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La France en 1848

Dissertation : La France en 1848. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Mai 2023  •  Dissertation  •  4 018 Mots (17 Pages)  •  224 Vues

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Elise CaudronDM1 HistoireKH2

- La France en 1848 -

        Le 27 janvier 1847, Alexis de Tocqueville s’exprime devant la chambre des députés à propos de la situation en France : « Regardez ce qui se passe au sein de ces classes ouvrières […]. Ne voyez-vous pas que leurs passions, de politiques, sont devenues sociales ? […] Et ne croyez-vous pas que, quand de telles opinions prennent racine, quand elles se répandent d’une manière presque générale, quand elles descendent profondément dans les masses, elles amènent tôt ou tard […] les révolutions les plus redoutables ? ». Tocqueville dresse ainsi le portrait d’un peuple français grondant, aux revendications nombreuses, faisant souffler un « vent de révolution » sur le pays en 1848. Cette année charnière ne survient que peu de temps après les Trois Glorieuses de 1830 qui ont permis à Louis-Phillipe de devenir roi des Français et d’instaurer la monarchie de Juillet. Le régime politique devient alors parlementaire, et le roi se présente comme étant plus libéral que ses prédécesseurs. Ce renouveau de la monarchie permet entre autres l’entrée du pays dans la révolution industrielle, laquelle profite notamment à la classe bourgeoise ; en outre, cette entrée s’accompagne très vite d’un essor de la vie politique et de l’émergence de questions sociales émanant de plusieurs acteurs, et qui convergent en 1848. En effet, en 1848, la France est secouée par une période de crises qui dure depuis quelques années, tant sur le plan politique, social, qu’économique, ce qui explique les tensions grandissantes et ce « vent de révolution » qu’observe Alexis de Tocqueville. Ce sont notamment deux révolutions qui se produisent au début et au milieu de l’année 1848, portées par de nombreux acteurs aux intérêts parfois divergents, et soutenues par des revendications sociales elles aussi plurielles. 1848 marque en outre une période charnière puisque le régime politique change sous l’impulsion de ces révolutions : la Monarchie de Juillet cède la place à la IIème République, laquelle peine pourtant à s’implanter de manière durable et stable. Par ailleurs, si la France connaît d’importantes agitations et transformations en 1848, aux causes multiples et qui concernent des catégories de population différentes, elle n’est pas également concernée par ces événements, ce qui s’observe notamment sur le plan géographique. Les grands mouvements de 1848 sont en effet principalement portés par la population des grandes villes plus que par la population des campagnes, et c’est surtout Paris qui se trouve être le théâtre des révolutions. S’il existe ainsi des convergences d’idées et de causes qui font de 1848 une année charnière en France, il existe également des divergences, oppositions et différences qui donnent finalement à 1848 les airs d’une révolution inachevée. En quoi la France de 1848 semble-t-elle alors présenter, dans le passage de la monarchie à la République, des singuliers mouvements de convergences à plusieurs échelles qui échouent cependant à établir le climat de stabilité voulu dans le pays ? La France de 1848 est avant tout le résultat de plusieurs années de difficultés et de crises à plusieurs échelles, qui laissent sa population dans un état de tensions grandissantes. Ce climat donne alors naissance à un tournant politique majeur qui engagent des acteurs multiples mais pourtant liés dans une révolution plus importante que prévue. Mais si la révolution s’accompagne d’espoirs grandissants, la France de 1848 semble en réalité être celle des désillusions : la stabilité politique désirée est finalement mise à mal par une démocratie qui ne fait finalement pas l’unanimité et qui peine à s’implanter, caractérisant ainsi la France de 1848 par des révolutions inachevées.

I/ 1848, une année qui marque la convergence de difficultés à plusieurs échelles en France.

  1. Un pays en plein essor industriel pourtant confronté aux conséquences d’une crise économique.

  • 1830 : Louis-Philippe devient roi des Français. Il profite de la prospérité économique du pays pour y développer le chemin de fer et l’industrie : la France entre donc dans la Révolution industrielle. C’est une période d’industrialisation, de libéralisme économique et de modernisation du pays. En 1847, la grande industrie rassemble environ 1,2 million d’ouvriers, et la petite industrie 4,5 millions. En 1848, la France est donc industrialisée, surtout grâce à des pôles majeurs que forment les grandes villes industrielles (ex : Paris, Lyon).
  • Un essor économique qui n’empêche pourtant pas une crise des subsistances. 1847-1847 : mauvaises récoltes, qui entraînent cette crise de l’ancien modèle. La crise de subsistance génère en parallèle une crise plus moderne : puisque la nourriture manque et devient plus chère, le peuple ne dépense plus d’argent dans d’autres domaines. Le secteur du textile et du bâtiment par exemple, s’effondrent donc.
  • Conséquence : augmentation des prix > baisse de la demande > patronat qui se débarrasse d’une grande partie de sa main d’œuvre > chômage de masse (ex : environ 700 000 ouvriers au chômage).
  • Les paysans sont également touchés par cette crise : lorsque la crise de subsistance passe, les prix baissent, et les paysans ont du mal à écouler leur stock.

