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1942: France Libre, France Combattante.

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Par   •  25 Mai 2014  •  Fiche de lecture  •  3 308 Mots (14 Pages)  •  996 Vues

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L’année 1942 : la France Libre, la France Combattante

par Jean Marin

Pour la France Libre, et pour son chef, l'année 1942 - qui commence le « 557e jour de la lutte du peuple Français pour sa libération » - va être l'année de la consolidation et de la stratégie ; selon leurs moyens, sans doute - mais ce sont des moyens qui, déjà, ont pris, en tous domaines, une forme et un élan jugés irréversibles, quelles que soient les traverses qui, à coup sûr, ne vont pas manquer. Le temps shakespearien du « to be or not to be » est révolu malgré des apparences qui vont encore subsister de long mois.

Désormais, il importe moins d'être convaincant et touchant que de se montrer fort et bientôt irremplaçable en matière de patrie et d'honneur. Le rythme et le ton vont s'en trouver modifiés ; ce sera le rythme de la charge et le ton de la nation en armes. La saison de l'Appel est passée ; voici venues celle de l'accélération des progrès du dessein mûri et celle de la prévision exaltante, passionnante, parfois amère.

Cette prévision est fondée sur des réalités humaines et matérielles qui montrent, à tout le moins, que la montée en puissance des forces alliées activement déployée possède des chances raisonnables, en dépit des cruels déboires constatés ou prévisibles - de croître sans défaillance et de ménager, un jour, la victoire.

Le 26 décembre 1941, prenant la parole devant les deux chambres du congrès américain, Winston Churchill vient de déclarer : « Le vaste flot des armements commence à déferler vers la Grande-Bretagne. La conversion de l'industrie américaine en industrie de guerre se fait à pas de géant. Je crois qu'il est raisonnable d'espérer que la fin de 1942 nous trouvera définitivement en meilleure position et que 1943 nous verra prendre l'initiative sur une vaste échelle. Je suis convaincu qu'aujourd'hui nous sommes maîtres de notre destin. »

Le général de Gaulle pense de même - à cette réserve près qu'il sait que pour le destin de la France de durs affrontements sont en vue et que des combats de toutes sortes, presque quotidiens devront être livrés, à la mesure de l'ambition nationale et, aussi, des rapports du faible au fort, au sein même du camp allié, pourtant chaleureux.

Prévision à tout terme, stratégie immuable, tactique fertile, foi chevillée au corps, participation sans cesse accrue, à tous les combats de résistance, seront impérativement requises. La France Libre ne devra manquer d'aucune de ces capacités pour que la France compense la défaite et reprenne son rang. Pourtant, l'essentiel est déjà acquis : la France Libre existe ; la Résistance est là ; elles grandissent, elles s'affirment, reconnues par la Grande-Bretagne et l'Empire Britannique tout entier dans une alliance, puissante et solidaire ; elles participent à la même bataille pour la même liberté ; elles ont partout, au-delà des humeurs et parfois de l'arbitraire - des amis ingénieux et fidèles qui la respectent. Qui offre mieux au nom de la France ? Il ne leur est que de continuer de s'affirmer au même nom.

Le 1er janvier 1942, deux événements se produisent qui, chacun selon sa nature, vont influencer, déterminer même, l'avenir de la France Libre et de la Résistance : - à Washington, 25 États signent la Déclaration des Nations unies, le lendemain la France Libre y adhère - dans le sud de la France, Jean Moulin se pose en parachute, il est représentant personnel du général de Gaulle et chargé de fédérer tous les éléments de la Résistance autour de la France Libre.

Signataire à part entière et, moralement, à égalité de la Déclaration des Nations unies, la France Libre va disposer d'une nouvelle aire d'influence et d'action, susceptible de seconder son effort et de l'aider à le conduire conformément à sa volonté naturelle.

Sur la voie de la fédération de tous les éléments de la Résistance, la France Libre sera plus robuste, visiblement renforcée dans sa légitimité nationale, pour se faire justement entendre et donc pour organiser plus sûrement la participation de la France à la guerre et les pouvoirs qui devront s'exercer, le jour venu, à mesure que se déploieront les progrès militaires des Alliés dont elle fait partie.

Sur le théâtre désormais mondial des opérations militaires - et où le Général s'efforce d'étendre la part prise par les diverses unités et territoires de la France Libre et y parvient, la situation demeure difficile et souvent critique : les aides américaine et britannique pour énormes et soutenues qu'elles soient, n'empêchent pas la Russie, malgré le courage et l'opiniâtreté de ses partisans et de ses armées, soutiennent des sièges héroïques, de devoir céder à l'ennemi de vastes étendues de son immense territoire et de demander l'ouverture d'un Second Front ; le Japon déferle encore dans le Pacifique et bientôt dans l'Indien où sa poussée principale va s'arrêter ; la bataille de l'Atlantique, vitale pour les communications alliées, fait rage et s'étend : chaque mois, un demi million de tonnes de navires marchands alliés sont envoyées par le fond et le nombre de sous-marins allemands parés à prendre la mer va, dans l'année, passer de 100 à 200 ; les bombardiers océaniques Focke-Wulf de la Luftwaffe se portent au grand large pour attaquer les convois ; sur la Méditerranée et ses rivages, l'ennemi se montre toujours menaçant et habile manoeuvrier.

Dans cette épreuve partagée par tous et où les Français Libres forgent au combat de solides liens d'amitié, les faits d'armes et l'intensité d'une guerre multiforme vont de pair avec la prévision et la prospective, à quoi excelle le chef de la France Libre : les dirigeants alliés, en même temps qu'ils font face, préparent patiemment l'avenir ; non pas chacun pour soi, mais chacun étant sollicité aussi bien par l'effort commun que par la prise en compte de ses responsabilités propres. « Ce qui est grand et ce qui importe, c'est la guerre ! » dit Churchill et s'adressant le 10 juin 1942 à de Gaulle il ajoute : « Nous serons en France l'année prochaine, peut-être, en tous cas nous y serons ensemble. Nous avons encore à surmonter de grands obstacles mais je suis sûr que nous gagnerons. Nous sommes de plus en plus forts » ; et il conclut (même si cela ne met pas à l'abri des orages à venir) par une phrase que le chef de la France Libre n'oubliera pas « Je ne vous lâcherai pas, vous pouvez compter sur moi. »

Au cours des six premiers

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