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Discours de Chirac en hommage à Mitterrand

Commentaire de texte : Discours de Chirac en hommage à Mitterrand. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Décembre 2023  •  Commentaire de texte  •  6 282 Mots (26 Pages)  •  69 Vues

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EHT : Hommage de Jacques Chirac à François Mitterrand

Introduction (entièrement rédigée) :

« Le cœur plein de reconnaissance pour le peuple français qui m'aura si longtemps confié son destin. Et plein d'espoir en vous. Je crois aux forces de l'esprit, et je ne vous quitterai pas ». Ces mots prononcés par François Mitterrand à l’issue de son dernier discours du Nouvel An, le 31 décembre 1994, ont marqué l’opinion publique, étant d’une part la première fois que le président évoque sa postérité, et révélant d’une autre son rapport ambigu à la foi. Cette phrase présageait involontairement sa mort, un an plus tard à 79 ans, le 8 janvier 1996 à la suite d’un cancer de la prostate qu’il combattait depuis quelques années déjà. Dans ce contexte, son successeur, Jacques Chirac, président de la République depuis 1995, décida le soir même de prendre la parole depuis l’Élysée pour rendre hommage au président défunt, un homme politique qui a marqué la France pendant ses quatorze années de présidence. Ce n’est pourtant pas un acte dénué de tout risque pour l’actuel président, qui, étant fondateur du RPR, a longtemps été le rival de Mitterrand, et qui, fraichement élu, est déjà confronté à un contexte politique sensible, émaillé par les grèves de l’automne 1995 qui ont paralysé le pays. Le document présenté est donc un discours issu de l'allocution présidentielle télévisée du président Chirac à la suite du décès de Mitterrand, et diffusée le 8 janvier 1996 sur France 3, à destination de tous les Français. Cet hommage, mentionne tant la vie personnelle du défunt, que ses accomplissements politiques et sa relation avec l’actuel président de la République. Il s’agira donc de comprendre dans quelle mesure le discours de Chirac, en retraçant le parcours parfois controversé de François Mitterrand, parvient-il à inscrire la figure historique du défunt dans la mémoire collective politique française, tout en renforçant sa propre légitimité présidentielle ? Nous étudierons d’abord la manière dont Jacques Chirac évoque la vie personnelle de Mitterrand, riche, tant d’un point de vue intellectuel que politique mais sujette à polémiques. Il s’agira ensuite de s’intéresser à l’œuvre politique du défunt telle que dépeinte par l’actuel président, les principales mesures prises sous sa mandature tant en matière de politique intérieure que de politique extérieure. Enfin, nous étudierons la manière dont Chirac évoque sa relation avec l’ancien président, pouvant interroger quant à l’utilité politique d’un tel hommage funèbre.

  1. La vie personnelle et les débuts politiques de Mitterrand : une affaire d’Etat.

Chapeau introductif : Dans cette première partie de son discours, Chirac évoque la vie personnelle et intime de François Mitterrand, tout en nuançant subtilement sa biographie. Il commence par pencher sur sa passion pour l'écriture, illustrant ainsi son statut d'écrivain engagé, soulignant l'influence de la littérature sur sa pensée politique. Il traite ensuite son engagement politique tout au long de sa vie, en insistant sur les étapes clés de sa longue carrière. Enfin, les propos de Chirac sont volontairement et subtilement nuancés, notamment sur les questions entourant la vie personnelle du défunt, rappelant les éléments volontairement éludés de son discours, son passé controversé et les questions liées à sa santé notamment.

  1. Le portrait de l’intellectuel politique.

« François Mitterrand, c’est une œuvre. » (l.6).

  • Chirac joue ici sur la polysémie du terme « œuvre », désignant d’une part le travail d’un artiste, et d’une autre l’ensemble des actions d’un homme pour insister sur l’importance de la littérature dans la vie de Mitterrand.
  • François Mitterrand est né le 6 mai 1917 à Jarnac et a grandi dans une famille aisée. Il s'est inscrit aux facultés des lettres et de droit de Paris, où il s'est formé intellectuellement et a obtenu son diplôme en sciences politiques en 1937. Il a donc un bagage académique et littéraire conséquent.

« Grand lecteur, amoureux des beaux livres, l’écriture était pour lui une respiration naturelle. » (l. 6-7).

  • Écrivain à part entière : Mitterrand a publié une vingtaine d'ouvrages, soulignant son engagement en tant qu'écrivain, même s'il a toujours minimisé son ambition d’en devenir un. Chirac met ici en évidence le fait que Mitterrand aimait écrire et considérait que l'écriture était une forme d'expression nécessaire pour transmettre des idées. Ses propres écrits reflètent son engagement politique et son désir de contribuer à la pensée et à la culture par l'écriture.
  • Lecteur passionné : Mitterrand était en effet un grand lecteur, avec une préférence marquée pour les auteurs classiques français, tels que Pascal, Chateaubriand, Gide, et Mauriac. Cette passion pour la littérature a influencé sa pensée et sa perception du monde politique. Il trouvait du temps pour la lecture, même au milieu de ses obligations politiques, soulignant ainsi son attachement à la culture littéraire.

« Sa langue classique fut toujours la traductrice fidèle et sensible de sa pensée » (l. 7-8).

  • L'héritage politique et littéraire : Mitterrand a laissé derrière lui un héritage littéraire important, avec des ouvrages tels que "Le coup d'État permanent" et "L'abeille et l'architecte" qui sont devenus des classiques de la littérature politique. Chirac insiste ici d’une part sur l’éloquence de Mitterrand, qui a marqué les esprits au cours de nombreuses interventions, notamment durant le débat du second tour de 1988 où il s’opposait à Chirac, tout signifiant d’autre part le fait que ses écrits témoignaient de son engagement intellectuel envers les questions politiques et sociales de son époque.

  • Relation avec d'autres écrivains : François Mitterrand entretenait des amitiés avec de nombreux écrivains de renom, notamment Gabriel Garcia Marquez, Michel Tournier, Marguerite Duras et Françoise Sagan. Il s'entourait de personnalités littéraires et avait des écrivains tels que Régis Debray, Erik Orsenna, et Paul Guimard comme conseillers. Cette proximité avec le monde de la littérature renforçait son image d'intellectuel politique, ici soulignée par le président Chirac.
  1. Un engagement politique de longue date.

« Il a épousé son siècle. Plus de cinquante ans passés au cœur de l’arène politique, au cœur des choses en train de s’accomplir. La guerre. La résistance. » (l. 25-27).

  • Engagement politique pendant la Seconde Guerre mondiale : François Mitterrand a vécu une période tumultueuse pendant la Seconde Guerre mondiale, passant de la captivité en Allemagne à une implication dans la résistance en France. Initialement associé au gouvernement de Vichy, il travaille au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre tout en facilitant les évasions et en participant à des réunions de résistants. Sa réunion avec le maréchal Pétain en 1942 est suivie par l'invasion de la zone libre par les Allemands, ce qui le pousse à s'engager davantage dans la résistance.
  • En 1943, il démissionne de son poste vichyste, et s'implique activement dans l'Organisation de résistance de l'armée (ORA). Mitterrand participe à la création du Rassemblement national des prisonniers de guerre (RNPG) en collaboration avec l'ORA, et il devient un membre actif de la résistance intérieure.  Sa réputation grandissante en tant que leader de la résistance le met en conflit avec ses anciens protecteurs de Vichy. Il est décoré de la Francisque par le maréchal Pétain, ce qui servira de couverture pour sa résistance.

« Les mandats électoraux. Les ministères dont, très jeune, il assume la charge. » (l. 27-28).

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