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Kaliningrad : un ville russe à visage européen.

Étude de cas : Kaliningrad : un ville russe à visage européen.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Février 2022  •  Étude de cas  •  1 946 Mots (8 Pages)  •  296 Vues

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           COMPTE RENDU DE RECHERCHE GEOGRAPHIE

             Kaliningrad, un ville russe à visage européen.

 

Introduction:

        Situé en plein coeur de l’Europe Centrale Orientale, Kaliningrad surnommée « Petite Russie » d’une superficie de 15 000km2 fait partie depuis 1946 des 89 entités constituant la Fédération de Russie. Bordé au Nord par la mer Baltique, entouré de la Lituanie au Nord-Est mais aussi de la frontière polonaise au Sud, cet « oblast », région administrative, ne possède plus de continuité territoriale avec la Russie. Appelé anciennement Königsberg, la vieille ville était autrefois rattaché à la Prusse Orientale et avait été fondé en 1255 par les chevaliers teutoniques. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale suite à sa réclamation par les soviétiques en 1945 lors de la conférence de Yalta que Kaliningrad devient Russe. Or, depuis la fin du bloc soviétique, la création des Pays Baltes en Europe de l’Est et le rapprochement de ces pays notamment à travers leur adhésion à l’OTAN, la région de Kaliningrad semble plus que jamais être au coeur de tensions géopolitiques et l’un des enjeux de la nouvelle confrontation entre la Russie et l’Occident. En quoi la position géographique de Kaliningrad perturbe-t-elle l’équilibre européen? Après avoir expliqué les étapes de la construction récente de l’oblast de Kaliningrad, nous montrerons que ce dernier représente un obstacle pour construire un ordre européen stable, pour enfin remarquer que les tensions autour de ce territoire rappelle le conflit de la guerre froide.

I- Construction récente de Kaliningrad

        Après la 2nd GM, les puissances victorieuses se livrent à des rectifications de frontière ainsi qu’à des expulsion massives de population. Ernst Gellner illustrait artistiquement ce phénomène en disant qu’avant cette guerre, l’Europe centrale ressemblait à un tableau de Kokoschka. En effet, les oeuvres de l’artiste où se côtoient et se fondent de multiples couleurs mettent en évidence l’aspect pluriethnique de l’Europe autrefois: 1/3 des citoyens polonais étaient ukrainiens, juifs ou allemands et il existait des peuples sans Etat, comme les Ruthènes vivant en Hongrie, dans l’est de la Pologne ou encore en Serbie. Or après 1945, la région commence plutôt à s’apparenter à un tableau de Modigliani où les couleurs sont tranchées, distinctes voire uniformes. Lors de la conférence de Yalta en février 1945 visant à définir le sort de l’Europe à l’issue de la guerre, Staline réclame que la région de Kœnigsberg en Prusse orientale soit enlevée à l’Allemagne. Ce territoire est renommée Kaliningrad par Staline en hommage au président du Soviet Suprême Micktail Kalinine, venant tout juste de décéder. Or, même si ce territoire était historiquement rattaché à la Prusse, des millions d’allemands furent expulsés de la région avec déchirement.

 

                        

Tableau de Kokoschka                         Tableau de Modigliani

        La région de Kaliningrad était très convoitée par la Russie pour ses ressources comme l’ambre et le pétrole, et notamment pour son accès stratégique à la mer Baltique. En effet, Kaliningrad avait pour vocation de renforcer la présence russe en Occident et de faire de ce territoire une base militaire importante en destinant le port de Baltiisk à être le quartier général des flottes russes. Dimitri Orenckine, chercheur à l’Institut de géographie de Moscou déclarait dans l’Express en 2017 qu’à l’époque la région était « qu’une garnison fermée, d’où devaient partir les avions, les navires et les chars à l’assaut de l’Europe. » Les habitant n’étaient pas autorisé à se rendre Baltiisk car l’usage de la zone était purement militaire. En effet, Frank Tétart explique que les populations allemandes sont expulsées à l’automne 1948 et que seul les militaires soviétiques envoyés dans la zone ainsi que leur famille pouvaient y résider. Dans un contexte de guerre froide (1947-1991), Kaliningrad était un avant poste stratégique de l’Union soviétique vers les pays du bloc de l’ouest. La mer baltique était également devenu un lieu d’affrontement Est/Ouest et la base navale de Baltiisk devait permettre à la Russie de se défendra face une potentielle attaque des Etats-Unis ou de l’OTAN. La zone était fermée et uniquement des investissements militaires colossaux y ont été fait jusqu’en 1992.

        Avec l’éclatement du bloc soviétique en 1991, le conflit Est/Ouest s’achève et la courses aux armements semble alors perdre tout son sens. Selon Volker Frobarth, juste avant la fin de la guerre froide,  le nombre de militaires stationnés à Kaliningrad était d’environ 100 000 à 120 000. Kaliningrad reste tout de même le quartier général de la flotte sur la Baltique, et cette « petite Russie » toujours hypermilitarisée suite au conflit mondial représente une menace conséquente pour ces voisins. Cette même année, les Pays Baltes qui étaient sous domination russe depuis le XVIIème siècle, après avoir été indépendant lors de la révolution bolchevique puis de nouveau annexés par l’URSS en 1940, deviennent enfin autonomes. Ils coupent ainsi Kaliningrad du reste du territoire russe qui devient par conséquent une « exclave ». La région, qui n’avait eu jusqu’alors un usage purement militaire, doit se renouveler. Dimitri Orenckine explique que « les priorités changent du tout au tout: Kaliningrad est fortement démilitarisée ». C’est ainsi que la Russie décide de faire de ce petit territoire un « Hongkong Russe ». Kaliningrad devient une plateforme de transformation pour les matières premières passant par la mer Baltique en captant notamment le secteur automobile. Cette transition ne fut possible que par la fiscalité avantageuse mise en place dans la région jusqu’en 2016. Les entreprises étaient exonérés de frais de douane ce qui rendait région attrayante. Sa situation géographique apparait encore une fois un avantage, même dans un contexte plus pacifié que celui de la guerre froide.

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