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Pourquoi Jacques Chirac a-t-il pris la décision d’opérer ce revirement du discours étatique en 1995 ?

Discours : Pourquoi Jacques Chirac a-t-il pris la décision d’opérer ce revirement du discours étatique en 1995 ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Octobre 2018  •  Discours  •  1 194 Mots (5 Pages)  •  443 Vues

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LAMANDA                                      HISTOIRE                                                  TS1

Marceau

Sujet : l'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France

        Le 16 juillet 199, lors des cérémonies du 53e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv commémorant où les 12 800 juifs, hommes, femmes, enfants, sont emmenés dans des bus parisiens jusqu’au Vélodrome d’Hiver de Paris attendant leur déportation par les allemands, le Président de la République, Jacques Chirac, décide de prononcer un discours public qui sera un tournant majeur dans l’évolution de la mémoire de la Shoah. En effet, en tant que chef de l’Etat, il reconnaît officiellement la responsabilité de la France dans cette tragédie.

Pourquoi Jacques Chirac a-t-il pris la décision d’opérer ce revirement du discours étatique ?

        Au tout début de son discours Jacques Chirac explique les raisons pour lesquelles la collaboration des autorités du régime de vichy avec l’Allemagne Nazie est longtemps restée occultée. En effet il est, selon lui « des moments difficiles à évoquer ». Ainsi, dès 1945, à la fin de la guerre, pour oublier « ces moments qui blessent »  les gaullistes et  les communistes, les deux principales forces politiques du pays, s’entendent pour promouvoir une autre version de l’Histoire, plus héroïque, plus unie et visant à la réconciliation du pays. C’est ainsi que naît le terme de résistancialiste qui veut que la majorité des Français ait résisté aux allemands. On présente alors les français collaborateurs comme une infime partie, et le régime de Vichy comme ne représentant pas l’Etat français républicain. Ce mythe a été repris par les présidents successeurs de De Gaulle, jusqu’à François Mitterrand. Selon Jacques Chirac, la volonté d’oubli de ces « heures noires » résulte aussi du fait qu’elles « souillent à jamais notre histoire ». En effet, la Collaboration, semble avoir disparu de la tradition française issue de 1789 et de la déclaration des Droits de l’homme, et elle est à ce titre « une injure à notre passé et à nos traditions », en salissant l’image de la France « patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile », comme le souligne Jacques Chirac. C’est la raison pour laquelle, les autorités françaises, de l'année 1945 à 1995, ont préféré occulter cet épisode peu glorieux plutôt que l’assumer. C’est précisément contre cette attitude de déni que Jacques Chirac va se positionner en ce jour de juillet 1995.

        En Effet, ce 16 juillet 1995, Jacques Chirac reconnait officiellement que des hommes, garants de la liberté et du droit, « policiers et gendarmes », obéissaient aux ordres de « leurs chefs » engagés dans la collaboration. Ainsi, pour la première fois de l’histoire de « ces années sombres », un président de la République, admet qu’il faut « reconnaître les fautes du passé et les fautes commises par l’Etat » : la collaboration n’était donc pas le simple fait du régime de Vichy, mais bien de l’État français, ses policiers et son administration. Néanmoins, la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans la déportation de juifs résulte aussi de l’affirmation lente et progressive de la mémoire des juifs : ainsi, en 1961 le procès Eichmann en Israël permet de donner la parole aux survivants. Elle est aussi le fruit du travail des Historiens tels que Robert Paxton (dans les années 70) qui remettent en cause le résistancialisme. Elle est enfin ravivée par des citoyens et associations auxquels Jacques Chirac rend hommage à la fin de son discours, en citant Serge Klarsfeld, fils de déportés, qui créa en 1979, l’Association des filles et fils de déportés juifs de France. Son association a alors pour but de rechercher les coupables du génocide et elle se mobilise dans les années 1980 pour lutter contre le négationnisme. Puis il y a eu des cinéastes, à l’image de Claude Lanzmann, réalisateur de Shoah (1985), ont aussi participé à la médiatisation de cette mémoire juive, en rappelant « l’horreur de celles et ceux qui ont vécu la tragédie ». Dans ce contexte, le silence de l’État sur son implication devient de plus en plus intenable, même si ce silence s’inscrivait dans la tradition gaullienne. C’est pourquoi en 1995, le moment semble enfin venu d’en finir avec le déni et le président Chirac déclare haut et fort que « oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français ».

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