Mers et océans : au cœur de la mondialisation

Chapitre n°1 : Mers et océans : au cœur de la mondialisation

Vecteurs de la mondialisation, les mers et les océans (71 % de la surface du globe) sont au cœur d'enjeux géostratégiques. Entre appropriation et liberté de circulation, exploitation et protection, la logiques des puissances maritimes, y compris celle de la France, est ambivalente.

A) Mers et océans : vecteurs (axes) essentiels de la mondialisation :

Pourquoi les espaces maritimes, bien qu'inégalement intégrés à la mondialisation, sont-ils essentiels à ce processus ?

1. La maritimisation des économies, corollaire (conséquence) de la mondialisation ?

1. Des ressources maritimes de plus en plus exploitées :

1. des ressources énergétiques et minérales inégalement exploitées :

• Les hydrocarbures offshore (30 % de la production mondiale) sont particulièrement exploités dans les golfes de Guinée et du Mexique, ainsi qu'en mer de Chine méridionale. Leur extraction gagne des espaces de plus en plus profonds et éloignés des côtes. La maîtrise technologique de l'offshore permet de valoriser le potentiel en énergies renouvelables (énergies éolienne, hydrolienne, hydrothermique). Les fonds océaniques recèlent aussi des minerais, qui sont cependant difficilement accessibles et donc peu exploités, comme les nodules polymétalliques.

Offshore est un terme qui renvoie à des activités ayant lieu en mer, sans relever de la pêche, ni du transport maritime.

1. L'exploitation des ressources halieutiques et biochimiques dans tous les océans :

Les ressources halieutiques sont, au sens strict, des ressources pour la pêche, et, par extension, ressources vivantes (végétales et animales) des milieux aquatiques (exploités aussi par l'aquaculture).

• La pêche en mer rassemble des techniques variées et la productivité moyenne par pêcheur (2,3 tonnes par an) à l'échelle mondiale masque des inégalités La pêche artisanale se pratique le long des côtes avec des bateaux de taille modeste. La pêche industrielle s'effectue en haute mer avec des chalutiers où le poisson est transformé et conditionné. L'aquaculture, en plein essor, vise à répondre à la demande croissante en produits de la mer, notamment en Asie. La biomasse marine n'est pas seulement utilisée pour l'alimentation des hommes, car elle peut servir aussi à produire de l'énergie (exemple : des algocarburants).

L'aquaculture est l'élevage des espèces aquatiques dans un but commercial (exemple : le saumon).

1. Le tourisme favorisé par les ressources paysagères :

• Outre le tourisme balnéaire, très présents sur de nombreux littoraux du monde, le tourisme de croisière s'accroît : on comptait 28 millions de croisiéristes en 2019. Le bassin caribéen, avec le port étasunien de Miami (1er port de croisières au monde) et la Méditerranée concentrent la majorité des croisières. Elles se développent également en mer du Nord, et de Chine , ainsi qu'en Arctique et Antarctique.

1. Des échanges intenses à l'échelle mondiale :

1. La domination du transport maritime :

• Il représente 80 % du volume du commerce mondial. La maritimisation se renforce grâce à la réduction des coûts et des temps de transport maritime. La croissance de ce dernier est d'environ deux fois plus rapide que celle de l'économie mondiale : il a été multiplié par plus de 4 en 50 ans, dans un contexte de mondialisation accrue de l'économie.

La maritimisation est le processus conduisant à l'accroissement de l'exploitation des ressources des mers et océans et à l'essor des échanges par voie maritime en lien avec la mondialisation.

b) Conteneurisation et spécialisation des navires :

La conteneurisation est le principe d'acheminement de marchandises variées dans des conteneurs de taille standardisée, pour faciliter le transport et la manutention.

• La conteneurisation et la spécialisation des navires selon le type de marchandises transportées accompagnent l'essor du commerce mondial. L'invention du conteneur dans les années 1950 est une véritable révolution technique et commerciale. Ces boîtes métalliques aux dimensions standardisées facilitent le chargement et le déchargement des porte-conteneurs dans des ports spécialisés comme celui de Ningbo-Zhoushan (en Chine), qui est depuis 2015 le 1er mondial. D'autres navires (pétroliers, gaziers, vraquiers, céréaliers) sont conçus pour des marchandises comme les hydrocarbures,les minerais ou les céréales. L'intermodalité facilite les échanges entre l'avant-pays océanique et l'arrière-pays terrestre.

L'avant-pays (foreland) est l'ensemble des destinations outre-mer desservies à partir d'un port.

L'arrière-pays (hinterland) est l'espace terrestre relié au port par des réseaux de communication importants.

1. Des économies d'échelle :

• Le transport maritime induit des économies d'échelle. Plus lent que les autres moyens de transport (un cargo met environ 40 jours entre la Chine et l'Europe), il est cependant beaucoup moins onéreux pour couvrir de longues distances car il permet d'acheminer de grandes quantités de marchandises dans un seul navire. Certains porte-conteneurs transportent plus de 20 000 EVP, soit l'équivalent de 400 trains, de 1 000 Airbus A380 ou de 20 000 camions. Ainsi, expédier un conteneur de Shanghai à Marseille revient moins cher que de le transporter par camion entre Marseille et Avignon.

EVP ou Équivalent Vingt Pieds est une unité de mesure qui équivaut à un conteneur d'une longueur de 20 pieds, soit 6,09 mètres.

1. Un espace de circulation pour les hommes et les informations :

1. Les espaces maritimes et la mondialisation :

• La mondialisation prend appui sur les espaces maritimes, et ce dès le XVème siècle avec la

conquête de l'Amérique par les Européens. Outre les échanges commerciaux, les dynamiques migratoires liées à la colonisation se sont faites par voie maritime. Le commerce esclavagiste transatlantique a concerné entre 10 et 50 millions de personnes entre le XVIème et le XIXème siècle.

Le peuplement des États-Unis, du Canada ou de l'Australie relève de migrations de masse qui se sont faîtes par les mers depuis l'Europe. Aux XXème et XXIème siècle, une grande partie des migrations s'effectue encore par la mer (environ 2 millions de migrants ont traversé la Méditerranée sur des embarcations de fortune depuis 2015).

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