La Société des Nations pendant les années 1920 : une organisation internationale entre l’Europe et le monde
Dissertation : La Société des Nations pendant les années 1920 : une organisation internationale entre l’Europe et le monde. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Czar173 • 24 Juin 2025 • Dissertation • 2 369 Mots (10 Pages) • 382 Vues
La Société des Nations pendant les années 1920 : une organisation
internationale entre l’Europe et le monde
“Ce jour-là, une sorte d’enthousiasme dynamique se dégage de cette réunion du monde entier !”, se souvient la journaliste Geneviève Tabouis, qui, par le biais de son oncle Jules Cambon, a eu l'occasion d’assister à plusieurs séances de la Société des Nations. Ainsi, selon elle la Société des Nations aurait été une organisation internationale mondiale.
La Société des Nations était une organisation internationale (donc une organisation qui regroupe plusieurs pays) basée à Genève, créée en 1919 par le Traité de Versailles à l’initiative du président américain Wilson. Ses objectifs majeurs furent le désarmement des Etats, la prévention des conflits et leur résolution par la négociation. Elle fut dissoute en 1946 et remplacée par l’Organisation des Nations Unies. Entre l’Europe et le monde suggère que la SDN est une organisation à cheval entre l’Europe et le monde, faisant ainsi référence à son ambiguïté structurelle. En effet, la SDN avait pour ambition d'être mondiale mais, du moins dans les années 1920, elle resta une organisation active majoritairement au niveau du continent européen. Nous étudierons le sujet de la Société des Nations : une organisation entre l’Europe et le monde dans les années 1920, plus précisément de 1920 à 1929-1930. En effet, 1920 correspond à la première séance de l’assemblée générale de la SDN et à la naissance de l’ “esprit de Genève, définit comme “une volonté de pacifier les relations internationales en promouvant l’organisation internationale comme acteur majeur de la diplomatie” par Christian Birebent. Puis en 1929 commence une décennie de récession, accompagnée de l’augmentation massive du chômage et de la misère, qui marque la fin de l'âge d’or de la SDN. Nous définirons l’Europe comme un continent délimité à l'est par l’Atlantique, à l’ouest par les montagnes de l’Oural, au nord par l'Océan Arctique et au sud par la Méditerranée, plus précisément par le détroit de Gibraltar, et au sud-est par les détroits des Dardanelles et du Bosphore. Nous excluons la Russie des états européens, qui, étant sovietique a l'époque, n'était pas réellement considérée comme européenne par les autres puissances. Elle fait donc partie de ce que nous appellerons le “monde”, c'est-à-dire tous les autres pays. La décennie 1920 est donc axée sur la volonté d’atteindre la paix par l’organisation internationale, par la négociation et la prévention. Cette volonté était motivée par l'expérience de la Première Guerre mondiale, un conflit qui eut un effet dévastateur sur les populations, tout autant physiquement que mentalement.
Il s’agit de se demander en quoi, malgré son ambition d'être une organisation mondiale, la Société des Nations resta une organisation au fonctionnement majoritairement européen dans les années 1920. Tout d’abord, nous verrons le fonctionnement d’une organisation à l’ambition mondiale, et ensuite nous démontrerons que la SDN est restée majoritairement européenne dans son fonctionnement et ses agissements pendant les années 1920.
Nous verrons donc dans ce premier temps le fonctionnement d’une organisation à l'ambition mondiale, en commençant par le fonctionnement et l’organisation de la SDN en tant qu’institution, puis nous démontrerons que la Société est une organisation mondiale de par sa composition, malgré l’absence des Etats-Unis.
