LE PACIFISME, UNE PASSION FRANCAISE, YVES SANTAMARIA

―――――      COMPTE RENDU DE LECTURE      ―――――

LE PACIFISME,
UNE PASSION FRANÇAISE

―――――――

YVES SANTAMARIA

・

COMPTE RENDU DE LECTURE

SANTAMARIA Yves, Le pacifisme, une passion française, Paris, Armand Colin, 2005.

[pic 1]

ves Santamaria est agrégé d’Histoire et Géographie, docteur en Histoire contemporaine et Sociologie, maître de conférences à l’IUFM des Pays de la Loire, à l’IEP de Grenoble et Sciences-Po Paris.  Il est spécialiste des luttes pour la paix et de la gauche française, plus particulièrement du Parti Communiste Français auquel est dédiée la majeure partie de son œuvre, dont notamment une Histoire du Parti communiste français^[1] en 1999 ou encore une étude portant sur les articulations entre le PCF et la guerre ; L’enfant du malheur : Le Parti communiste français dans la “lutte pour la paix”^[2] en 2002. Il consacre en 2005 au pacifisme français une importante étude qui se veut être une synthèse exhaustive : Le pacifisme, une passion française^[3]. L’auteur s’y propose, en dix chapitres étalés sur quelque trois-cent-cinquante pages, de retracer l’histoire du pacifisme en France depuis la Révolution jusqu'au début des années 2000.

Il n’est pas étonnant, au vu de l’ampleur de l’entreprise, d’avoir à noter dans l’étude proposée, quelques raccourcis, approximations et omissions. Ainsi, le pacifisme des XVIIIeme et XIXeme siècles est très vite expédié, après une brève introduction^[4], dans un premier chapitre^[5], avant que l’auteur ne recentre son propos sur les luttes pour la paix issues de la guerre franco-prussienne de 1870. Le chapitre qui suit^[6] s’ouvre à la date de 1889 qui correspond à la tenue à Paris de la première Conférence Interparlementaire pour la Paix et du premier Congrès Universel pour la Paix, dans le contexte du bicentenaire de la Révolution Française. Les troisième, quatrième, cinquième et sixième chapitres^[7] portent sur les luttes pour la paix en amont, au cours et au sortir des deux Guerres Mondiales qui consacrent la parfaite impuissance du pacifisme, respectivement de 1914 à 1918, de 1918 à 1933, de 1933 à 1939, de 1939 à 1945. Les trois chapitres qui suivent^[8] traitent des pacifismes dans le contexte de la Guerre Froide, de 1947 à 1962, de 1962 à 1974, de 1975 à 1989, rythmés par les crises qui opposent les deux Grands et les avancées militaro-technologiques qui donnent à la guerre une toute autre dimension et un tout autre visage. Un dernier chapitre^[9] s’étend de 1989 à 2004 pour traiter des pacifismes à la charnière des XXeme et XXIeme siècles, avant d’aboutir sur la conclusion de l’ouvrage, la bibliographie et un index des noms propres^[10].

・

Yves Santamaria reprend à  son compte la typologie des pacifismes établie par le philosophe allemand Max Scheler au début du siècle dernier^[11]. Cette classification, retenue en partie et revue par Raymond Aron^[12] trente ans plus tard, se voit réappropriée pour permettre à l’auteur de dégager une grille de lecture facilitant l’appréhension des différents pacifismes. Pourtant, plus encore que par leur seule inspiration (religieuse, économique, juridique, socialo-communiste, cosmopolitique, etc.), il faudrait peut-être distinguer les pacifismes par leur orientation. En ce sens, on peut distinguer deux grands types de pacifismes : un premier dit de conviction, qui peut être intégral - on peut parler alors de pacifisme catégorique - ou partiel, dont l’objectif profond est tourné vers la paix mais qui peut souffrir le principe de guerre juste ; un second dit de circonstance, qui n’est toujours que partiel, lié à la conjoncture et qui répond surtout à des intérêts immédiats.

...