intervention des laïcs dans les élections ecclésiastiques. A l’issu de la querelle des investitures qui opposa notamment le pape Grégoire VII à l’empereur

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