La Société des Nations s’organise autour de plusieurs organes principaux. Au niveau constitutionnel, ces organes sont l'Assemblée générale, le Conseil (les décisions prises par ces deux derniers doivent être unanimes) et le Secrétariat permanent. L'Assemblée se réunit une fois par an, et chaque membre de la SDN y avait un vote. Elle a pour mission de s’occuper de sujets concernant la politique générale (ce qui exclut donc les conflits potentiels) et contrôle le budget de la Société. Elle a aussi pour fonction d’admettre les nouveaux membres de la Société et d'élire les membres temporaires du Conseil. Ce dernier est l’organe exécutif de la Société, qui tient séance quatre à cinq fois par an et en temps de crise. Le Conseil applique le principe de sécurité collective, c’est-à-dire le moyen par lequel la Société entend préserver la paix, en trois étapes. Lors de la première, le Conseil tient séance et se prononce en faveur de condamner l’action agressive d’un pays. Si cela ne suffit pas, le Conseil impose ensuite des sanctions économiques au pays en question. Et enfin, en dernier ressort, le Conseil peut imposer des sanctions militaires, comme par exemple envoyer une armée sur place. Comme nous l’avons dit, certains de ses membres sont temporaires, mais d’autres ont une place permanente, et à la création de la Société ceux-ci sont la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et le Japon. Pour ce qui est du Secretariat, son personnel s’occupait de l’aspect administratif et financier, préparant les séances de l'Assemblée et du Conseil, jouant ainsi en quelque sorte le rôle de fonctionnaires à la SDN. A ces organes s’ajoutent la Cour permanente internationale de justice et l’Organisation internationale du travail, deux organisations indépendantes mais travaillant de concert avec la Société. La première pouvait être appelée par deux pays en conflit pour servir d’arbitre, et conseillait le Conseil sur des questions légales, et la deuxième avait pour objectif principal de promouvoir de bonnes conditions de travail. C’est à travers ce fonctionnement normé et hiérarchisé que la SDN cherche à être une organisation mondiale.
Celle-ci, de par sa composition, en est déjà une, et cela malgré l’absence des Etats-Unis d’Amérique. En effet, dès sa création la SDN regroupe de nombreux pays en dehors du continent européen. Parmi ses membres fondateurs on retrouve la totalité de l’Amérique du Sud, ainsi que l’Union d’Afrique du Sud, l’Inde et le Canada (qui ont suivi la Grande-Bretagne), ainsi que d’autres pays d’Asie comme la Chine et le Siam (Thaïlande actuelle), ou d’Afrique comme le Libéria. Le fait que le Japon soit non seulement membre fondateur, mais aussi membre permanent du Conseil de la SDN montre bien la dimension mondiale de la SDN, puisque comme nous l’avons vu, le Conseil a un pouvoir décisionnel très important. Il n’est donc pas anodin pour un membre d’y siéger, et encore moins en tant que membre permanent. Ce statut accordé au Japon révèle surtout que, même si les puissances européennes ont conscience de leur déclin (cf. Albert Demangeon) et de l'émergence du Japon, elles placent l’objectif de préservation de la paix au-dessus des rivalités entre pays. En effet, il aurait pu être décidé que le Japon ne devrait pas être membre du Conseil tout simplement pour éviter que cela aide à sa croissance déjà fulgurante. Un pays non-européen qui lui, curieusement, manque à l’appel au sein de la SDN est les Etats-Unis. En effet, si la Société voit le jour grâce au président Wilson, le Sénat américain refuse l’adhésion, car une majorité des sénateurs craint que rejoindre la Société aurait comme conséquence d'entraîner les Etats-Unis dans les futures guerres et conflits, et font donc le choix de tourner le dos au multilatéralisme. Mais cela n'empêche pas les Etats-Unis de peser dans les grandes conférences organisées par la SDN, gardant donc une certaine influence au sein de la Société. Mais les Etats-Unis participent aussi à travers la philanthropie, avec des figures telles que le président du Carnegie Endowment for International Peace, Elihu Root (de 1910 à 1925), et Nicholas Butler, qui lui succède (jusqu’en 1945). En effet, ceux-ci vont se montrer très actifs dans le lobbying en faveur de l'adhésion à la SDN aux Etats-Unis. Le Carnegie Endowment (dans une moindre mesure) et (surtout) la Fondation Rockefeller vont beaucoup s’investir dans les activités dites “techniques” de la SDN, c’est-à-dire des sous-organisations créées par la SDN comme le Haut-Commissariat aux réfugiés, l’Organisation économique et financière et l’Organisation d'hygiène, qui avaient peu de moyens. On voit donc que la SDN est effectivement une organisation internationale regroupant des participants d’un peu partout dans le monde. Mais si la Société des Nations se veut mondiale, elle ne l’est qu’en apparence et en théorie.
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