🡪 En 1848, la France est donc dans une situation de crise économique qui dure depuis plusieurs années et qui laisse une majeure partie de la population vivre dans des conditions déplorables.

  1. Un climat social de plus en plus tendu

  • De 1830 à 1848, des difficultés liées à cet essor industriel et à la crise économique se répercutent donc sur la population, par exemple au niveau des conditions de travail imposées par l’industrialisation. Précarité qui se développe dans le peuple, qui devient de plus en plus dépendant de la bourgeoisie, gagnante dans ce système de libéralisme économique. Jules Michelet montre cette précarité dans Le Peuple en 1846 : « Cet homme, si faible devant la machine et qui la suit dans tous ses mouvements, il dépend du maître de la manufacture, et dépend plus encore de mille causes inconnues qui d’un moment à l’autre peuvent faire manquer l’ouvrage et lui ôter son pain. » En 1848, cette partie de la population connaît donc un chômage important, des conditions de vie déplorables, et une misère aussi bien morale que liée aux salaires fluctuants. Provoque également des phénomènes plutôt urbains tels que les attroupements et pillages.
  • Emergence progressive d’une question sociale donc, accompagnée d’une première conscience de classe. Pour expliquer les événements de 1848, Michel Winock indique en effet que « le mouvement est plus sociale que politique : c’est un combat de classe ». A propos de cette formation plus prononcée de classes sociales : « La France reste avant tout un pays rural mais, par leur accroissement, les travailleurs de l’industrie, artisans, ouvriers de manufacture, journaliers, travailleurs itinérants constituent une nouvelle classe, dont le sort et la nature inquiètent les classes dirigeantes : la question sociale est posée. »
  • Le climat social tendu s’explique aussi par une critique de plus en plus forte à l’encontre des élites du pays. Affaires de corruption qui éclatent chez d’anciens ministres par exemple.
  • Ex d’une affaire : l’homme politique Charles de Choiseul-Praslin poignarde sa femme le 17 août 1847, et se suicide quelques jours après. Cela pousse une grande partie de l’opinion publique à dénoncer les mœurs de la noblesse : l’élite est donc de plus en plus critiquée.
  • Autre ex : Buzançais, janvier 1847, un propriétaire tire sur la foule et est massacré sur le seuil de sa ferme. Plusieurs châteaux sont pillés. Cette affaire donne lieu à un procès et à des condamnations à mort.

🡪 A la crise économique s’ajoute donc un climat social de plus en plus mouvementé, et qui atteint son apogée en 1848. Plusieurs crises qui échauffent le peuple.

  1. Un essor de la vie politique qui fait également éclater une crise politique.

  • Après 1830, on observe un élan de politisation chez les travailleurs et leurs organisations. La presse devient le support de cette politisation (ex : création de l’Echo de la Fabrique après la révolte des canuts), et les premières idées socialistes et débats émergent. En 1848, la vie politique est donc elle aussi en plein essor.
  • Des inquiétudes politiques existent : le roi n’a pas de fils, seulement un neveu qui n’est pas en âge de régner. On s’inquiète donc d’une possible période de régence qui serait synonyme de période d’instabilité.
  • Le blocage de la vie politique autour de la question du cens. La monarchie est un régime censitaire, dans lequel environ 250 000 personnes sur 35 millions peuvent voter. On débat pour savoir s’il faut ou non abaisser le cens pour favoriser une plus grande partie de l’élite. François Guizot, conservateur, s’oppose à l’abaissement du seuil. L’opposition monarchiste de gauche commence alors à s’organiser, mais Guizot est intransigeant. Des moyens alternatifs sont donc nécessaires pour surmonter ce blocage politique qui existe en 1848.
  • Des revendications politiques de la part des Républicains commencent également à se faire entendre en 1848 : alors que les lois interdisent de se dire républicain et de critiquer la Monarchie depuis 1835, des voix s’élèvent tout de même peu à peu en faveur du SU masculin.

🡪 En 1848, le climat politique est donc lui aussi mouvementé, résultat de plusieurs années de tensions grandissantes.

TRANSITION

L’année 1848 est donc le résultat de plusieurs années de tensions grandissantes à plusieurs échelles. L’industrialisation provoque des difficultés sociales de plus en plus fortes, lesquelles sont renforcées par la crise économique. Cela participe à l’émergence d’une vie politique plus présente, à l’apparition d’une rivalité marquée entre les classes, et à des débats politiques de plus en plus importants. Ces éléments convergent et s’entremêlent, formant les racines de la première révolution de 1848.

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